Pour beaucoup d’observateurs, c’est un peu le Sommet de la dernière chance. Ces samedi 17 et dimanche 18 novembre 2018, les chefs d’Etat de l’Union africaine (UA) devraient se rencontrer à Addis-Abeba. Un sommet extraordinaire pour valider (ou pas) les différentes réformes proposées par Paul Kagame pour la rendre plus efficiente
Avant de rendre symboliquement son siège et son marteau de président en exercice de l’Union africaine (UA), Paul Kagame a voulu pousser le dossier des réformes qu’il a personnellement porté. Cette réunion extraordinaire des chefs d’Etat qui s’ouvre ce week-end au siège de l’institution panafricaine à Addis-Abeba, c’est donc à son initiative.
Réticence face à la réforme Kagame
Le président rwandais a sans doute à cœur de faire avancer son projet de rendre l’UA plus indépendante et ses décisions plus rapides via un autofinancement par ses membres et la réduction des protocoles de décision. Un chantier qui se heurte, depuis qu’il est lancé, à la réticence de plusieurs Etats dont les présidents seront absents de la séance à huis-clos ou se feront représenter par leur chef de la diplomatie à la réunion d’Addis-Abeba.
Depuis le sommet de Kigali en juillet 2016, le président rwandais Paul Kagamé chapeaute ce chantier de réformes avec une équipe d’experts en économie et en questions diplomatiques. La question de l’indépendance financière afin que le budget de 800 millions de dollars (2018) de l’UA soit issu de la taxe Kaberuka via un prélèvement de 0,2% des importations des membres, sera sans doute la question qui cristallisera le plus les débats. Elle est pourtant destinée à rendre l’UA plus autonome des puissances étrangères qui la financent.
Autre chantier à l’arrêt, la question de la réduction du nombre de sommets sur laquelle les chefs d’Etat se sont mis d’accord à n’en tenir qu’un seul par an pour confier la gestion de certaines affaires aux Communautés économiques régionales (CER) et certaines prérogatives dévolues à certains chefs d’Etat au président en exercice, au président de la Commission et ses commissaires. Des réformes que goûtent peu les fonctionnaires (représentants permanents) de l’institution panafricaine et les chefs d’Etat.
Réunion cruciale à Addis-Abeba
La réunion d’Addis-Abeba sera cruciale avant que, de l’aveu même de certains spécialistes, l’Egyptien Abdel Fattah Al Sissi ne prenne la présidence en exercice de l’UA lors du sommet de janvier 2019. Le principal risque est que l’agenda de l’institution ne se délite au profit d’autres priorités que la réforme profonde de l’UA. Le Niger pousserait par exemple pour accueillir à Niamey, un sommet ordinaire de l’UA, ce qui remettrait en doute la réduction du nombre de réunions annuelles.
Pour autant, le sommet extraordinaire d’Addis-Abeba, perçu comme celui de la dernière chance pour faire passer les réformes Kagame, sera sans doute une occasion de faire passer une partie des nouvelles dispositions notamment sur les politiques communes et l’élargissement des domaines de compétences des CER. Le bilan pourrait se terminer en demi-teinte pour le Rwandais Paul Kagame avec un plan de réformes inachevé qui pourrait être remis en cause par un Abdel Fattah Al Sissi plus sensible à un rôle de médiateur de l’UA. Mais pour qui connait la ténacité du président rwandais, nul ne doute que les idées issues de ces deux ans de réunions et de consultations, continueront à être défendues. A espérer que les autres chefs d’Etat lui emboîtent le pas.