Les pourparlers de paix entre le gouvernement centrafricain et les groupes armés arrivent à un moment décisif. Sauf que selon des informations obtenues par ADV, le rôle de l’Union africaine et de l’ONU risquent de faire échec à ce dialogue.
A une semaine du dialogue qui réunit les 14 groupes armés du pays et le gouvernement centrafricain, sous l’égide de l’Union africaine avec l’appui de l’ONU, les revendications des groupes armés demandant l’amnistie et le gouvernement d’union nationale bloquent encore l’avancement du processus, surtout avec un rôle trouble de ces institutions.
Une source d’un groupe armé regrette l’attitude de ces institutions, « d’abord, c’est elles qui ont proposé le projet d’accord qui ne prend pas en compte nos revendications formulées et harmonisées depuis plusieurs mois. Raison pour laquelle, nous avions suspendu les pourparlers pour compiler nos revendications en six points parmi lesquels l’amnistie, le gouvernement d’union nationale, la primature, le statut des leaders des groupes armés, la redéfinition des comités de coordination du désarmement et la transformation des groupes armés en autodéfense en attendant la démobilisation », a énuméré cette source.
Pour la source, l’Union africaine et l’ONU, au lieu de jouer leur rôle de facilitateur et d’organe de soutien technique, s’impliquent dans les débats au fin de créer la crispation. « Le dialogue c’est entre les groupes armés et le gouvernement. Nous constatons que l’UA veut prendre la place du gouvernement pour décider. C’est inadmissible ce jeu trouble qui va nous pousser à quitter le processus », a-t-elle souligné.
L’avant-projet d’accord, proposé par l’UA ne touche pas le problème de fond. Pour un observateur, si par hasard les groupes armés signent cet accord, le problème de la RCA ne sera traité que partiellement. « La volonté de tourner la page est visible entre les parties prenantes. Mais nous observons que l’UA et l’ONU ne veulent pas que les problèmes de fond soient traités, ni laisser le gouvernement prendre sa responsabilité pour décider de l’avenir de son peuple », regrette cet observateur.
« À l’allure où vont les choses, les groupes armés risquent de claquer la porte et maintenir leurs positions dans le pays. Et le calvaire du peuple ne finira pas», a ajouter cet observateur bien informé de la situation actuelle des pourparlers.
Des indiscrétions transmises à ADV indiquent que l’UA et l’ONU seraient gagnées par la peur de laisser passer l’amnistie, présentée comme condition principale de la signature de cet accord et du cessez-le-feu dans le pays.
L’amnistie ne sera pas décrétée, comme a souligné un conseiller politique du président de la République, mais selon lui le dossier passera par l’Assemblée et par voie du référendum. Mais l’amnistie n’empêchera pas la Cour pénale internationale (CPI) et la Cour pénale spéciale (CPS) à poursuivre les crimes graves commis dans le pays.
C’est depuis près de deux ans que l’UA prépare ce dialogue dont l’aboutissement doit donner un nouveau souffle au peuple de Centrafrique.