MADRID — Un contingent de 25 agents du Groupe d’Action Rapide (GAR) de la Guardia Civil (Gendarmerie espagnole) se déploiera à Bangui avant la fin de ce mois pour incorporer la mission de l’EUFOR-RCA.
Ils prendront la relève de leurs compagnons qui patrouillent depuis le mois de mai dans la capitale centrafricaine.
Au front, le commandant Gonzalo González assure que malgré le calme apparent, la violence peut surgir à tout instant, si bien que ses hommes doivent toujours refaire le même travail.
Il considère que le travail réalisé jusqu’à présent par les Espagnols “a été exceptionnel” et reconnaît que : “nous avons un peu d’angoisse pour pouvoir être à la hauteur”.
Se joindront aux Gardes civils, 73 soldats du Commandement des Opérations Spéciales de l’Armée de terre.
INTERVIEW
– Fernando Cancio (LNC) : Pour une opération comme celle-ci, avec un ennemi asymétrique et une situation de calme tendu, le Groupe d’Action Rapide (GAR) est-il la réponse idéale ?
– Gonzalo González : Oui, par sa capacité d’adaptation aux différentes formes de violence et de délinquance qui sont le quotidien à Bangui. C’est une délinquance motivée par des intérêts très variés.
– LNC : A quelques jours du départ, que ressentez-vous ?
– G.G. : Nous sommes impatients de voir quelle est la situation réelle sur le terrain, avec le désir de commencer notre travail. En même temps, nous avons un peu d’angoisse pour pouvoir être à la hauteur.
– LNC : Qu’en ont vous dit vos compagnons déjà sur le terrain depuis le mois de mai ?
– G.G. : Que la situation est très volatile. Qu’il peut exister un certain calme rendant les services routiniers, mais qu’à un moment donné, et en général avec une périodicité d’une ou deux fois par mois, se produisent quelques pointes de changement rendant la situation drastique.
Les discussions n’ont pas grande importance. À tout moment, et dans n’importe quelle circonstance, les Forces internationales doivent intervenir, mais la perception qu’en a la société locale des forces internationales peut changer radicalement et se transformer en violente.
– LNC : On vous a averti que quelque chose se tramait ?
– G.G. : Par dessus tout, la situation là, qui concerne l’exécution de notre mission ne doit pas faire oublier les risques aujourd’hui d’ébola et d’autres maladies.
C’est une des composantes les plus importantes de notre inervention, la conscience du thème sanitaire.
Même si jusque là, aucun cas d’ébola n’a été détecté, nous avons par précaution des vêtements de protection.
– LNC : Quels sont les risques encourus ?
– G.G. : C’est une situation très volatile dans laquelle les capacités de l’État sont très limitées, et dans laquelle il y a une délinquance portée à son extrémité maximale, avec des communautés ethniques qui se font face, mais pour des motifs de simple délinquance, et non pour des causes religieuses ou culturelles.
– LNC : Vous ont-ils dit si la situation s’est quelque peu améliorée ?
– G.G. : Oui, on note que dans les quartiers, les choses reviennent peu à peu à la normalité. Les marchés locaux commencent à fonctionner, tout comme l’activité économique.
Une amélioration peut être visible, mais qui à un moment donné peut se retourner très vite. Les choses sont très ponctuelles.
Deux jours de violence peuvent bloquer les activités, mais elles reprennent après.
– LNC : Cela influe-t’il sur votre préparation ?
– G.G. : Elle est similaire à celle de nos précédents compagnons, mais avec nos ajustements propres, en fonction de ce qu’ils nous disent de la situation sur place.
– LNC : Combien serez-vous ?
– G.G. : Nous serons un effectif de 25 hommes.
– LNC : Et des capacités ?
– G.G. : Nous maintenons la même structure et les mêmes capacités : l’Intervention spéciale, le renseignement et la police judiciaire.
– LNC : Avez-vous envoyé des troupe à Bangui pour préparer la mission ?
– G.G. : Il y a eu une visite de reconnaissance fin septembre pour évaluer la situation et les nécessités logistiques et opérationnelles.
– LNC : Et quelle a été votre perception ?
– G.G. : C’était sur une courte durée, trois ou quatre jours, mais cela a donné une idée générale de la situation et des menaces principales, ce que nous avons transmis à la connaissance du reste du contingent qui va se déployer.
– LNC : Jusque là, ces groupes rebelles (Séléka et Anti-balaka) disposent surtout de mitraillettes AK-47 et de grenades, savez-vous s’ils possèdent d’autres types d’armement ?
– G.G. : Ils n’ont pas d’autres armes de menace comme engins explosifs à notre connaissance. Pour le moment, leur armement est basé sur les Kalachnikov AK-47 et des grenades de fabrication chinoise.
– LNC : Le contingent à Bangui a subi des attaques récemment, et un de vos militaires a été blessé : cela vous fait-il peur ?
– G.G. : Nous sommes conscients de la situation là bas. Mais évidemment nous connaissons nos capacités d’intervention et nos limites.
Et, sur la base de cela nous nous adaptons pour accomplir notre service avec les plus grandes garanties de sécurité pour nos Forces.
– LNC : Comment s’organisera votre travail au sein de l’unité policière internationale (EUFOR-RCA) ?
– G.G. : L’unité policière possède des fonctions exécutives et il y a quatre sections : deux Françaises, une Polonaise et l’Espagnole.
Le service s’effectue en établissant des patrouille à tour de rôle.
De façon permanente cependant, une patrouille est dans la rue, menée par n’importe laquelle de ces Forces, c’est un service dit de sécurité urbaine.
– LNC : Comment évaluez-vous le travail de vos compagnons déjà déployés ?
– G.G. : Même à distance, je l’évalue très positivement. En ce qui concerne les services effectués, les saisies d’armes,la collaboration avec les Forces locales de Sécurité pour l’arrêt des groupes criminels.
Je crois qu’ils font un travail réellement exceptionnel, surtout dans les conditions très difficiles dans lesquelles ils le font.