Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies a mis en place un pont aérien pour acheminer des vivres essentiels à 18.000 personnes à Zemio, à 1.000 km à l’est de la capitale Bangui. La région est au bord d’une grave crise alimentaire et nutritionnelle en raison de l’insécurité et de problèmes de transport qui entravent l’accès humanitaire.
L’appareil, avec à son bord de 4,5 tonnes de suppléments nutritionnels a finalement rejoint la région de Zemio frontalière de l’Ouganda.
« Les denrées sont acheminées par avion aux familles en ce moment même (mercredi 27 février 2019) et, à compter d’hier, les quantités déjà disponibles sur place sont en cours de distribution », a déclaré Hervé Verhoosel, un porte-parole du PAM lors d’un point de presse ce mercredi à Genève.
L’objectif est de transporter au total 36 tonnes grâce à huit rotations aériennes de 4,5 tonnes chacune. Jusqu’à présent, six des huit rotations du pont aérien ont été effectuées et 26 des 36 tonnes prévues ont été expédiées. Du personnel supplémentaire a été déployé à Bangui pour soutenir le partenaire du PAM et accélérer le processus de distribution.
Le pont aérien est la première étape d’un plan plus global visant à faire face à la situation humanitaire dans le sud-est du pays. En attendant, le PAM fournira de la nourriture aux personnes déplacées et aux familles qui les ont accueillies.
« La situation humanitaire à Zemio est critique et peut rapidement dégénérer » (PAM)
Des aliments nutritifs spéciaux seront aussi distribués aux familles avec de jeunes enfants, aux femmes enceintes et aux mères qui allaitent. Selon le PAM, outre les suppléments nutritionnels expédiés à Zemio, figurent aussi dans ces cargaisons, des vivres comme les céréales, des légumineuses, du sel, de l’huile et des super-céréales.
C’est la première fois que le PAM livre des produits alimentaires par avion à cette échelle en RCA depuis janvier et mars 2018 quand 44.447 tonnes d’aide alimentaire ont été transportées par avion à quelque 9.000 personnes dans la ville de Bangassou, dans le sud-est de la RCA.
Le PAM achemine normalement les vivres à Zemio via Obo par voie terrestre depuis l’Ouganda voisin mais un pont et des ferrys hors service ont rendu cela impossible. Le PAM étudie des solutions de remplacement pour transporter les vivres par voie fluviale pendant que les ingénieurs de la Mission de maintien de la paix des Nations Unies (MINUSCA) s’emploient à réparer le ferry.
Une flambée de violence à l’intérieur et autour de Zemio freine les déplacements et empêche l’accès aux marchés. La plupart des gens ont perdu leurs stocks alimentaires parce qu’ils n’ont pas pu accéder à leur champ à cause de la violence. Or ce conflit qui dure depuis trop longtemps a des effets dévastateurs sur la population de la République centrafricaine.
Le PAM a besoin de 87 millions de dollars
« La situation humanitaire à Zemio est critique et peut rapidement dégénérer en catastrophe si nous n’agissons pas maintenant », a déclaré Gian Carlo Cirri, Représentant du PAM et Directeur de pays en République centrafricaine.
« Les partenaires sur le terrain disent que les femmes et les enfants n’ont pas assez à manger et que les gens vivent dans des conditions difficiles », a ajouté M. Cirri cité dans le communiqué.
Jusqu’à 2,1 millions de personnes sur les 4,7 millions d’habitants, souffrent d’insécurité alimentaire selon l’Enquête nationale de la sécurité alimentaire (ENSA) publiée en janvier. Une récente enquête nutritionnelle nationale (SMART) montre également des taux alarmants de malnutrition chez les très jeunes enfants : 7,1% de malnutrition aiguë globale chez les enfants âgés de 6 à 59 mois. Les taux de malnutrition aiguë sévère dépassent aussi le seuil des 2% au niveau national et dans dix préfectures sur seize.
Dans le contexte de la crise actuelle, le PAM et ses partenaires continueront d’intensifier leurs interventions d’urgence pour répondre aux besoins des populations vulnérables.
Mais le PAM a encore besoin de 87 millions de dollars en 2019 pour fournir à environ un million de personnes une aide vitale sous forme de distribution générale de vivres, de transferts monétaires et de programmes de nutrition avancés.
A noter que le gouvernement de la République centrafricaine et 14 groupes armés ont signé un accord de paix le 6 février sous les auspices de l’Union africaine et avec l’appui des Nations Unies.