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Interview: « Je pense que l’accord de Khartoum est un acte politique fort, qui reste à transformer en chemin de paix.

Publié le jeudi 21 mars 2019  |  Regards d`africain
Martin
© Autre presse par DR
Martin Ziguélé, ancien premier ministre de Patassé et président du MLPC
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La situation toujours préoccupante de la Républicaine Centrafricaine a été au centre d’une interview que l’honorable député Martin Ziguélé et président du parti Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC) a accordé à notre Rédaction. Il a abordé sans détour les sujets brûlants d’actualité, notamment les accords de paix de Khartoum et leurs conséquences directes sur la vie politique du pays, le rôle grandissant de la Russie en Centrafrique, la polémique autour du Fcfa, et tant d’autres points relevant aussi bien de la politique nationale qu’internationale.

Regards d’Africains de France : Un accord de paix a été signé le mercredi 6 février à Bangui entre le pouvoir et les groupes armés, lequel accord a pour objectif de mettre fin aux violences qui ravagent la République centrafricaine depuis 2013. Quel est rétrospectivement le sentiment qui vous anime au plus profond en tant que citoyen et acteur politique de premier rang?

Martin Ziguélé : Un adage dit qu’il vaut mieux un mauvais arrangement qu’un bon procès. De même l’histoire des crises politiques nous enseigne que les meilleures solutions de fin de belligérance sont les discussions politiques aboutissant à un compromis dynamique. Je pense que l’accord de Khartoum est un acte politique fort, qui reste à transformer en chemin de paix. Ce chemin est plein d’inconnues, mais il doit être balisé d’une part par notre Constitution, et de l’autre par les Résolutions du Forum de Bangui qui rejettent l’impunité. La paix a certes un prix, mais il faut construire une nation où chaque citoyen doit être conscient de ses devoirs, en dehors de ses droits.

A peine signé, cet accord a suscité de nombreuses critiques voire même du scepticisme parmi la population centrafricaine. Que faut-il faire pour éviter de reproduire les erreurs des accords précédents?

Le scepticisme de nos concitoyens est légitime et s’explique aisément. Nous en sommes au huitième accord de paix en deux décennies, et notre longue crise n’a connu que des périodes d’accalmie. Cependant comparaison n’est pas raison. L’accord actuel tire les leçons des échecs passés en prévoyant dans ses dispositions un mécanisme de règlement des différends, et surtout, grande première, une batterie de sanctions contre les contrevenants à cet accord.

Cet accord prévoit la création d’une commission mixte chargée d’étudier les cas des dirigeants de groupes armés pour la plupart sous mandat d’arrêt ou cités dans des rapports d’ONG pour violations des droits de l’homme. N’y voyez-vous pas un sordide arrangement pour leur éviter un procès par la Cour Pénale Spéciale centrafricaine ?

L’accord est très clair sur la justice : il n’y aura pas d’amnistie puisque les crimes qui relèvent du Statut de Rome créant la CPI sont imprescriptibles et non amnistiables. De même les crimes relevant de la Cour Pénale Spéciale relèvent d’un accord international entre notre pays et la communauté internationale. Les attributions de la Cour Pénale Spéciale comme ceux de la CPI relevant donc des engagements internationaux de la RCA, ils ont un caractère supranational et échappent à tout « arrangement » comme vous dites. L’Accord de Khartoum, selon le principe de subsidiarité qui stipule la prise en charge des crimes non gérés par les cours supranationales, dispose qu’une commission mixte sera créée afin d’étudier les conditions de mise en place de la Commission Vérité Justice Réparation et Réconciliation, ainsi que la typologie de crimes de sa compétence afin de rendre justice au peuple centrafricain.
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