En Centrafrique, le nouveau gouvernement nommé dimanche est loin de faire l’unanimité. Ce cabinet ministériel était pourtant voulu par les accords de paix de Khartoum signés à Bangui le 6 février dernier, qui prévoyaient en effet la formation d’un nouveau gouvernement inclusif. Mais, depuis deux jours, les démissions s'enchaînent.
Ce mardi 5 mars au matin, c’était au tour de Bertin Béa, leader du mouvement politique KNK d’annoncer sa démission du nouveau gouvernement. Une décision prise en concertation avec le bureau politique du parti et avec l’accord de l’ancien président François Bozizé.
Du côté des groupes armés, c’est la Seleka-Rénové qui annonce son retrait de l’accord de Khartoum.
Beaucoup de mouvements donc depuis dimanche, surtout du côté des groupes armés qui dénoncent le manque de changement au sein du gouvernement et le non-respect de l’inclusivité promise dans l’accord, car un noyau dur d’une vingtaine de ministres proches du président Touadéra, en charge des ministères régaliens, est resté en place. Une petite dizaine de représentants des groupes armés a fait cependant son entrée.
C’est un mouvement de frustration qui se fait ressentir. Les groupes armés attendaient davantage de postes, et avec des portefeuilles plus importants. Mais dans l’accord de Khartoum ne figurent aucune mention de quota ni de précision sur le partage des ministères. C’est donc un bras de fer politique qui s’est engagé.
Appel à la retenue
Le Premier ministre centrafricain a fait une déclaration ce lundi. Il a affirmé que la nomination du gouvernement n’était que le début du processus. Des représentants des groupes armés se verront donner l’opportunité de rentrer dans les services de la présidence, de la primature ou encore dans les organes de suivi de l’application de l’accord. Selon les autorités, l’inclusivité ne consiste pas seulement à l’entrée dans le gouvernement, mais dans toutes les couches des organes décisionnels.
Sur le terrain, le FDPC aurait coupé la route nationale 1 en réaction à sa non-participation au gouvernement. Une journée ville morte a été décrétée hier dans la ville de Ndele. Globalement, la situation reste toutefois calme dans le pays. D’ailleurs, l’ensemble des acteurs, groupes armés comme gouvernement, appellent à la retenue et à la non reprise des combats.