La rumeur fait partie des facteurs qui ont contribué à mettre en danger la paix et la stabilité de la Centrafrique. Dans un pays qui connait un climat sécuritaire aussi fragile, les fausses informations peuvent inciter un groupe à agir violemment et inutilement.
C’est pour prévenir les conséquences de cette mauvaise pratique que, du 11 au 18 mars 2019, une série d’ateliers de sensibilisation sur la gestion de la rumeur a été organisée par la MINUSCA en direction de 400 leaders d’opinion issus des syndicats des travailleurs du public, des enseignants, des membres d’associations de parents d’élèves et de celles de Planète Femmes Centrafrique, ainsi que des artistes (musiciens, comédiens, dramaturges).
L’objectif de ces sessions était de comprendre le phénomène de la rumeur et ses conséquences néfastes voire mortelles, de combattre cette pratique et suggérer des stratégies pour réduire le risque de l'émergence et la propagation du phénomène.
Afin de toucher le mal du doigt, des cas vécus ayant contribué à alimenter la crise dans le pays ont été relevé par les participants à travers les échanges et les présentations. C’est entre autres le cas de Achta, une des participantes, qui a vu sa maison pillée au quartier Lakouanga (2e arrondissement de Bangui), suite à une rumeur qui prétendait qu’elle détenait des armes à son domicile. « J’ai tout perdu en quelques minutes » a-t-elle témoigné.
C’est aussi le cas de Blaise (nom d’emprunt), un des artistes présents à l’une des sessions, qui a expliqué quesonneveu a trouvé la mort par noyade en fuyant le quartier suite à la rumeur d’une attaque contre les hommes de son quartier. La mort de l’enfant a eu des conséquences sur l’état mental de la mère ainsi que sur le reste de la famille. Toutes ces rumeurs se sont avérées infondées.
De manière générale, à l’issue des séances, les participants ont accueilli favorablement cette initiative de partager avec eux autour d’un thème aussi important.
Les leaders d’opinion, quant à eux, se disent conscients des dangers de la propagation des rumeurs ou de fausses informations et ont proposé des stratégies allant de la vérification systématique des informations, en passant par la sensibilisation des populations, de manière permanente. Et ce, en commençant autour d’eux même, au sein de leur famille, sur leurs lieux de travail ou de culte ainsi que dans les écoles. Ils ont, dans l’ensemble, exhorté le gouvernement et les partenaires, particulièrement la MINUSCA, à s’impliquer véritablement à travers les médias pour éduquer les populations.
Rappelons que ces sessions entrent dans le cadre de la campagne de sensibilisation sur la culture de la paix, entreprise par les autorités centrafricaines, les associations et organisations, avec l’appui de la MINUSCA.