En Centrafrique, un rapport de Médecins sans frontières revient sur les derniers évènements graves qui ont eu lieu à Batangafo. Des affrontements qui ont débuté le 31 octobre 2018 ont duré près d’une semaine. Ce jour-là, une escalade des violences amène les ex-Seleka à s’attaquer aux camps de déplacés : brûlant, pillant, blessant les populations civiles. Bilan : 15 morts, une trentaine de blessés, et 90% des sites de déplacés brûlés. Dans son rapport d’une trentaine de pages, l’organisation dénonce ces attaques ciblées contre les civils et souligne l’incapacité de la mission de l’ONU en RCA (Minusca), présente sur place, à exécuter son mandat, c’est-à-dire protéger les populations civiles.
A Batangafo, c’est sur le site de l’hôpital qu’ont été accueillies les victimes, et les populations fuyant les tirs. En ce mois de février, l’hôpital a désormais retrouvé le calme. Une opération chirurgicale est en cours. Des femmes attendent que leurs enfants soient auscultés.
Mais le 31 octobre 2018, l’ambiance était tout autre, raconte Isidore, un personnel de MSF : « Ce jour-là, on était débordés parce que certains entraient par la porte, d’autres sautaient sur la clôture pour se réfugier dans l’hôpital. C’était le chaos, car certaines mamans avaient perdu leurs enfants. Il fallait les retrouver. Il y a certains vieux qui sont restés chez eux à la maison, donc les parents devaient retourner les chercher. Donc ce n’était pas facile pour nous de gérer cette situation. »
Impossible de contenir l’ensemble des personnes à l’extérieur du bâtiment. Les déplacés s’entassent alors partout, même dans la salle d’accouchement, raconte Alphonsine, assistante sage-femme : « Il y avait beaucoup de personnes. On a commencé à entendre les tirs. Les gens étaient assis dans la cour et on ne pouvait pas marcher entre eux tellement ils étaient serrés. Des femmes ont même commencé à accoucher devant les enfants et des personnes qui étaient autour de la table d’accouchement. C’était vraiment difficile de contenir tous ces gens. »
Une situation d’urgence difficile à gérer, d’autant que le personnel de santé locale était pour la plupart sans nouvelle de leur famille. Ils restent tous très marqués par ces évènements.