Cette juridiction hybride a lancé officiellement ses activités lundi au cours d’une session inaugurale.
Créée le 3 juin 2015, la Cour pénale spéciale (CPS) centrafricaine est entrée en fonction lundi à la faveur d’une audience inaugurale tenue à Bangui. Conformément aux dispositions des articles 6 et 70 de la loi organique n°15/003 du 03 juin 2015 portant création, organisation et fonctionnement de cette Cour, cette cérémonie marque le début effectif de ses activités judiciaires.
Juridiction hybride, elle est constituée de 25 juges, 13 nationaux et de 12 internationaux chargés de juger les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis en République centrafricaine depuis 2003. Un rapport de l’Organisation des Nations unies (ONU) rendu public en mai 2017 révèle que des villages entiers ont été brûlés, des viols collectifs, des massacres et des tortures commis dans le pays. Ce document onusien qui pourra servir de base de travail à la CPS souligne que plus de 600 violations graves des droits de l’Homme ont été perpétrées par différentes milices ou forces armées entre 2003 et 2015. «Parmi ceux qui ont commis ces actes horribles durant cette période, certains continuent de sévir, c’est évident.
Mais même si les crimes qu’ils commettent aujourd’hui ne figurent pas dans ce rapport, nous allons continuer à les répertorier, à les surveiller très attentivement», avait alors déclaré Andrew Gilmour, sous-secrétaire général des Nations Unies aux droits de l’Homme.
Pour les autorités centrafricaines, l’entrée en scène de la Cour pénale spéciale vient sonner le glas à l’impunité. Le Premier ministre centrafricain, Simplice Mathieu Sarandji y voit la fin d’un long règne de terreur qui a fini par s’ériger en règle dans le pays. «Ceux qu’hier pensaient qu’ils étaient le nombril de ce monde-là, qu’ils pouvaient tuer allègrement, assassiné allègrement, sans pour autant être inquiétés, je leur dis, chapeau, les dés sont jetés.
A partir de maintenant, tous ceux et toutes celles qui sont incriminés répondront devant la Cour spéciale», a-t-il déclaré. Du côté de la CPS, l’on s’attèlle encore à la mise en place de la stratégie des poursuites et d’enquêtes à rendre publique bientôt.