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Visite de travail à Bangui : lettre ouverte de circonstance au ministre français Jean-Yves Le Drian

Publié le samedi 3 novembre 2018  |  Kangbi-Ndara
Jean-Yves
© Autre presse par DR
Jean-Yves Le Drian ,ministre français de la Défense.
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Monsieur le Ministre des Affaires Étrangères et des Français de L’Etranger Jean-Yves Le Drian bonjour et bon retour en France ce soir 02 novembre 2018.

Je suis centrafricain, journaliste, président d’une association composée essentiellement des professionnels de médias engagés et des web activistes nationaux dénommée ANA-Centrafrique.

Comme vous, Monsieur le ministre, je ne suis pas un mulâtre ni un binational. Je n’ai qu’un seul pays la République Centrafricaine. Ce pays est mon héritage et j’en suis fort jaloux.

Par cette lettre ouverte j’attire votre attention particulière sur l’attente de mes compatriotes et la mienne, celle d’aller résolument vers la paix, la concorde, la cohésion sociale et le relèvement sans prise de tête avec une nation quelconque. Nous avons trop souffert et vous en êtes témoin.

Après votre exclusif et inquiétant périple au Congo puis au Tchad pour parler de la République Centrafricaine, c’est aujourd’hui dans ce pays, le mien, que vous respirez l’air gratifié par le Concepteur de toute conception.

Vous et moi savons que mon pays a de la valeur inestimable pour le vôtre. Alors, faites de vos dernières heures dans le pays l’occasion d’expurger les erreurs que vous et certains de vos compatriotes ont commis dans le livre d’histoire de votre diplomatie.

En ce qui me concerne, votre brève visite présage le malheur. Vous venez un jour après halloween, cinq jours après l’arrestation de quatre députés nationaux, cinq jours avant le mémorial du décès de celle qui a porté ma grossesse et près d’une semaine après que les combats meurtriers reprennent intensivement à Bambari (ville du centre) et Batangafo (centre-nord).

Monsieur le ministre, vous maitrisez mieux que moi la paranoïa de l’actualité relationnelle entre votre pays et le mien. Ce n’est plus le grand amour d’antan et l’expression populaire l’a témoigné hier.

Ceux qui animent la terreur dans les localités ci-haut citées et leurs mentors de la classe politique nationale se prévalent publiquement de la protection de la France sans que votre pays n’en récuse.

J’espère que votre présence en Centrafrique n’est pas de dicter aux dirigeants la politique à suivre pour le confort de la France. Vous n’y êtes pas pour leur annoncer l’éventuel retrait précoce des casques bleus avec les conséquences que nous connaissons déjà.

Je ne pense pas que vous êtes en République Centrafricaine pour instruire le pouvoir en place d’abandonner le processus du Désarmement, démobilisation, réinsertion et rapatriement (DDR, R) pour offrir le pays en pâture au terrorisme.

Je veux croire que vous êtes dans mon pays pour redonner son éclat aux relations bilatérales entachées par votre faute. Que vous êtes ici pour consolider les liens entre nos deux Etats par la levée des verrous jalonnant la reconstruction de nos forces armées.

Si vous êtes ici pour récoler les morceaux, faites-le en douceur et selon le respect des valeurs morales et les principes établis que vous êtes censés défendre.

En votre qualité de diplomate chevronné, vous cernerez mieux la pensée que renferme un des Proverbes inspirés de Salomon disant : « Une parole douce apaise la colère ».

Monsieur le ministre, je vous prie de ne rien faire pendant cette visite qui soit susceptible de ternir davantage l’image de la France en République Centrafricaine, qui pourrait engendrer un autre malaise que celui déjà causé par la présence russe.

Vous me ferez plaisir, Monsieur le ministre, de dissuader avant votre retour la pliure de vos troupes au Camp M’poko quant au projet d’une requête adressée au Conseil de sécurité de l’ONU pour obtention d’un énième mandat d’opérer militairement afin d’obturer nos forces de défenses. Mes compatriotes et moi n’en voulons pas.

Laissez-nous le temps d’oublier les pillages de nos ressources, les viols de nos sœurs, les manipulations de la conscience collective et les tueries perpétrés impunément par vos soldats dans le cadre de la mission Sangaris. En dehors de la Minusca nous n’accepterions aucune autre force étrangère dans notre pays.

Sondez davantage les cœurs le peu de temps qui vous reste encore dans le pays pour vous rendre compte de l’aigreur des miens vis-à-vis des vôtres. Cette situation est regrettable et nous devons tous la gérer avec la plus grande précaution afin de revenir un jour à de meilleurs sentiments.

Considérez ceci : le peuple Centrafricain a compris que les véritables ennemis ne sont pas ses dirigeants mais ceux qui complotent pour sa mise en berne constante. Nous ne sommes pas dans un zoo mais dans un Etat post-conflit. Nous avons besoin de tout le monde y compris votre pays pour remettre la République Centrafricaine debout.

Si votre venue s’inscrit dans le cadre du relèvement et de la mise hors état de nuire les marchands de la terreur que les médias de chez vous appellent « groupes armés », soyez la bienvenue Monsieur le ministre Jean-Yves Le Drian.

Sans atteindre le couvert de votre impatience, Monsieur le ministre, je vous souhaite bon retour en France avec le sentiment d’avoir été chez vous.


Johnny Yannick Nalimo
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