Les Centrafricains n’en finissent pas d’attendre, avec impatience et inquiétude, que l’on redonne la parole au peuple. Surtout à une jeunesse qui la réclame à juste titre. Mais, au lieu d’entendre les réclamations légitimes qui s’élèvent de toutes parts, on biaise.
Et, pendant ce temps, le pays continue sa descente inexorable dans les entrailles infernales de l’enfer.
Tout semble être redevenu comme avant : la partition du pays n’est plus rampante, elle est bien réelle. La Séléka, qui n’a apporté que du sang et des larmes en Centrafrique, se pavane dans le pays et impose ses oukases.
La France, pressée de se dégager de la nasse centrafricaine, s’est déjà mise en retrait.
La tragédie centrafricaine a disparu des médias de l’Hexagone. La R.C.A est redevenue une entité mineure, comme avant.
Quel mépris !
Le Premier Ministre français, au cours d’un récent voyage dans la sous-région, s’est arrêté chez Idriss Deby au Tchad…mais n’est même pas passé par Bangui qui n’est qu’à quelques centaines de kilomètres de Ndjamena.
Les Casques Bleus ont visiblement donné l’occasion à la France de se retirer, l’honneur sauf. Quant aux Forces Africaines, on peut se demander si elles continuent à remplir leur mission de paix.
L’Union Africaine semble être devenue aphone… LE RETOUR DES PILLEURS Visiblement, les briscards invétérés de la politique centrafricaine n’ont pas désarmé. Ce qui arrive aujourd’hui à la République Centrafricaine est dû, en partie, à leurs appétences pour les profits et les compromissions.
Le terreau qui nourrit la tragédie centrafricaine depuis soixante ans est la conséquence de la mauvaise gouvernance et des biens mal acquis par une classe politique véreuse. Le surgissement de la Séléka et la réaction légitime des Antibalakas sont venus de la colère d’un peuple saigné à blanc depuis les indépendances. Un peuple qui malgré les énormes potentialités de son pays, a toujours végété et continue à végéter dans une pauvreté crasse.
Tant qu’une petite minorité de Centrafricains continuera à s’accaparer des biens du pays avec la complicité de compagnies étrangères avides ; tant que le peuple n’aura pas accès aux services essentiels à sa survie ; tant que la jeunesse ne verra devant elle qu’un horizon bouché : d’autres Sélékas et Anti-balakas sont à craindre… On ne parle même plus de traduire, devant les tribunaux centrafricains et internationaux, les responsables convaincus de crimes contre l’humanité.
Pourtant, une liste de noms existe. En ce moment, on parle beaucoup de François Bozizé.
Mais, dans le même temps, on semble oublier Michel Djotodia…
Est-ce qu’il n’a pas pris la Présidente de Transition en otage ?
Et n’est-il pas en train de préparer son retour depuis Cotonou ?
Mais les Centrafricains ne sont pas dupes de toutes ces manigances. Ils sont comme des braises qui couvent sous la cendre.
Seul, le rétablissement de la justice sociale parviendra à ouvrir la voie de la réconciliation en Centrafrique.
Alla gbouni Ngangou ! Alla zia ni à ti pépé ! (Tenez bon ! Ne laissez pas tomber !)
A. DE KITIKI AKOUISSONNE