Dans un rapport publié ce 18 février 2019, l’organisation médicale Médecins Sans Frontières (MSF) a accusé l’inaction des forces onusiennes à protéger les civils, cibles d’attaque des groupes armés à Batangafo, Alindao et Ippy ces derniers mois.
Dans ce rapport sur la violence et le manque de protection dont souffrent les civils en République Centrafricaine, MSF relève que le peuple centrafricain paie le lourd tribut du conflit qui dure depuis six ans.
Au cours des derniers mois, les groupes armés ont délibérément attaqué la population civile dans des villes comme Batangafo le 31 octobre, Alindao le 6 novembre et Ippy où MSF a apporté une assistance médicale aux victimes de ces violences. « Lors de ces évènements, quinze personnes ont été tuées et 29 autres blessées, des centaines de maisons incendiées, et plus de 20 000 personnes ont fui la ville vers la brousse. Pendant ce temps, certains services de l’hôpital ont été interrompus après que plus de 10 000 personnes aient trouvé refuge dans l’enceinte de l’établissement », rapporte MSF.
Le rapport met en lumière les violences perpétrées par les groupes armés ciblant les civils et l’inefficacité de la mission de maintien de la paix de l’ONU en RCA, la MINUSCA, lors des dernières attaques survenues à Batangafo en 2018. Selon MSF, les soldats de la paix de l’ONU déployés à Batangafo n’ont pas été en mesure de prévenir ces violences. « La MINUSCA était responsable de la protection de la population », explique Omar Ahmed Abenza, chef de mission de MSF. « Cependant, ils n’ont pas pu le faire », poursuit-il.
Le site des déplacés qui a fait l’objet d’attaque des groupes armés se trouve à côté de la base de la Minusca. Selon des informations de l’ADV, les déplacés fuyant vers la base des casques bleus n’ont pas été protégés, laissant aux groupes armés l’accès pour les attaquer, bruler leurs cases avant de repartir. Les forces onusiennes se contentaient des prendre des photos comme l’a dénoncé l’église catholique.
Pour MSF, au cours de ces événements, l’hôpital a été menacé, empêchant les malades et les blessés d’accéder aux services. « L’hôpital était accusé par les groupes armés d’abriter des ‘ennemis’ », affirme Ahmed Abenza. « Des hommes armés ont placé des barricades tout autour de la ville, bloquant l’accès à l’hôpital pour de nombreuses personnes dans le besoin. C’est inacceptable. C’est un manque de respect de la mission médicale et une violation du droit international humanitaire. », dénonce MSF.
« La série d’attaques récentes contre des civils à Batangafo, Alindao et Ippy témoigne de la nature très volatile du conflit et de l’inefficacité de la protection des populations civiles », regrette MSF.
En tant qu’organisation humanitaire médicale, MSF demeure extrêmement préoccupée par les conséquences de la violence sur la capacité des gens à accéder aux soins de santé. De nombreuses personnes dans le besoin sont toujours dans l’incapacité d’obtenir une prise en charge adéquate pour des maladies courantes mais évitables comme le paludisme, ou d’accoucher sans risque dans les structures de santé et d’accéder à d’autres services de santé de base.
« A Batangafo, la plupart des victimes de cette violence sont des populations civiles qui n’ont pas été efficacement protégées », constate Omar Ahmed Abenza, chef de mission de MSF en RCA.
Le rapport des MSF intervient après la position de l’Eglise Catholique qui a accusé les contingents mauritaniens et pakistanais d’avoir favorisé les exactions sur des civils à Alindao et Batangafo.Malgré les multiples accusations et dénonciations, aucune mesure n’a été prise par l’ONU pour sanctionner ces actes.