BANGUI, Le dialogue en vue avec l’Union Africaine reste une machine lourde en dépit des contributions des partenaires. Inquiétude pour la classe politique après 16 mois de préparation, c’est ce qui ressort de ce décryptage RJDH.
Après 16 mois de préparation, le dialogue sous l’égide de l’Union Africaine ne semble être à l’ordre du jour. Alors que le gouvernement dit attendre l’Union Africaine pour situer l’opinion cette institution ne répond pas encore aux préoccupations des centrafricains, celle d’aller à ce dialogue.
En réponse à ses multiples interrogations, le gouvernement répond par la voix du chef de gouvernement, Simplice Matthieu Sarandji, qui devant les parlementaires, a déclaré que le retard n’est pas du côté de son gouvernement mais plutôt du côté de l’UA. « Tout est prêt pour l’Etat Centrafricain d’aller à ce dialogue », avait confirmé, le Premier ministre Simplice Matthieu Sarandji à la tribune de l’Assemblée Nationale le 12 décembre 2018.
Selon les informations RJDH, le gouvernement Centrafricain a déjà versé 50 millions en guise de sa contribution à l’organisation de ce dialogue. Des sources concordantes indiquent aussi que certains partenaires ont déjà contribué. La CEEAC 100 millions de FCFA, l’Union Africaine 200 millions, les Etats-Unis d’Amérique 500 milles dollars, le Soudan 150 millions de FCFA. La Minusca a garanti le transport, l’hébergement, la prise en charge des membres du panel pour les missions en province.
Mais tout porte à croire que la machine africaine reste très lourde en dépit de ces contributions pour acheminer ce processus très capital pour la sortie de la crise en Centrafrique. N’est-ce pas cette lourdeur qui encourage d’autres initiatives à prendre le dessus comme celle de Khartoum, critiquée par l’Union Africaine et ses partenaires principalement la France ?
Qu’est-ce qui bloque ce processus ?
L’idée est que ce dialogue soit tenu avant 2019 mais plusieurs raisons sont à l’origine de blocages de ce dialogue dont d’abord, le choix du facilitateur qui devrait présider cette grande concertation entre le gouvernement et les groupes armés. Le choix du lieu de ces pourparlers n’est pas encore connu. Lors de leur interpellation à l’Assemblée Nationale, le gouvernement a annoncé que 03 pays Africains ont été choisis dont le Soudan, la Guinée Equatoriale et le Gabon. Ces pays sont prêts à abriter ce dialogue. Entre ses 03 pays, le Soudan serait le choix de plusieurs groupes armés alors que l’Union Africaine reste réticent vue sa proximité avec la Fédération de la Russie.
Pour une source proche du Chef de l’Etat contacté par RJDH, la personne proposée par l’UA pour ce dialogue est de nationalité mauritanienne qui a tendance à discréditer le régime Touadera « le facilitateur qui a été choisi par l’UA dans un premier temps n’est pas du goût du Chef de l’Etat qui a son tour a proposé à l’Union Africaine de lui proposer trois noms hormis cette personne qu’il pense très proche du chef de rebelle Ali Darass de l’UPC. Le contingent mauritanien au sein de la Minusca est critiqué d’être très proche de l’UPC. C’est à l’issue de ces trois personnes qu’il va désigner une seule personne par un décret présidentiel », a confirmé cette source sous couvert de l’anonymat.
Argument qui va de pair avec celui du Premier ministre lors de l’interpellation du gouvernement par les députés de la nation le 12 décembre. « Je confirme qu’un nom a été proposé mais nous connaissons sa perception des faits. On a dit non, tout sauf celui-là. Il nous faut proposer d’autres personnes, nous ne pouvons faire que des propositions mais il appartient aux Nations-Unies et à l’Union Africaine d’arrêter un nom, j’ose espérer qu’ils sont en train de travailler et que dans un bref délai nous aurons ces noms. Il appartiendra à notre Président, Chef de l’Etat de pouvoir faire le choix sur la base de ses noms qui lui seront proposés », a déclaré le Premier ministre, Simplice Matthieu Sarandji.
Vu le retard et la lourdeur de ce processus, plusieurs associations et mouvements des jeunes proches du Président Touadera voient d’un mauvais œil l’initiative Africaine pour la paix définitive en Centrafrique. Ils ont prouvé leur position dans des différentes manifestations de ces derniers temps où ils ont apporté très favorablement leur soutien au dialogue de Khartoum sur l’invitation de Président El Hadji Omar Béchir et de la Russie. A l’exemple, le 19 décembre 2018 l’Alliance des Partis, Personnalités et Associations politiques qui regroupe les forces vives de la nation (APPAP) a fait une manifestation devant le ministre des Affaires Etrangères pour apporter leur soutien au processus de Khartoum initié par la Fédération de la Russie.
A l’allure où vont les choses, plusieurs politiques et les élus de nation pensent que rien n’est prêt pour que ce dialogue puisse voir le jour, alors que tous les indicateurs sont en rouge dans les zones occupées par les groupes armés qui continuent de semer la désolation au sein de populations. Un proverbe dit qui remet à demain trouve la mort au chemin donc le gouvernement et l’Union Africaine doivent nécessairement avoir un terrain d’entente pour que ce dialogue puisse avoir lieu dans un bref délai.