L’ancien Premier Ministre et Président du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC), Martin Ziguelé, désormais Candidat de son parti pour la Présidentielle de Juin 2015, a reçu chez lui une équipe de CNTV (Corbeau News Télévision) au lendemain de la clôture du Congrès Extraordinaire du 22 novembre 2014 de son parti le MLPC.
Comme d’habitude, le Président Martin Ziguelé, posé, détendu a répondu à toutes nos questions sans détour afin d’expliquer aux centrafricains sa vision et celle de son Parti pour la Centrafrique à court terme mais aussi l’ambiance qui a régné lors du Congrès de son parti le 22 novembre dernier.
L’interview est télévisée mais nous préférons vous produire un extrait écrit.
Corbeau News Télévision (CNTV) : Bonjour Monsieur le Président.
Martin Ziguelé (MZ): Bonjour.
CNTV : Merci d’avoir accepté notre demande d’interview. Alors, les travaux du Congrès de votre Parti, le MLPC viennent de s’achever, pouvez-vous nous décrire en un mot l’ambiance qui a régné durant les travaux du Conseil Politique National (CPN) et du Congrès ?
MZ : nous avons tenu les assises do Conseil politique national du MLPC, le 20 et 12 novembre ; et le samedi 22, les assisses du congrès. L’ambiance était à la fête. Au fait depuis février 2009, le Conseil national du parti qui se réunit statutairement deux fois par an ne s’est pas réuni. Donc, tous les camarades ont tenu à être présents, malgré les difficultés liées à la sécurité et au transport, ce qui fait qu’on avait le double de l’effectif. Cela témoigne justement de la mobilité de nos compatriotes, en dépit de la précarité de la situation.
CNTV : Pourquoi le choix de Bangui pour la tenue de ces assises alors que votre Parti, le MLPC est implanté rue sur toute l’étendue du territoire ?
MZ : nous avons choisi Bangui pour des raisons sécuritaires
CNTV : Que représente le CPN du MLPC et quelles sont ses compétences ? le Congrès était-il ordinaire ou extraordinaire ?
MZ : Le Conseil politique national est l’organe qui regroupe tous les délégués es fédérations dans une sorte de parlement, c’est l’organe suprême entre deux congrès. C’est en quelque sorte la chambre qui émet les lois du parti qui se réunit statutairement deux fois par an. Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, depuis cinq ans, on ne s’est pas réuni et pendant ce temps, il y a eu des décès, il y a eu des démissions et il y a eu des personnes qui pour des raisons professionnelles sont appelées à être apolitiques. Nous avons reconstitué l’ensemble du Conseil politique national qui est revenu à son effectif normal de 95 membres représentantes toutes les fédérations du MLPC tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur.
CNTV : Votre parti, le MLPC, est membre de l’International Socialiste. Y a-t-il eu la participation de vos amis socialistes étrangers, si oui lesquels ?
MZ : Oui ! Nous avons eu la participation physique de deux représentants du Partis socialiste africain, Monsieur Bonaventure Baya de la Convergence citoyenne du Congo et Monsieur Mahamat Alabo du Parti de liberté et du développement du Tchad. Mais nous avons surtout beaucoup de messages de soutien au MLPC et au candidat du MLPC. Il y a par exemple le message du Secrétaire général de l’International socialiste Monsieur Louis Ayala depuis Londres, celui de Monsieur Jean Christoph Tabalewis premier Secrétaire du Parti socialiste français, celui de Sélémane Gabriel, Président du Parti démocrate allemand, celui de Emmanuel Golou, Président du Comité Afrique de l’International socialiste en même temps Président du Parti social-démocrate du Bénin. Nous avons reçu un message de soutien du parti du Rassemblement des forces démocratiques de Mauritanie, celui de Monsieur Gérard Fousquier Directeur du Pôle international de la Fondation Jean Jores qui est la Fondation du Parti socialiste. En plus, nous avons eu des messages de soutien internes, tels que celui du parti Rassemblement démocratique centrafricain.
CNTV : À l’issue de ces deux grandes rencontres de votre parti, vous êtes investi candidat du MLPC pour la prochaine présidentielle de juin et juillet 2015. Que ressentez-vous ?
MZ : C’est à la fois un sentiment de grande responsabilité et un sentiment de reconnaissance. J’ai été déjà, à deux reprises, candidat du MLPC avec les résultats que vous connaissez. Le fait que malgré ces échecs précédents, le congrès du parti, réuni en séance extraordinaire me renouvelle par acclamation sa confiance, c’est pour moi une très lourde responsabilité. Je pense que je dois répondre à l’attente de nos camarades et nos compatriotes. Donc, c’est cet aspect de responsabilité que je mets en honneur.
CNTV : Quelles seront justement les priorités des priorités qui seront inscrites dans vos programmes politiques ?
MZ : Aujourd’hui, si vous demandez à n’importe quel centrafricain dans la rue, il vous dira que la priorité, c’est la paix et la sécurité. Mais quelle paix, quelle sécurité et comment ? C’est qu’intervient la différence entre les candidats et c’est là que le MLPC apportera son approche.
Nous pensons qu’il faut d’abord focaliser notre force sur la remise sur pied des Forces armées centrafricaines, c’est l’axe central. Le président Amani Toumani Touré était venu là dans ce pays et nous avait dit, il y a plus de dix ans que ‘’si vous n’avez pas votre chien, vous aurez chez vous le chien de votre voisin’’. Nous sommes dans ce cas de figure. Nous avons notre chien qui doivent nous sécuriser, notamment les FACA et qu’ils doivent travailler de concert avec les forces internationales. Nous ne pouvons pas espérer construire la sécurité future de la République centrafricaine, si notre armée reste aujourd’hui l’arme au pied et spectatrice des opérations de sécurisation du pays qui se font par les forces internationales que je salue d’ailleurs. Mais, nous devons prendre notre part, car c’est en fabriquant qu’on devient forgeron, c’est-à-dire c’est en étant impliqué dans ces opérations que nous aurons une armée professionnelle et aguerrie. C’est l’axe central de la démarche du MLPC. Nous voulons notre armée et nous travaillerons avec notre armée de concert avec les forces internationales.
CNTV : Vous avez déjà été candidat en 2005 jusqu’au second tour, et en janvier 2011. Quelles sont vos chances pour l’emporter lors de ce prochain scrutin présidentiel ?
MZ : C’est vous qui me le direz. C’est vous les centrafricains qui êtes souverain. C’est le peuple qui donne le pouvoir et c’est uniquement le peuple dira, le moment venu, à qui il va donner le pouvoir. Je ne peux pas dire que je suis le meilleur, le plus grand, le chanceux, le plus victorieux. Ce qui est sûr, je me présenterais comme le parti m’a investi. C’est à vous mes compatriotes de me faire confiance ou pas.
CNTV : Votre parti est membre de la plateforme politique AFDT. Si d’aventure, cette Alliance des Partis politiques opte pour une candidature unique. Quelle sera la réaction de votre parti si le choix des autres leaders politiques de la plateforme ne porte pas sur vous ?
MZ : Je tiens d’abord à dire que l’Alliance des forces démocratiques pour la transition, comme son nom l’indique, est un regroupement des partis politiques démocratiques qui ont décidé de se serrer le coud pour appuyer cette transition afin qu’elle se fasse dans de meilleures conditions. Mais, les partis sont autonomes, ils peuvent présenter leur candidat, ils peuvent également discuter de la stratégie politique. Ceci dit, le moment venu, ces partis discuteront et aviseront. Nous ne sommes animés que par deux choses, l’amour de notre paix et la consolidation de la paix, mais pour le reste, chaque parti décide de sa stratégie.
CNTV : Peut-on avoir un mot sur la composition de vote équipe de campagne ?
MZ : Vous savez que le MLPC est un parti où il y a des jeunes, des vieux aussi et des adultes. Tout comme pour les recettes de cuisine en Afrique où on y met tout un assaisonnement de petits condiments pour faire une bonne sauce, chaque composante du MLPC se retrouvera au sein de cette structure qui pilotera la campagne. Je n’ai pas de nom en tête, parce qu’il ne faut jamais commencer à résoudre un problème en pensant à des individus. Je pense plutôt aux profiles, notamment l’âge, occupation, organes des gens sui seront représentés dans l’équipe de la Direction nationale de campagne du parti.
CNTV : Les élections de juin-juillet 2015 seront couplées. Le candidat à la présidentielle de votre parti est investi, à quand seront investis les candidats pour les législatives ?
MZ : Nous avons déjà discuté de cette question lors du congrès. Dès qu’il y aura le Forum de Bangui aura lieu et qu’il y aura la possibilité pour les communautés à la base de vivre en paix, nous allons convoquer notre Conseil politique national pour choisir et investir nos candidats à la députation.
CNTV : Le dialogue politique inter-centrafricain prévu pour janvier 2015 penchera sur les « futures institutions politiques du pays » devant achever la transition. Croyez-vous que le calendrier de juin-juillet 2015 est tenable avec un tel bouleversement en vue?
MZ : D’abord, il faut aller au dialogue, il faut que le peuple centrafricain à la base réapprenne à vivre ensemble. C’est à base de tout, c’est-à-dire qu’il faut que les femmes, les hommes, des centrafricains qui vivaient ensemble à Gobongo, Boy-Rabe, Km 5, Salo, Carnot… partout, il faut que tous ces compatriotes réapprennent à vivre ensemble. Lorsqu’ils vont accepter de vivre ensemble et qu’il y aura donc la paix des cœurs et pas seulement l’absence d’armes, en ce moment-là, on peut allez très vite dans le processus électoral. Je ne suis pas fétichiste sur les dates. Si les conditions sont réunies, on peut allez vite, tout en sachant que certains impératifs ne dépendent pas de moi, mais dépendent de la météo.
Des élections en Centrafrique en juin-juillet, je veux bien qu’on m’explique comment cela va se passer. Rien n’est impossible, mais je voudrais qu’on soit réaliste. Je pense qu’un décalage d’un ou deux mois par rapport au mois de juillet, ce serait raisonnable, car il y a des régions entières de la RCA dans lesquelles on ne peut pas circuler entre juin et septembre, notamment les régions du Nord-Est où aujourd’hui, il y a cet élégantisme militaire. Donc, si dans ces régions on n’arrive pas à faire campagne, cela va prononcer ou prolonger l’isolement par rapport à la République. C’est pour cela que je dis qu’il faut faire attention. Comme tout le monde, je jeux bien qu’on aille vite, mais il ne faut pas toutefois confondre vitesse et précipitation.
CNTV : Monsieur Martin Ziguelé, Merci.
MZ : C’est à moi de vous remercier.
Propos recueillis par Fred Bruno Krock pour CNTV