L’augmentation de la production agricole doit être l’une des préoccupations du Gouvernement centrafricain.
A l’heure où l’augmentation de la production agricole est la préoccupation du Gouvernement, la motorisation, longtemps négligée, apparaît comme un des facteurs clés pour augmenter la productivité et mettre en valeur des terres encore inexploitées. A condition d’être bien adaptée à la demande des agriculteurs et aux contraintes locales ainsi que son intégration dans les stratégies globales mais pas seulement techniques.
Les bailleurs de fonds et les gouvernements s’étaient détournés de la motorisation depuis les années 1970 à la suite de nombreux échecs d’introduction d’engins motorisés dans les campagnes. Au moment où celles-ci se vident au profit des villes et où chaque agriculteur doit nourrir deux fois plus de bouches qu’il y a 45 ans, elle redevient une solution incontournable.
De nombreuses tâches agricoles sont moins pénibles et beaucoup plus rapides grâce aux machines : plantation, traitements, récolte, transport et surtout le travail de préparation du sol, qui reste un frein majeur à l’extension des surfaces cultivées.
Pour les jeunes, cultiver plus en peinant moins, est de nature à les retenir à la terre. Il est aussi plus valorisant, car plus fonctionnel, pour eux de disposer d’un tracteur (cas du site de Boukoko dans la Lobaye) ou motoculteur que de se servir d’une houe. Quant aux femmes, la petite mécanisation, comme la plate-forme multifonctionnelle, les soulage aussi des tâches longues et fastidieuses et libère leur temps pour les activités de transformation par exemple, plus rémunératrices.
Enfin, un autre avantage important, c’est que la mécanisation agricole entraîne le développement d’autres secteurs, notamment celui de l’industrie. Elle crée aussi des emplois variés (vendeurs, réparateurs…) pour les ruraux souhaitant se reconvertir. La motorisation est désormais considérée comme un des éléments incontournables pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, sa large diffusion exige au préalable de faire sauter certains verrous, en premier le morcellement des exploitations (0,1 à 1 hectare par actif agricole en moyenne en Centrafrique).
L’autre blocage est d’ordre financier : acheter des machines ou faire appel à des entrepreneurs pour labourer les terres est hors de portée de la plupart des paysans et des communautés rurales. La faiblesse des systèmes de crédit n’incite pas les paysans à investir dans des machines, et notamment la disponibilité des pièces détachées, ont été dans le passé les maillons faibles de la filière machinisme, de même que la formation des utilisateurs et de techniciens, indispensables pour que ces engins fonctionnent bien et longtemps.
La réussite de la stratégie nationale de mécanisation passe par une approche participative : il s’agit de bien cerner la demande des agriculteurs qui doit rencontrer une offre de matériel adaptée à leurs besoins. C’est au secteur privé (fabricants, importateurs, fournisseurs et réparateurs) de jouer ce rôle. L’Etat peut, dans un premier temps, amorcer la pompe en procédant à des premières importations, en partenariat avec une entreprise privée, qui sera ensuite autorisée à prendre la relève.
Mieux outillés et formés, les paysans centrafricains seront capables de produire plus sur les vastes étendues grâce aux moyens et au matériel dont ils vont disposer. C’est seulement par ce procédé que la République centrafricaine (RCA) pourrait relancer l’économie rurale, poumon du développement national.
Notons que le secteur agricole centrafricain a subi de plein fouet les effets des soubresauts politico-militaires et autres troubles qui ont porté un coup dur à l’économie du pays. La motorisation agricole en RCA est une solution pour redresser l’économie du pays et aider les paysans à s’émanciper.