En Centrafrique, les détenus de la prison de Bangui se sont révoltés lundi, 24 novembre. Armés de grenades et de kalachnikovs, ils ont tenu en échec les casques bleus et les gardiens de la prison pendant de longues heures. Ils dénonçaient leurs conditions de détention. L'incident a fait quatre blessés dont un grave parmi les casques bleus et deux parmi les détenus.
Tout a commencé vers six heures du matin. Les prisonniers de Ngaragba se révoltent quand les gardiens viennent chercher le corps d'un détenu décédé dans la nuit, vraisemblablement de tuberculose. Ils protestent contre l'absence de prise en charge sanitaire suffisante et, plus généralement, contre leurs difficiles conditions de détention ou encore les procédures qui trainent. La prison de Ngaragba, qui compte environ 450 places, accueille actuellement près de 620 détenus. Parmi eux, beaucoup sont en attente de leurs procès depuis des mois.
Les mutins saccagent la prison. Des coups de feu claquent quand les casques bleus tentent de reprendre le contrôle de la situation. Les prisonniers lancent même des grenades par dessus le mur d'enceinte pour empêcher les soldats de prendre la prison d'assaut.
Au terme de longues négociations menées par le procureur général de la cour d’appel, Maurice Gilbert Dolé, les détenus acceptent de réintégrer leurs quartiers après avoir obtenu un engagement à l'amélioration de leurs conditions de vie et une accélération des procédures. Cette révolte n'étonne pas Adramane Baron, coordinateur adjoint des anti-balaka dont beaucoup d'éléments sont derrière ces murs : « On ne fait que leur amener des médicaments périmés. Les gens en prison on préfère les laisser pourrir. »
Cependant, pour le procureur général, cet incident met en lumière les difficultés de la justice centrafricaine qui peine à évacuer rapidement les dossiers de droit commun et qui n'est pas encore en mesure de juger les dossiers criminels les plus graves et ceci, sans parler des prisonniers arrêtés dans d'autres régions du pays qui ne peuvent être jugés à Bangui pour des questions de juridiction.
« Les juridictions de Bangui ne sont pas compétentes pour juger les personnes qui sont appréhendées à l’intérieur du pays et qui relèvent du ressort juridictionnel de tribunaux qui ne sont pas opérationnels aujourd’hui, rappelle Maurice Gilbert Dolé. Il va falloir trouver une solution. »
Quoi qu’il en soit, une enquête va être ouverte dès mardi pour expliquer comment les mutins ont pu se procurer plusieurs grenades et trois kalachnikovs.