BANGUI - Amnesty International appelle les Nations-Unies à mener une enquête spéciale indépendante sur l’attaque du 15 novembre à Alindao sur l’attitude des casques bleus postés près de ce site, ainsi que sur d’autres incidents récents de Batangafo et Ippy. C’est un rapport publié le Vendredi 14 décembre 2018 par cette organisation internationale de défense des droits de l’Homme.
Une seule volonté se dégage de ce rapport publié par l’Amnesty International, l’ouverture d’une enquête indépendante sur l’attitude des casques bleus lors des violences contre les populations civiles. « Il faut que l’Organisation des Nations unies (ONU) mène une enquête approfondie sur la réaction de ses casques bleus à une récente attaque qui a tué jusqu’à 100 civiles dans un camp de personnes déplacées en République centrafricaine », a déclaré Amnesty International le 14 décembre 2018 dans un nouveau rapport.
Selon de multiples témoins, le 15 novembre, les casques bleus se sont repliés vers leur base centrale à bord d’un véhicule blindé au lieu de contrer l’attaque lancée par un groupe armé, laissant des milliers de civils sans protection dans le camp d’Alindao.
Pour l’Amnesty International, il faut qu’une enquête impartiale soit diligentée sans délai en vue d’établir, en particulier, si la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA) a failli à son devoir de protéger la vie de plus de 18 000 personnes vivant sur place.
« Des dizaines de civils du camp de personnes déplacées d’Alindao ont été massacrées après que les casques bleus chargés de les protéger n’ont rien fait pour repousser les assaillants armés« , a déclaré Joanne Mariner, conseillère principale en matière de réaction aux crises à Amnesty International.
« Les casques bleus étaient certes en large infériorité numérique par rapport aux assaillants armés mais leur comportement – avant et pendant l’attaque – porte à se demander s’ils ont véritablement rempli leur mandat qui consiste à protéger les civils » s’est-elle interrogée.
La MINUSCA a indiqué à Amnesty International qu’il aurait été impossible aux casques bleus, du fait de leur faible nombre, de contenir les violences. Cette réponse a suscité plus d’interrogations que de réponses pour l’Amnesty International.
Des 20 victimes interrogées par cette organisation, beaucoup ont expliqué que les casques bleus de la MINUSCA stationnés sur place n’avaient pas réagi à l’attaque. Au lieu de défendre les civils contre les assaillants, ou au moins d’effectuer des tirs de sommation, les soldats mauritaniens se sont retranchés sur leur base principale.
« Parmi les morts figurent beaucoup de femmes, d’enfants, de personnes âgées et de personnes handicapées. Les personnes âgées et les personnes handicapées, particulièrement exposées, ont été tuées en grand nombre car elles étaient incapables de s’enfuir en courant. Beaucoup d’entre elles ont été brûlées vives dans leurs abris, faits de poteaux en bois et de végétation séchée extrêmement inflammable » peut-on lire dans ce document.
« Il faut que les Nations unies déterminent si le massacre d’Alindao était évitable et, plus important encore, ce qu’elles peuvent faire pour prévenir ou contenir d’autres attaques violentes contre des civils », a déclaré Joanne Mariner.
« Les conclusions de cette enquête devront être rendues publiques et ses recommandations devront aboutir à des mesures concrètes » conclut le rapport.
En outre, il faut que la MINUSCA fasse en sorte que des militaires en nombre suffisant et dotés de matériel adéquat effectuent des patrouilles efficaces dans les zones à haut risque, notamment à Bambari, Batangafo, Alindao, Ippy et Bangassou.