Les autorités centrafricaines ont indiqué lundi que le nouveau gouvernement nommé dimanche, décrié par cinq groupes armés, était conforme aux arrangements de l’accord de paix signé début février à Bangui.
Le gouvernement "obéit aux arrangements", a déclaré le Premier ministre dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux.
Ce gouvernement, nommé dimanche, a été décrié par cinq des 14 groupes armés signataires de l’accord de paix. Ceux-là estiment qu’il n’est pas inclusif comme prévu dans le texte de l’accord.
Le nouveau gouvernement est "le début du processus que nous avons retenu ensemble" entre autorités et groupes armés, a tempéré M. Ngrebada, soulignant que Bangui allait "par la suite (...) élargir la base de la participation de tous à la gestion des affaires du pays".
Il "faut éviter tous les actes qui pourraient nous ramener en arrière" a mis en garde le Premier ministre, ancien directeur de cabinet du président Faustin Archange Touadéra, nommé fin février.
Trois des cinq groupes armés réfractaires au gouvernement ont considéré leur participation au processus de paix caduque.
Les cinq appellent Bangui à "revoir sa copie", selon la formule du Mouvement des libérateurs centrafricains pour la justice (MLCJ), petit groupe implanté dans le nord.
Parmi les groupes réfractaires au gouvernement figurent les trois principaux groupes armés issus de l’ex-coalition de la Séléka, qui avait pris Bangui en 2013: le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC), le Mouvement patriotique pour la Centrafrique (MPC), et l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC).
Ceux-là, qui ont la mainmise sur une large partie du territoire, le nord et une partie du centre, ont eu des représentants nommés à des postes ministériels, mais estiment n’en avoir pas eu assez.
"Aujourd’hui nous avons un gouvernement de 36 membres, il n’était pas possible de faire rentrer dans le gouvernement cinq personnes par groupe armé, (...) cela aurait donné un gouvernement pléthorique que personne n’aurait pu accepter", a répondu à l’AFP le porte-parole du gouvernement, Ange-Maxime Kazagui.
"Nous sommes à la moitié du chemin, il faut continuer en raison gardant", a-t-il ajouté.
Le Premier ministre et le porte-parole du gouvernement ont tous deux rappelé que des mécanismes avaient été mis en place dans l’accord en cas de mécontentements.
- "Discussions" -
Dans la nouvelle équipe gouvernementale, aucun ministère régalien n’a changé de titulaire. Six des quatorze groupes armés ont obtenu des ministères.
Dans un communiqué, le FPRC a estimé que Bangui avait "étouffé dans l’oeuf l’espoir" mis par le peuple centrafricain dans l’accord de paix de Khartoum en "jouant au +on reprend les mêmes et on recommence+".
Des "discussions" sont en cours et "sont déjà en train de porter leur fruit", a indiqué le porte-parole du gouvernement estimant que "la raison va prévaloir".
Abdoulaye Hissène, chef rebelle de l’ex-Séléka considéré comme homme militairement fort du nord-est du pays, "veut absolument entrer au gouvernement", a indiqué à l’AFP une source proche du gouvernement affirmant que "c’est à ce niveau que les discussions patinent".
"Bientôt il y aura certains représentants de ces ex-groupes armés qui auront l’opportunité de servir la nation", a indiqué M. Kazagui.
Lundi, des barricades ont été montées par un des groupes armés réfractaires au gouvernement, le Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC), aux alentours de Zoukombo (nord-ouest), à une centaine de km de Bouar.
M. Kazagui a bien noté "quelques expressions d’humeur" depuis dimanche, "à Bouar aussi bien qu’à Ndele (nord) où il y a quelques barrages de route".
- 80% du territoire dominé par les groupes armés -
Cet accord de paix, soutenu par tous les partenaires de Bangui et préparé depuis 2017 par l’Union africaine, est le huitième signé depuis le début de la crise en 2013.
A l’époque, la marche de la Séléka sur Bangui avait déclenché une riposte des milices antibalaka autoproclamées d’autodéfense, plongeant le pays dans un chaos dont il n’est toujours pas sorti.
Aucun des précédents accords de paix n’a abouti à un retour de la stabilité, pas plus que la Minusca, déployée en 2014 et forte de 11.000 Casques bleus.
Elle avait remplacé un déploiement français, Sangaris, et doit à terme laisser la place à l’armée centrafricaine, en reconstruction.
Riche en ressources naturelles, la Centrafrique est déchirée par la guerre depuis 2013. Près d’un quart de ses habitants ont dû fuir de chez eux et les combats sont quotidiens dans les provinces contrôlées à 80% par les groupes armés.... suite de l'article sur Autre presse