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Centrafrique : Je vous salue femmes de Zemio et du Haut-Mbomou
Publié le mardi 2 decembre 2014  |  KongoTimes
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Depuis février 2008, l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA), une rébellion Ougandaise est entrée en République Centrafricaine et s'est installée dans la préfecture du Haut-Mbomou. Zemio et toutes les villes de la région payèrent un lourd tribut aux exactions des hommes de Joseph Kony : meurtres, razzias, pillages, viols, incendies...

Zemio est une ville de l'extrême sud-est de la République Centrafricaine dans la Préfecture du Haut-Mbomou dont elle est l'une des sous-préfectures. Située à 1025 Km de Bangui et 2427 Km de Douala, elle est peuplée d'environ 10.000 habitants et se situe à quelques kilomètres du point le plus inaccessible d'Afrique (RN2 Zemio-Obo).

Depuis février 2008, l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA), une rébellion Ougandaise est entrée en République Centrafricaine et s'est installée dans la préfecture du Haut-Mbomou. Zemio et toutes les villes de la région payèrent un lourd tribut aux exactions des hommes de Joseph Kony : meurtres, razzias, pillages, viols, incendies... Face à l'impuissance mais surtout l'inactivité des autorités de l'époque, sous impulsion de l'Union Africaine et des USA, une force d'intervention regroupant des unités de l'armée Ougandaise et des autres pays dans lesquels sévissent les hommes de Kony fut mise en place. C'est dans le cadre de cette force que des éléments de l'Armée Ougandaise sont présents dans le Haut-Mbomou depuis quelques années.

Cette présence Ougandaise et Américaine dans le Haut-Mbomou, même si elle n'est pas encore parvenue à mettre totalement hors d'état de nuire les hommes de Kony, sanctuarisa la préfecture et empêcha la Seleka d'y sévir. Paradoxalement, le Haut-Mbomou qui est la préfecture la plus pauvre et la plus isolée de la RCA est le seul de ses territoires qui peut rappeler ce que fut l'ancien Centrafrique puisque la horde destructrice venue des confins du nord n'y est pas entrée. Les mairies, les églises, les locaux administratifs ne furent pas incendiés et les atteintes aux droits de l'homme constatées dans les autres préfectures n'y connurent pas la même ampleur. C'est la seule préfecture où les FACA n'ont pas fait de repli tactique et le seul endroit de la RCA où ils patrouillent encore arme à la main.

Depuis une dizaine de jours, Zemio et certaines localités du Haut-Mbomou basculent successivement dans la violence intercommunautaire : Chrétiens VS Musulmans. Des maisons pillées et incendiées, des morts et des blessés.

Il y a quelques mois de cela, j'avais conseillé aux femmes de Centrafrique de faire la grève du sexe et de la cuisine pour trois jours. Elles obligeraient par cette voie les hommes à cesser de prendre le pays en otage à cause de leur égoïsme.

Aujourd’hui (22 novembre 2014), les femmes de Zemio ont à leur manière fait entendre leurs voix...elles se sont mises nues pour EXIGER LA PAIX.

La nudité de la femme en Afrique est sacrée. Son exposition volontaire dans un acte de colère, d'expression de ras le bol est une malédiction. Les femmes de Zemio, l'une des villes les plus pauvres de la RCA et qui dit endroit le plus pauvre du Centrafrique signifie le plus miséreux du monde, ont voulu par cette marche, j'en suis convaincu, non seulement exprimer leur ras le bol mais aussi maudire tous ceux qui, matin, midi et soir, à Bangui et ailleurs, ne font que pousser pour qu'on aille à des élections alors que l'urgence est la stabilisation et le redressement.

Ce n'est pas à Bangui, on ne va pas les accuser de rouler pour telle ou telle personnalité. Ce n'est pas à Bangui, on ne dira pas que ces femmes sont financées par X ou Y. Ce n'est pas à Bangui mais c'est aussi la colère des femmes de Bangui et de toute la RCA qu'exprime la nudité de celles de Zemio et du Haut-Mbomou.

Je croyais qu'à Zemio, les gens marcheraient pour les élections (même au rabais) et la légalité constitutionnelle parce qu'ils n'ont pas de sécurité et que les communautés se trucident. Je croyais que Février ou Juin 2015 était pour eux une condition sine qua none pour que cesse la tragédie centrafricaine. Pour les femmes de Zemio et du Haut-Mbomou c'est E YE SIRIRI, juste la PAIX et pour la paix, elles se sont dénudées. Cette colère qui gronde, ce bruit inaudible qui commence à être perceptible, débordera bientôt Zemio et des quatre vents de la RCA, ravagera tout sur son passage si l'on continue de s'amuser avec la vie, que dis-je, la survie de cinq millions de personnes.

Que celui qui a des oreilles pour entendre, les entende. Entre la légalité constitutionnelle et la paix, les femmes de Zemio et du Haut-Mbomou ont choisi la paix. Moi aussi je fais comme elles.

[Clément De Boutet-M'bamba]
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