Les groupes politico-militaires qui ont agressé la République Centrafricaine, violenté et massacré des populations innocentes, vont, enfin, devoir rendre des comptes à la nation. En effet, les juges de la Cour Pénale Spéciale de Bangui viennent de sonner le glas de leur impunité et les convoquent devant leur tribunal.
Quelle excellente nouvelle ! Elle va redonner de l’espoir aux survivants des massacres, qui craignaient que leurs bourreaux ne demeurent impunis. Malgré les manœuvres répétées des parrains des rebelles criminels, tendant à faire croire que seule, une amnistie générale ramènerait la paix en Centrafrique ; malgré le double jeu des puissances internationales impliquées dans le conflit centrafricain, qui donnaient l’impression de céder elles aussi aux réclamations des rebelles afin de s’extirper du bourbier centrafricain, les magistrats centrafricains viennent de rejeter avec fracas toute idée d’impunité pour les criminels !
Quoi de plus insupportable que d’entendre les rebelles revendiquer l’impunité pour leurs forfaits ? L’article 162 alinéa 2 du Code pénal centrafricain est pourtant sans appel : « les crimes graves que sont les crimes contre l’humanité, les crimes de génocide et les crimes de guerre, ne peuvent faire l’objet d’amnistie et de grâce. » Les magistrats centrafricains affirment eux aussi que : « ce sont les lois d’amnistie récurrentes qui encouragent et font se perpétuer les actes de barbarie. »
Le président de la Cour de Cassation s’insurge, pour sa part, contre les auteurs de crimes, qui, jusqu’à présent, ne s’inquiétaient de rien en sachant que leurs crimes seraient amnistiés. Par ailleurs, les hommes de loi centrafricains exigent des rebelles qu’ils quittent les groupes armés et demandent à bénéficier du processus du DDRR (Désarmement, Démobilisation, Réinsertion des nationaux et Rapatriement des étrangers dans leur pays.)
Saluons donc, ici, la fermeté dont font preuve les magistrats centrafricains.
VAINES MANŒUVRES POUR ÉCHAPPER A LA JUSTICE
Pendant longtemps, voyant que leurs bourreaux allaient se soustraire à la justice, les Centrafricains ont cédé au désespoir.
Les pressions et les manœuvres dilatoires des rebelles sur les autorités et les magistrats centrafricains étaient, en effet, particulièrement oppressantes. L’arrogance des groupes politico-militaires aveuglés par leurs forces, les poussait à refuser la main tendue du président Faustin-Archange Touadera pour des négociations de paix et de réconciliation nationale.
Leurs mentors étrangers, Idriss Déby, le président du Tchad, en tête, militaient pour une amnistie générale, afin de sauver la tête de leurs nombreux ressortissants, devenus mercenaires dans les groupes armés.
Les occidentaux, l’ex-puissance coloniale et la MINUSCA, pour sortir du chaos centrafricain, donnaient l’impression de pencher pour une partition et une amnistie générale.
UN ESPOIR VENU DE RUSSIE ?
L’arrivée des Russes a quelque peu changé la donne. Les autorités centrafricaines ont eu enfin un bras armé pour la restructuration, l’équipement en armes et l’entraînement des forces centrafricaines.
Ce qui a donc permis aux magistrats centrafricains d’édicter les règles du jeu : à savoir que ceux qui ont agressé La République Centrafricaine et apporté le chaos doivent impérativement rendre des comptes. Leurs nombreuses et innocentes victimes et ceux qui ont pu survivre attendent que justice leur soit, enfin, rendue.