BANGUI - Des jeunes ont pris d’assauts ce matin le Ministère des Affaires étrangères pour exiger le départ de Charles Armel Doubane, ministre des Affaires Etrangères. L’absence du Ministre aux festivités du 1er décembre est la raison évoquée par ces jeunes et qui pensent que c’est un acte d’insubordination et de haute trahison.
Très tôt le matin, l’entrée principale du ministère des affaires étrangères a été envahie par un groupe de jeunes de l’Association Bê-Afrika Engagée. Quadrillée par la police sans être inquiétés, ces jeunes scandaient hautement et fortement « Doubane démission ». Son absence aux festivités du 1er Décembre pour ces jeunes est un acte de haute trahison et il n’a plus sa place à la tête de la diplomatie centrafricaine. Charles Armel Doubane, a obéit au mot d’ordre de l’église catholique, appelant ses fidèles à ne pas participer au défilé du 1er décembre, marquant le 60e anniversaire de la proclamation de la République Centrafricaine pour protester contre la tuerie des déplacés et prêtes à Alindao.
Jérémie Yalingou, le meneur de cette manifestation, justifie leur manifestation parce que le ministre Doubane a saboté la fête du 1er décembre pour des raisons dogmatiques, « Nous exigeons et demandons son départ à la tête de notre noble ministère des affaires étrangères pour des raisons qui nous sont fondamentales. Il a saboté la fête de la proclamation de la République qui symbolise la naissance de la République Centrafricaine et l’effort consenti par les pères fondateurs. Il s’aligne derrière des propos dogmatiques et il n’incarne pas la République. C’est pourquoi nous sommes venus lui dire, Monsieur, si vous n’êtes pas avec le peuple votre place n’est pas à la tête de ce département », s’exclame-t-il.
Joint au RJDH par téléphone, le Ministre Armel Doubane n’a pas souhaité faire plus de commentaires mais il a simplement dit, « Demandez ces jeunes ! Qui a mis à leur disposition un bus pour arriver là très tôt le matin ? Demandez leur qui en sont les commanditaires ? Si c’est pour des questions de position personnelle et religieuse de Charles Armel Doubane aujourd’hui qu’on en fait un problème, il y a plus de problèmes que cela dans le pays », a-t-il lâché.
Une situation qui n’a pas laissé indifférent Jean Serge Bokassa. « Nous devons prendre très au sérieux les dérives auxquels nous sommes confrontés par un régime imbus de lui-même, insensible, indifférent aux souffrances du peuple. C’est un comportement qui n’honore pas la République. Dans ce genre de situation, il appartient au Chef de l’Etat de prendre un décret pour relever Charles Armel Doubane de ses fonctions. Des jeunes qui sortent de je ne sais où et qui ont obstrué l’entrée d’un ministère pas le moindre comme celui des affaires étrangères, est un acte du voyoutisme qui est en train d’être structuré en règles de gouvernance dans ce pays. Mais tôt ou tard, nous serons rattrapés par ce genre de comportement. Les problèmes et les défis sont ailleurs» a-t-il regretté.
Un homme politique aussi interrogé sur cette question répond « La meilleure manière de faire partir un ministre c’est de signer un décret relevant l’intéressé de ses fonctions, voilà la seule façon digne et d’un Etat et d’un chef d’Etat. Et dans un Etat digne de ce nom ce qui se passe devrait être traité pour ce qu’il est : un trouble à l’ordre public ».
Après s’être aligné sur la position de l’église Catholique qui avait appelé le 24 novembre les chrétiens de s’abstenir des festivités du 1er décembre, Charles Armel Doubane est dans l’œil du cyclone des attaques et campagne de dénigrement.
Sa prise de position sur les réseaux sociaux en faveur de l’appel de l’Eglise après sa participation à la conférence de presse du Cardinal Dieudonné Nzapalainga a suscité plusieurs interrogations.
Il y’a quelques mois, après le limogeage de son collègue Jean Serge Bokassa du gouvernement, Charles Armel Doubane répondait à un internaute que son tour est proche. Pousse-t-il le chef de l’Etat à le limoger du gouvernement pour en faire une raison politique ? Pourquoi ne démissionne-t-il pas du gouvernement s’il se sent mal à l’aise avec le régime actuel? Telles sont les questions que nombreux observateurs de la vie politique centrafricaine se posent.