Les 28 ministres de la Défense ont donné mardi, 18 novembre, leur « feu vert » à la planification d’une nouvelle mission européenne de la PSDC en Centrafrique, destinée à prendre le relais de l’opération européenne de stabilisation de la paix à Bangui, EUFOR RCA.
Une mission plus modeste
Cette mission sera centrée sur un tout autre focus, sans mandat exécutif (sans usage de la force) et de taille beaucoup plus modeste. Il s’agit de réformer les services de sécurité (RSS), en gros, remettre sur pied l’armée centrafricaine (les FACA), avec tout d’abord une mission de conseil stratégique, puis quelques formations. La Haute représentante, Federica Mogherini, a finalement été mandatée par le Conseil pour préparer un Concept de gestion de crises (CMC) en vue de cette « possible » opération de la PSDC en Centrafrique. Le projet de conclusions du Conseil, qui ne mentionnait pas, cet élément a été modifié, après débat entre ministres, et sur la demande de Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense.
Un certain succès politique pour EUFOR
Ce projet tient à coeur des Français. Mais pas seulement. En six mois, le retournement est incontestable dans les couloirs européens. Autant le lancement de EUFOR, RCA a été considérée avec méfiance par plusieurs ministres Européens, doutant sur son principe comme de son efficacité, considérant avec suspicion cette action dans un ancien territoire français, autant aujourd’hui nombre de ministres et d’officiers européens reconnaissent son utilité. Ce que confirme à B2 un diplomate bien impliqué dans ces négociations. EUFOR RCA a été « extrêmement contestée au départ, elle a été difficile à mettre en place. Mais aujourd’hui tout le monde dit qu’elle a été très utile sur le terrain, et a permis de faciliter le transfert à l’ONU », de la MISCA vers la MINUSCA.
Ne pas perdre le résultat acquis
Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a donc plaidé auprès de ses collègues pour ne pas perdre ce résultat en chemin. « Il ne faut pas que nous regrettions les conditions dans lesquelles l’opération EUFOR Rca se terminera. Il s’agit de savoir ce qu’on va faire des FACA. (et) une mission RSS parait un outil approprié pour cela » a-t-il plaidé en substance, selon les éléments recueillis par B2 auprès de diplomates présents dans la salle. Un propos approuvé par les ministres qui ont accepté ainsi de modifier les conclusions qui ne mentionnaient pas, au départ, de donner aussi précisément un « mandat » à la Haute représentante.
Remettre sur pied les FACA : un vrai défi
Ce qui n’est pas une mince affaire. Les forces armées centrafricaines sont aujourd’hui cantonnées dans leurs casernes. « Elles restent un peu inoccupées, et n’ont pas de boulot. Il ne faut pas se cacher. C’est une question très épineuse » indiquait récemment un officier présent sur le terrain à B2. « Il faut les réorganiser, diminuer le nombre, mettre à la retraite, sanctionner ceux que doivent l’être, reconstituer des unités. » Point de vue largement partagé, côté européen. « Prendre en compte le sort des FACA est définitivement urgent » a indiqué, à plusieurs reprises, le général Pontiès, chef de l’opération EUFOR RCA, à ses différents interlocuteurs (ministres, diplomates, Chefs d’Etat-major des armées).