L’ancien ministre d’Etat et proche parent de Michel Djotodia de la Séléka, Djono Ahaba est en train d’officialiser ses distances vis-à-vis de son ancien motor. Ce dernier a suivi la dynamique du chef d’Etat major de la Séléka, Joseph Zoundeko qui n’est pas en bon terme avec Djotodia et son cercle pour des raisons d’intérêts. C’est ainsi que l’ancien ministre a participé voire financé l’Assemblée Générale qui s’est soldée par la création d’un parti politique qui n’est autre que le signe de la rupture entre les deux parties.
Après plusieurs mois d’absence et d’inaction sur la scène politique nationale, l’ancien démi-dieu du règne de Djotodia, Djono Ahaba fait parler de lui à travers une Assemblée Générale d’un groupe de la Séléka.
Il faut rappeler dors et déjà que dès la démission de son oncle Michel Djotodia, Djono Ahaba est entré dans le cycle du silence. Officiellement, ce dernier était inactif mais de sources concordantes, il voyageait beaucoup dans les pays qui sont connus comme ceux susceptibles d’influencer les autorités de la République Centrafricaine. C’est ainsi qu’il était à un moment donné annoncé au Tchad dans le but de rencontrer le président Idriss Déby. Selon certaines indiscrétions, la rencontre n’a pas pu avoir lieu. De sources bien informées, Djono Ahaba n’avait pas apprécié son départ du gouvernement, il qui fixait la primature au nom de la Séléka, à la chute de l’ancien président Michel Djotodia. Après toutes les démarches improductives, Djono Ahaba serait retourné en France où il aurait des biens assez consistants.
La semaine dernière, l’ancien ministre d’Etat réapparait au coté du général Joseph Zoundeko, chef d’Etat major de la Séléka qui a rompu depuis avec le duo Michel Djotodia qui voulait son départ de la chaine du commandement. Selon nos informations, Djono Ahaba aurait été consulté par l’Etat-major pour devenir le leader politique du mouvement qu’il entendait mettre en place pour combattre celui mis en place par le duo Djotodia-Nourredine. « Quand l’histoire de créer un mouvement était décidée, il fallait trouver quelqu’un de pesant pour gérer l’aspect politique car ce ne sont que les cadres militaires qui étaient à l’origine de cette idée. C’est comme ça que le nom de Djono est sorti et il a été contacté. S’il est venu à l’Assemblée Générale, c’est que quelque part il est pour » a confié un proche du général Zoundeko qui a requis le strict anonymat.
Selon des sources concordantes, l’ancien ministre d’Etat aurait mis aussi de l’argent pour les préparatifs de cette rencontre qui s’est soldée par la création du Rassemblement Patriotique pour la Renaissance de la Centrafrique (RPRC). A l’issue de la rencontre, seul le haut commandement militaire a été mis en place. Le secrétaire général de l’Etat major, le lieutenant Déa a expliqué à Centrafrique Libre que « les structures politiques verront le jour lorsque les textes de base seront prêts ».
Selon nos informations, c’est l’ancien ministre Djono Ahaba, l’un des principaux financiers de cette Assemblée Générale qui sera le responsable politique de ce nouveau mouvement qui sort de la coalition. Ce qu’il faut retenir c’est que l’ancien ministre en acceptant de suivre la dynamique de Zoundeko se place à l’opposé de son parent et motor Djotodia qui lui a confié les postes les plus juteux de sa vie politique. En clair, nous sommes en train d’aller vers la véritable rupture entre ces deux personnalités politiques de la Séléka.
Ce n’est pas aujourd’hui que les informations sur la rupture entre Djotodia et Djono circulent mais avec l’entrée de Djono dans le cercle Zoundeko, l’acte de divorce est officiellement signé. Ainsi va la Séléka ; le mouvement qui symbolise aujourd’hui la division.
En l’espace d’un mois et demi, trois formations politiques ont été crées à partir de la Séléka. Il s’agit de l’Union pour la Paix en Centrafrique (UPC) de Daras, le Front Populaire pour la Renaissance de Centrafrique (FPRC) du duo Djotodia-Nourredine et aujourd’hui le Rassemblement Patriotique pour la Renaissance de la Centrafrique (RPRC) du duo Djono-Zoundeko. La division se poursuit au sein de la Séléka.
Diane LIGANGUE