Malgré ses menaces, Karim Meckassoua a fini par être destitué
« Je ne me laisserai pas faire »… « Je ne tomberai pas seul… » « Je n’ai pas pris un seul stylo de l’état », n’avait cessé de clamer quelques semaines auparavant le désormais ex-président de l’assemblée nationale centrafricaine Abdou Karim Meckassoua. Ses contradictions avec les députés et les deux têtes de l’exécutif, Faustin Archange Touadéra et son PM Simplice Mathieu Sarandji étaient si exacerbées le pays attendait un dénouement quel qu’il soit. Finalement c’est tout banalement pour « détournement de deniers publics et mauvaise gestion des finances » de l’assemblée nationale et « favoritisme » qu’il est tombé.
Quelques jours à peine avant sa chute, son ami et principal soutien le président congolais Denis Sassou Ngesso a dépêché le 20 octobre à Bangui son bras droit, le ministre d’état de l’Aménagement, de l’Équipement du territoire et des Grands Travaux Jean Jacques Bouya. Celui-ci s’entretient d’abord avec le président Touadéra et ensuite avec Karim Meckassoua. L’émissaire congolais signifie clairement à ce dernier que le président congolais ne s’ingèrerait pas dans la question de sa destitution ou non car il s’agit d’une question de souveraineté centrafricaine et qu’il n’avait aucun intérêt à engager un bras de fer avec le président Touadéra.
Autant dire qu’il était lâché. Le lendemain dimanche 21 octobre, veille du départ à Genève du président Touadera, à sa demande Karim Meckassoua est reçu sans grand enthousiasme à la résidence présidentielle de Boy-Rabe mais les carottes paraissaient bien cuites pour lui. Il sera bel et bien destitué une semaine plus tard après que le référé qu’il a introduit au tribunal pour certaines signatures jugées irrégulières de la pétition eût été rejeté. Depuis sa destitution, il a commis un avocat et s’emploie à saisir la cour constitutionnelle mais il lui faudrait réunir au moins un tiers de députés pour la saisine, ce qui n’est pas du tout évident pour lui vu que sa destitution a été obtenue par 98 députés sur 140 soit plus des 2/3 des parlementaires.
Dans ses nombreuses relations à l’étranger dont de célèbres journalistes parisiens de RFI et Jeune Afrique ainsi que des chefs d’état, Karim Meckassoua a tenté de vendre l’idée que sa destitution serait due au fait que le président Touadéra serait hostile aux musulmans. En vérité cet argument ne tient pas debout car celui qui a été élu pour lui succéder est aussi bel et bien un musulman pratiquant, El Hadj Ngon-Baba président du comité d’organisation du pèlerinage à la Mecque des musulmans centrafricains, lui-même parti plusieurs fois déjà sur les lieux saints de l’islam. Un autre argument de Meckassoua est qu’on l’aurait destitué pour que le président fasse main-basse sur les ressources minières de la RCA en octroyant à tour de bras des permis miniers sans l’aval du parlement. Cela aussi est archifaux. Jusqu’ici aucun permis n’a été délivré sans l’autorisation préalable de l’assemblée nationale.
Plusieurs faisceaux d’éléments concordants semblent prouver que Karim Meckassoua est bien le créateur, donneur d’ordre et commanditaire de plusieurs groupes armés et leurs seigneurs de guerre. C’est lui qui a fait libérer Abdoulaye Miskine et l’a installé à Brazzaville chez son ami Denis Sassou Nguesso et continue de l’entretenir. Ce n’est pas par hasard qu’aussitôt destitué du perchoir, ses poulains Abdoulaye Hissen, Alkhatim et Ali Darass ont exprimé ouvertement leur désapprobation et proféré des menaces. Deux jours après, ce n’est pas non un hasard si on a aperçu Nimery alias Force à ses côtés lors de son meeting de l’école Koudoukou. Ce n’est pas non plus par hasard que les bandits de l’UPC d’Ali Darass ont lancé l’assaut sur l’évêché d’Alindao et tué deux prêtres et aussi attaqué le camp des déplacés d’dans leur vaine tentative de vouloir « confessionnaliser » le conflit centrafricain et le faire passer aux yeux de l’opinion internationale comme le refus des chrétiens de vivre en harmonie avec les musulmans.
On voit chaque jour que le masque de Karim Meckassoua est tombé. C’est bel et bien un colosse aux pieds d’argile dont l’unique obsession est de s’asseoir dans le fauteuil qu’occupe aujourd’hui le Pr Faustin Archange Touadéra. D’aucuns se souviendront que c’est pour se venger des GP de Patassé et de leur chef le défunt général François Bédaya Ndjadder qui l’avaient passé naguère à tabac au palais de la Renaissance qu’il a tout fait pour dresser le tapis rouge sous les pieds de Bozizé et le porter au pouvoir. Aujourd’hui, il va vouloir prendre tôt ou tard sa revanche sur le tandem Sarandji – Touadéra qu’il accuse de l’avoir fait destituer par les députés mais il doit savoir que ces deux derniers lui fait roi en le portant au perchoir. Vouloir rendre le mal à tes bienfaiteurs, même le Bon Dieu ne te le pardonnera pas. A bon entendeur salut…. !