Steve Biko le précisait avec grande justesse :
« L’arme la plus puissante entre les mains de l’oppresseur est l’esprit de l’opprimé. »
Et la crise sans fin en Centrafrique n’en est que la meilleure des démonstrations.
Je lis régulièrement des intellectuels centrafricains nous expliquer que la crise en RCA serait très complexe, mais sans expliquer en quoi tient cette complexité.
Alors qu’en vérité, elle est d’une simplicité enfantine.
Les centrafricains, comme par ailleurs l’essentiel de l’Afrique noire ne s’est jamais guérie des maux coloniaux dont elle n’a conscience.
Maux qui au delà des souffrances, sont surtout culturels et émotionnels à caractère de “lobotomisation”.
Nous ne nous appartenons pas, nous sommes des dépravés dépendants, encore et toujours.
Nous ne faisons que singer les occidentaux, et mal !
Ce qui au milieu, justifie toutes les dérives en local.
Sans conscience de notre propre histoire, que nous cherchons même pas à connaître, à part faire les haut parleurs décérébrés de ce que les blancs nous en disent – “Les histoires de chasse sont toujours racontées par les chasseurs” – nous voilà depuis des décennies devenus les jouets de toutes sortes de prédation et de manipulation.
A commencer par les religieuses, toujours promptes à combler les cerveaux vides. Et jeu facile dans un pays illettré à plus de 80%.
La politique revue chez nous devient culture de mafias entre amis.
Et personne ne s’émeut de tous ces dictateurs non élus qui se perdurent au pouvoir sans discontinuer.
Car si un tant soit peu, une république africaine ait un sens, elle se doit de respecter sa Constitution et donc de s’éviter des coups d’état et des monarques à vie, déguisés en présidents.
On ne peut s’étonner des meurtres en RCA sans comprendre le fait qu’il n’existe pas dans ce pays un modèle de bonne gouvernance.
Et sans direction, ne serait-ce que morale, un peuple retombe très vite dans l’animalité et le pire de l’humain.
Cela est valable en Afrique comme partout ailleurs.
C’est peut être loin, mais les révolutionnaires français de 1789 tuaient à tout va, comme actuellement en RCA.
Mais eux, “l’histoire” ne les qualifie pas de sauvages.
Fondamentalement, la grave crise centrafricaine est UNE CRISE D’IDENTITE d’un peuple qui ne se connaît pas, d’un peuple contraint à cohabiter dans des frontières artificielles, d’un peuple qui année après année s’est habitué à se haïr sous le vernis des 5 couleurs.
L’extrême, ce sont les meurtres, mais au quotidien, la détestation de l’autre est monnaie courante, sans même que l’on s’en aperçoive, tellement c’est naturel.
Et si on ne se guérit pas de cela, ce n’est même pas la peine de parler d’autre chose. Car nous serons condamnés à répéter les mêmes drames.
Maintenant, on veut nous plaquer de l’extérieur des fausses apparences de démocratie, en nous imposant des élections artificielles sans même nous consulter sur le contenu, le fond, et encore moins des dates de leurs tenues.
Dans quel pays “normal” il revient à l’étranger de décider de ce qui relève de l’auto détermination d’une nation, à savoir la tenue des conditions et des dates des élections ?
Cela ne saurait marcher si le problème fondamental d’absence d’identité nationale n’est pas résolu.
On peut mettre en place des élections autant que l’on veut, ce sera aussi efficace que le ravalement de façade d’une bâtisse pourrie de l’intérieur.
Une sorte de bandage sur une jambe de bois.
Seules les apparences seront affectées sans toucher au fond des problématiques.
Et tant que nous accepterons de nous faire bêtifier par l’extérieur concernant quasiment tout, nous ne resterons que des enfants violents, irrationnels, illettrés et sans avenir.
Car un pays qui ne s’assume pas, qui ne se connait pas, n’existe pas.
Ce n’est qu’une expression géographique, pour reprendre Metternich.
En outre, pas d’élections crédibles dans un pays en crise, et où même l’ETAT n’est qu’un amusement.
Donc, le peu de gens qui ira voter ne sera pas représentatif de toute la Nation, ce qui ne fera à coup sûr que relancer les rébellions de nouveau.
Le principe d’une transition politique était en soi une excellente idée, après tant de décennies d’autocratie tyrannique et de népotisme.
Mais on s’est très vite aperçu qu’elle fut pervertie aussitôt par les tenants même de cette transition, replongeant dans les habituels maux de nos “dirigeants”, le clientélisme, l’opportunisme et les prédations économiques, sans même parler des vides de vision politique.
La gestion à “la chef de village” de nouveau fait loi.
Avant le dit “Dialogue national”, un de plus, étrangement, les loups Séléka et Anti-Balaka se déguisent en agneaux.
Ce sont dorénavant des partis politiques.
Manière de passer en pertes et profits tous leurs crimes passés et récents.
Ainsi, une fois de plus, aucun modèle n’est offerte à notre jeunesse pour l’inspirer.
Elle qui ne subit que les injustices, la précarité, et voient les dominants toujours jouir de l’impunité absolue.
La semaine dernière la police de la Minusca a procédé à l’arrestation d’une trentaine d’individus, de simples petits bras, quand on sait que les vrais chefs des criminels ont audience auprès du pouvoir, et sont soutenus, il faut le dire, par la communauté internationale.
Autrement, comment expliquer que la Minusca, la Sangaris et les représentations diplomatiques à Bangui aient assisté à la mascarade de Ngaissona récemment, déclarant que les Anti-Balaka devenaient parti politique ?
C’est fort de tout cela que je m’inscris en faux à la tenue des élections dans de telles conditions, dont par ailleurs nul n’en connaît les dates.
Et pour cause, il n’y a pas d’argent pour les financer.
Toutes les déclarations à propos ne sont que pures spéculations.
PML