Bangui (AFP) - 09.08.2014 19:54 - La présidente centrafricaine Catherine Samba Panza a promis samedi que le nouveau gouvernement serait formé "dans les prochains jours" après le fragile accord de cessez-le-feu signé fin juillet, de nouveau remis en cause par des affrontements à Bangui.
Après des semaines de relative accalmie dans la capitale, affrontements et tirs à l'arme lourde ont de nouveau éclaté dans la nuit de vendredi à samedi entre différentes factions des milices chrétiennes anti-balaka, dont deux membres ont été tués, a-t-on appris de sources concordantes.
"La situation est jugée sérieuse", a affirmé à l'AFP une source militaire de l'opération française Sangaris.
"On s'est déployé dans le secteur pour que les belligérants ne tirent pas sur la population (...) On parle de deux morts, mais c'est un bilan qui n'est pas encore exhaustif", a-t-elle ajouté.
En province, en début de semaine, c'est l'armée française qui a connu des accrochages violents à Batangafo (nord) avec les ex-rebelles Séléka, à dominante musulmane.
Ces rebelles avaient pris le pouvoir à Bangui en mars 2013, avant d'en être chassés en janvier 2014. Affaiblis par l'intervention de Sangaris et de la force africaine Misca, ils contrôlent toutefois encore aujourd'hui une bonne partie du nord et de l'est du pays.
Ces nouvelles violences interviennent alors que la Centrafrique est sans gouvernement depuis la démission, mardi, du Premier ministre André Nzapayéké.
"J'ai mené les consultations avec tout le monde en vue de désigner les nouveaux dirigeants au sein du gouvernement. Le gouvernement sera formé dans les prochains jours mais avant cela, le Premier ministre sera nommé", a déclaré samedi la présidente Catherine Samba Panza.
Elle s'exprimait à l'issue d'une marche pacifique de soutien aux autorités de transition qui a rassemblé, sous la pluie, plusieurs milliers de personnes à Bangui.
Evoquant le cessez-le-feu conclu à Brazzaville, la présidente a déclaré: "nous avons abattu un gros gibier et nous devons nous en réjouir. Nous devons avancer en disant +plus jamais ça+".
Réunis dans la capitale congolaise le 23 juillet, les protagonistes de la crise centrafricaine - l'ex-rébellion Séléka et les milices anti-balaka - ont accepté in extremis, sous la pression internationale, la signature d'un accord de cessez-le-feu censé relancer la transition politique dans le pays, en panne depuis des mois.
"Même si certains veulent persister dans les exactions, les violences, Dieu va les confondre. Ils vont se rentrer dedans dans leur propre camp pour nous laisser continuer notre marche vers la paix", a-t-elle ajouté en référence aux groupes armés.
- 'Ouvrir nos bras' -
Mme Samba Panza a rencontré ces derniers jours les représentants des différents mouvements armés ainsi que des responsables de la société civile, des dignitaires religieux et des organisations de femmes et de jeunes.
La "compétence", l'"expérience" et l'"intégrité" feront partie des critères pris en compte pour désigner le prochain Premier ministre et les membres du gouvernement, a expliqué à l'AFP l'un de ses porte-parole, Anicet-Clément Guiyama Masogo.
"Si aujourd'hui à la tête du pays ou dans le gouvernement il y a des gens qui sont sous le coup des poursuites, qui n'ont pas un casier judiciaire convenable, cela poserait nécessairement des problèmes. C'est pourquoi le critère d'intégrité est l'un des critères majeurs", a-t-il insisté.
Plusieurs responsables des ex-Séléka et des anti-balaka sont accusés de graves exactions sur la population civile. Certains sont sous le coup de sanctions onusiennes et américaines (gel des avoirs et interdiction de voyager).
Plusieurs questions restent en suspens, comme l'arrivée éventuelle de représentants des groupes armés au sein du nouveau gouvernement, ou encore le fait de savoir si le Premier ministre sera de confession musulmane ou catholique.
La Centrafrique est meurtrie par plus d'un an de violences intercommunautaires qui ont fait des milliers de morts et ont jeté sur les routes des centaines de milliers de déplacés.
La semaine dernière, la présidente a promis un nouveau gouvernement de "large ouverture". "Nous devons ouvrir nos bras à nos compatriotes d'autres sensibilités politiques, religieuses, communautaires", a-t-elle plaidé.