Hier aux environs de 08h 45mn, alors que je me rendais au Centre Protestant pour la Jeunesse, pour une rencontre de travail, j’ai malheureusement assisté en direct à un braquage commis par les Anti-Balaka afin de récupérer un Pick-up appartenant à l’ONG COHEB et qui a bouleversé ma journée. Ce choc a été aussi source d’éveil en moi pour proposer en ma qualité d’homme de presse une série de réflexion qui s’étalera sur quelques jours en vue de susciter une prise de conscience au niveau des politiques, de la population centrafricaine notamment la jeunesse ainsi que la Communauté internationale. Pour cet article, je voudrais demander à tout un chacun de procéder à une introspection sérieuse de soi, de la situation nationale et des perspectives utiles à développer.
De notre indépendance jusqu’aujourd’hui, la vie de la nation à toujours été émaillée de violence, de mauvaise gestion, de l’impunité et j’en passe. Dans un passé récent, c’est-à-dire du règne de Kolingba jusqu’à nos jours, les difficultés vécues devraient nous servir d’expérience afin que nous puissions plus commettre les mêmes erreurs qui ont conduit ce pays à l’état actuel. Après un tour d’horizon, je me rends compte que ce sont toujours les mêmes acteurs qui sont en place mais à des différents niveaux : dans le gouvernement de transition, dans la société civile et dans les formations politiques.
Ils ont mené toujours ces mêmes querelles intestinales déguisées sous forme de programme politiques qu’ils proposent en vue d’un avenir meilleur de la nation. Ils le répètent tous, les fameuses vertus du père fondateur Boganda mais le regret est patent. Car visiblement aucun d’eux ne se serait approprié de ces bonnes manières car dans les actes ; inutile de réciter la petitesse de ces chauffeurs sans permis de conduire.
Quel avenir à notre pays si ceux qui sont sensés de le conduire au jardin d’Eden ont un manque de probité morale. Avec tout le respect que je dois à tout un chacun, permettez moi d’éclairer sur l’état d’esprit de ceux qui nous gouvernent ou qui souhaitent nous re-gouverner. Nous reconnaissons en eux leur capacité de nuisance absolue car l’intérêt supérieur de la nation n’a jamais fait partie de leur dicton.
Car l’égocentrisme les habite les a doté de même pouvoir que le caméléon qui prend la couleur convenable en fonction de la situation qui prévaut. Analysez les choses avec moi. Tous les leaders actuels du moins la plupart des leaders ont fait partie du gouvernement de Dacko jusqu’à nos jours. Vous conviendrez avec moi que l’impasse que nous vivons, existe depuis des décennies. Quelqu’un qui a du sens ne peut-il pas tirer profit de ces malheureuses expériences pour oser réfléchir un temps soi peu à l’avenir de son pays ? Un exemple simple, nous reconnaissons tous que le gouvernement de transition est décevant.
Le bon sens aurait voulu que chacun milite pour une transition apaisée dans les actes afin de maîtriser les bases solides pour des élections crédibles. Au lieu de cela, on passe le temps à critiquer sans proposer des solutions, à manœuvrer des plans diaboliques passant par des actions armées que l’on attribue aux Anti-Balaka, aux Seleka ou à des pro-gouvernementaux.
Centrafricains, rassurez-vous que les expériences passées dont les acteurs sont toujours sur la scène a renforcé la capacité de ces derniers à entraver à tout ce qui n’est pas de leurs intérêts personnels. La transition n’est pas un mandat attribué par le peuple ; c’est un processus consensuel à durée déterminée afin d’établir des bases pouvant conduire à la normalisation. Si cette définition ci-dessus citée tient la route, cela veut dire simplement que le gouvernement ignore l’engagement qui est le sien.
Une récente mission des institutions financières internationales dans notre pays, au vu des documents ne comprenaient pas pourquoi le gouvernement n’arrivait pas à honorer les salaires et surtout son engagement vis-à-vis de l’A.N.E. Est-ce la mauvaise foi pour prolonger la transition dont d’aucuns souhaitent convertir en mandat ou est-ce un plan pour avoir un candidat à qui l’on passera le flambeau en vue de protéger les intérêts de certaines personnes qui pensent être supers centrafricains ?
Il est encore temps de se doter de bon sens et changer son fusil d’épaule. La malhonnêteté intellectuelle a toujours un temps de péremption. Le jour viendra où le peuple fera sa révolution citoyenne. Alors le gouvernement de transition, les partis politiques, les faux amis de la Centrafrique n’auront plus de mot à dire. Tout un chacun doit se remettre en question Il est vrai que l’on nous a affamé pour mieux nous posséder.
Un jour nous serons délivrés si nous prenons nous-mêmes conscience que notre destin se trouve entre nos mains. Cela peut se traduire simplement dans la mise en avant de l’intérêt supérieur de la nation, du refus de la violence et du port d’un habit que l’on appelle le patriotisme. Nous avons tous commis des erreurs, mais l’intérêt du peuple doit être au-dessus de toute considération. Il faudrait arrêter d’accuser l’extérieur et oser se remettre en question. Nous trouverons les solutions adéquates à la renaissance de la Centrafrique.
Aujourd’hui, la situation des détenus de la maison carcérale Ngaragba montre les limites de responsabilité du gouvernement en matière de gestion de crise. Plus de la moitié incarcérée n’a pas de mandat de dépôt et les procédures de comparution devant un juge sont extrêmement lentes. La crise qui y prévaut fait suite à une interpellation pour l’amélioration de leur condition de détention. Nous admettons que la manière ne s’y prêtait pas mais le gouvernement commet une erreur en les privant d’eau, de lumière et de nourriture.
Est-ce trop demander de bénéficier des soins primaires quand on est malade ?Tant que l’on est pas condamné, on jouit de la présomption d’innocence et même après condamnation on a un minimum de droit. La gestion de cette crise montre la légèreté de nos dirigeants et leur incapacité à trouver des solutions durables. Le citoyen lambda a perdu confiance car en crise profonde, le gouvernement a pu dépenser 2,5 millions de dollars angolais pour des affaires politiques non justifiés, qui comprendra quand il criera le manque de moyen pour subvenir au besoin des prisonniers ?
L’on s’étonne aussi du silence de nos fameuses organisations de droits de l’Homme, de nos politiques et de la Communauté internationale. La médiation s’étend à tout le monde et nous avons tous droit à une meilleure condition de vie : incarcérés et hommes libres. Si les gens ne se remettent pas une fois de plus en question pour poser des actes responsables, personne ne saura ce qui adviendra demain.
Utile introspection qui est l’intitulé de cet article demande à tout un chacun de faire appel à une conscience humaine et citoyenne pour l’intérêt supérieur de la nation. Il est primordial comme le disait Nelson Mandela que « chacun dépasse ses propres prétentions pour bâtir une nation prospère ». Nous ne pourrons pas tout faire dans les cent premiers jours, ni dans les mille premiers jours ni au cours de notre mandat ni même peut-être au cours de notre existence sur terre mais commençons… dixit J.F. Kennedy.
Freddy MASSENGUE