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Centrafrique face au dilemme des relations bilatérales : Russie et France

Publié le mardi 6 novembre 2018  |  Corbeau News Centrafrique
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En octobre 2017, le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra s’est rendu à Sotchi en Russie pour rencontrer le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov. De source officielle précise que, la visite avait pour but de demander l’appui de la Russie auprès des Nations unies pour une levée partielle de l’embargo sur les armes à destination de la République Centrafricaine.

Le président Touadéra a également demandé de manière informelle la fourniture d’armements et de véhicules pour trois bataillons des FACA (Forces Armées Centrafricaines), soit 1 500 hommes environ (Evguéni Kroutikov 7. 2018).

La réponse fut positive car, un mois plus tard, l’ONU a accepté, pour les besoins de Moscou, de suspendre partiellement l’embargo sur les armes en Centrafrique et, le 26 janvier 2018, un premier avion-cargo militaire Il-76 a atterri dans la capitale, Bangui. Depuis cette date une forme de « petite guerre froide » s’alimente entre la France et la Russie en République Centrafricaine.

Cette étude est basée sur une analyse géopolitique conflictuelle de la RCA marquée par le comportement des grandes puissances à l’exemple de la « Russie et France ». Face au dilemme des relations bilatérales que font face les leaders de la République Centrafricaine depuis quelques mois, doit-on faire un choix facile entre la Russie et la France ? Dans les lignes qui suivent, nous allons analyser les faits et tirer une conclusion constructive.

L’état et l’international
Les réalistes et les libéraux (courants théoriques des relations internationales) sont d’accord que les Etats s’exercent dans l’espace international pour préserver leur intérêt, et lutter pour leur survie, mais la divergence se trouve au niveau des méthodes qu’il faut procéder pour atteindre cet intérêt.

Alors, cela confirme la citation du Général De Gaulle qui disait : « la France n’a pas d’amis que des intérêts ». Ce qui porte à croire que, si aujourd’hui la Russie, la France, la Chine, les Etats-Unis d’Amérique interviennent en Centrafrique, cela est dû à des intérêts multiples « intérêts économiques, politiques, stratégiques, culturels etc. » (Hans Morgenthau 1949), et non par un souci fraternel au profit du peuple centrafricain. Au-delà de la poursuite d’intérêt perpétuel par les Etats, existent-ils des Etats crédibles et non crédibles ?

De la crédibilité entre la Russie et la France
Par définition, la crédibilité est ce qui rend une chose digne d’être crue. Sérieux d’une information qui la rend digne de confiance. Alors, en quoi nous pouvons juger la Russie ou la France de « digne de confiance ? »



De la crédibilité de la Russie
Les faits historiques permettent de porter des jugements sans aucune complaisance. La Russie avait eu le courage historique de dissoudre (1989) l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS), la Russie avait quitté la République Centrafricaine (1966) sous l’ordre du président Jean Bedel Bokassa sans faire aucun problème à l’Etat centrafricain.

La Russie était contre l’attaque de l’Iraq par les USA. La Russie respecte ses accords avec les autres Etats, l’exemple palpable est celui de la Syrie de Bachar Ala-Sad, malgré la frappe coalisée des occidentaux, la Russie est toujours au secours de la Syrie et depuis quelques temps cherche une solution de sortie politique à ce conflit syrien.

Quand la population de la localité de la Crimée à majorité russophone de l’Ukraine a demandé l’annexion de leur région à la grande Russie pour éviter la ségrégation du peuple ukrainien, la Russie a fait sans compromettre à l’intégrité territoriale de l’Ukraine (2014). Au tant des faits qui montrent le respect des accords signé entre la Russie et ses partenaires bilatéraux, au même si au-delà de respect de contrat se cache la poursuite des intérêts susmentionnés.

Au terme de ce passage en revue du comportement historique de la Russie dans l’espace International, il ressort que la Russie est un partenaire crédible et digne de confiance, qu’en est-il pour la France ?

De la crédibilité de la France
Les faits historiques permettent de porter des jugements sans aucune complaisance. Il faut rappeler que la République Centrafricaine et la République Française ont signé beaucoup des « accords bilatéraux » au lendemain de l’accession de Centrafrique à la souveraineté internationale dont les accords de défense.

C’est au nom de ces accords de défense que la France a organisé et planifié plus de 45 opérations militaires qu’elles soient petites ou grandes sur le sol centrafricain depuis 1960, mais pour quel résultat ? La France serait impliquée dans la planification et l’organisation du génocide rwandais (1994).

La France est à l’origine du retard sur le plan de développement socio-économique de l’ensemble des pays africains utilisant le Franc CFA (Franc des Colonies Françaises d’Afrique) comme monnaie nationale, car 50% de réserve monétaire de ces pays est confisqué par le trésor français.

La France est à l’origine de la disparition du feu Barthélemy Boganda président fondateur de la République Centrafricaine, pour quelle raison ? Juste parce qu’il voulait mettre en pratique les cinq verbes (nourrir, instruire vêtir, soigner, loger) pour son peuple et non pour la France.

La France était en Centrafrique à travers l’opération Boali, quand la rébellion de François Bozizé renversait le pouvoir du régime d’Ange Félix Patassé, pourquoi n’a-t-elle pas intervenu au nom des accords de défense ?

La France était en Centrafrique quand la coalition Séléka renversait le pouvoir de François Bozizé, pourquoi n’a-t-elle pas intervenu au nom des accords de défense ? malgré la demande du président François Bozizé ?

La France a toujours été considérée comme un partenaire privilégié en Centrafrique, mais pour quel résultat ? A vrai dire, la France est un partenaire traditionnel, mais non crédible, qui manque de confiance. Qu’est-ce qu’il faut faire maintenant ?

Entre un partenaire crédible, digne de confiance et un partenaire traditionnel, non crédible, le choix est plus facile à faire que de dire bonjour en anglais. Par ailleurs, le choix pour l’un ne veut pas dire qu’il faut couper des relations diplomatiques avec l’autre.

Recommandations aux autorités centrafricaines
Pour trouver issues au dilemme des relations bilatérales, les autorités centrafricaines doivent :

Eviter de céder aux chantages de la France, mais de tenir fort pour défendre le peuple centrafricain

Revoir les relations diplomatiques et les accords de défense avec la France ;
Orienter la priorité de la politique étrangère de la République Centrafricaine vers les partenaires qui veulent réellement aider le pays à cause de sa position stratégique et de son sous-sol, et non vers ceux qui veulent divisés le peuple, pour bénéficier unilatéralement de sa position stratégique au cœur de l’Afrique et piller ses ressources naturelles ;

Renforcer les relations diplomatiques avec la Russie et la Chine qui sont des partenaires crédibles;
Lancer une révolution nationale basée sur un plan décennal bien défini pour l’intérêt et l’unification du peuple centrafricain ;
Imposer aux hautes autorités politiques, et autres qui ont leurs familles en France de les ramener au pays sauf pour cas d’étude et formation ;
Impliquer les jeunes centrafricains sans discrimination aucune au cœur de la révolution nationale pour le relèvement de la République Centrafricaine ;
Faire des communications quotidiennes à l’ensemble de la population centrafricaine pour leur expliquer le sens et l’importance de cette révolution nationale qui d’ailleurs a besoin de sacrifice individuel ;
Mettre en place une politique d’austérité nationale pour renforcer la révolution nationale.
Recommandations aux leaders politiques
Pour trouver issues au dilemme des relations bilatérales, les leaders politiques centrafricains doivent :

S’unir comme un seul homme aux autorités pour défendre l’intérêt national ;
Eviter de céder aux chantages de la France qui ont pour l’objectif de piller le sous-sol du pays ;
Organiser et former leurs partisans à résistance face aux chantages de la France.
Recommandations aux leaders socio-économiques
Les leaders socio-économiques doivent :

Mobiliser la population centrafricaine pour s’adhérer à la révolution nationale sous différentes formes, mais sans aucune action de violence physique.
Créer un espace de confiance et d’attente cordiale entre les leaders politiques et leaders socio-économiques.

Au terme de cette analyse, il ressort que la Russie est un partenaire crédible et digne de confiance, alors que la France est un partenaire traditionnel qui n’est pas digne de confiance. Dans ce cas, le choix d’orientation des actions diplomatiques est simple à faire, car la crédibilité et la confiance sont les éléments importants pour toute action politique. Il est temps pour la République Centrafricaine de lancer une révolution nationale sans violence physique pour son développement et la population centrafricaine doit être prête pour se sacrifier.
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