Centrafrique : ‘’ Avec ce nouveau gouvernement, nous voulons associer tous les fils du pays à la reconstruction nationale’’, Dixit le PM Firmin Ngrébda
Publié le mardi 26 mars 2019 | Le Potentiel Centrafricain
Bangui, Le premier ministre centrafricain Firmin Ngrébada qui est l’homme de la situation de l’heure en ce qui est de l’actualité politique, ne se cache pas dans sa caverne comme le pensent certains observateurs de la vie politique. Firmin Ngrébada est toujours ouvert à tous les débats qui concernent la vie de la nation. Lors d’une interview accordée, le premier ministre centrafricain à balayer de revers de la main, les fausses rumeurs qui fusent de partout sur la gouvernance du président Touadéra, le processus du dialogue, la mise en place du gouvernement et l’avenir politique du régime. Voici donc la teneur de l’interview…
Monsieur le Premier Ministre Firmin Ngrébada, dites-nous quelle garantie avez-vous donné aux chefs rebelles pour obtenir l’Accord de paix d’Addis-Abeba ?
Vous parlez de garantie ! Je pense qu’Addis-Abeba est un rendez-vous pour échanger sur les malentendus après la publication du gouvernement le 6 mars dernier. Nous avons compris quel a été les préoccupations des responsables des groupes armés, vu que dans nos discussions à Khartoum, en réponse à leur demande de participer aux affaires de l’Etat. On leur a dit que nous allons répondre à cette demande, étape par étape. Donc, la formation de ce gouvernement est une première étape. Sous l’autorité du Président de la République, nous étions en train voir qu’est-ce qu’il faut faire pour élargir la base de participation des membres des groupes armés dans les différentes structures de l’Etat. Donc, c’est cette démarche qui n’a pas été bien comprise, mais à Addis-Abeba nous nous sommes compris et je pense que les choses vont cette fois si aller de l’avant.
En 2013, lorsque le Pr Faustin-Archange Touadéra était Premier Ministre, un pareil Accord avait été pourtant terminé par un coup d’Etat conduisant la séléka au pouvoir. Est-ce que dans ce cas de figure le régime a peur ?
Non, je ne suis pas là pour parler du passé, c’est vrai en 2013, il s’est produit des événements très dramatiques après l’Accord de Libreville. Mais, nous espérons que les engagements qui sont pris de part et d’autre seront cette fois tenu, permettra au pays d’avoir la paix et la stabilité.
En Centrafrique tout le monde dénonce le double jeu de la Communauté Internationale dans le changement des positions des rebelles. Qu’en pensez-vous ?
Je ne suis du genre à confirmer sur des préjugés, je n’ai pas la preuve de ce qui se dit. Mais, je pense qu’il faut soutenir et encourager les amis qui viennent au chevet du pays afin de le faire sortir définitivement dans cette crise, si nous continuons à accuser les uns et les autres. Je pense que sa créerait une démotivation et on resterait dans la situation que nous connaissons aujourd’hui.
Le prochain gouvernement signifiera le partage du pouvoir avec les rebelles. Est-ce que c’est la fin des violences dans le pays ?
Je pense qu’il faut changer d’approche ! Ce qui sera fait dans les heures à venir, il faut l’analyser en termes de l’inclusivité. C’est donc une manière d’associer tous les fils du pays à participer aux actions de reconstruction du pays sous l’autorité du Président de République, Chef de l’Etat.
Quel est l’apport concret de la Russie dans cet Accord ?
La Russie est un partenaire du pays au même titre que les autres partenaires de la RCA. Pourquoi cette fixation sur la Russie !
Mais cela compte lorsqu’on suppose que vous avez été imposé par la Russie pour être nommé à la tête de ce gouvernement ?
Mais vous m’apprenez une chose que j’ignorais, une fois de plus ! Ce sont des sublimations.
Vous n’avez jamais été un produit de la Russie, par ce qu’on sait que c’est vous qui avez rapproché le Président Faustin-archange Touadéra de la Russie ?
(Rires…) Vous en avez vraiment appris auprès des Russes ! C’est que je sais, c’est que sous l’autorité du Président de la République, j’essaie de travailler avec tout le monde. Donc, il faut éviter à faire des fixations sur la Russie. J’ai de très bonne relation avec les autres partenaires du pays au même titre que ceux de la Russie.
Est-ce que l’accession à la Primature signifie la signature des contrats miniers avec la Russie ?
C’est ce qui se dit à un moment. Mais, je voudrais que ceux qui inventent ces histoires en apportent les preuves. A ma connaissance, nous avons signé de contrat avec la Russie, si cela devrait se produire, cela doit se faire conformément aux Lois en vigueur au même titre que d’autres sociétés. D’autres peuvent venir s’installer ici, il n’est pas interdit que pour les autres parties du monde peuvent venir s’installer s’ils ont la possibilité de venir nous aider à mettre en valeur. Donc, nos ressources naturelles, le tout c’est de les gérer conformément à la Loi de notre pays.
Quels sont les rapports Centrafricano-Russie ?
Mais pourquoi vous fixez l’interview sur le rapport Centrafrique-Russe ! Les relations de la RCA et la Fédération Russie sont au même titre que celles qui sont connues avec les autres partenaires du monde entier.
Ça signifie que Russie-Centrafrique c’est comme France-Centrafrique ?
Mais pourquoi cette fixation sur la Russie ? Je dis que le pays qui est sous l’autorité du Président de la République, en termes de diplomatie le pays est prêt à travailler avec tous les Etats du monde, pas seulement avec la Russie et mieux, on a aucun problème avec nos partenaires traditionnels et historiques.
Et pourtant la Centrafrique a un Accord militaire avec la Russie, mais les rebelles continuent à bomber la torse, n’est-ce pas un échec pour la Russie dans son apport pour la stabilité de la paix en RCA ?
Ça, c’est peut-être votre manière d’analyser les problèmes ! Mais, je dis que nos relations avec la Fédération de la Russie sont bonnes. Maintenant, la question d’agissement des groupes armés sur le terrain, c’est une question que nous prenons au sérieux et nous essayons de trouver par des voies et moyens comment les résoudre.
Mais, pourquoi la Russie approche en même temps les rebelles et le gouvernement, est-ce que pour vous, ça représente un danger ?
Ça ! C’est vous qui le dites, moi je, n’en ai pas les preuves.
Donc vous êtes serein, tout va bien ?
Je ne suis pas totalement serein, nous sommes dans un pays qui sort d’une longue crise et qui a besoin de beaucoup de défis. Aujourd’hui, le Chef de l’Etat m’a confié des responsabilités de conduire le gouvernement avec un objectif qui est d’apporter les solutions aux problèmes qui sont au centre des préoccupations des Centrafricains. Donc, dans cette logique je ne peux pas être serein au regard des défis qui m’attendent.
Comment vous allez cohabiter avec les rebelles dans le gouvernement ?
Les frères qui ont pris les armes sont des Centrafricains, je pense qu’aujourd’hui nous sommes dans une dynamique de paix et je suis convaincu de la disponibilité des uns et des autres à être un acteur de paix, je n’ai pas de raisons à m’inquiéter.
Est-ce que vous allez laisser la latitude aux rebelles, par ce qu’on sait que tout ce qui manquait aux rebelles c’était l’administration, pour vous n’est-ce pas moyen de leurs donner le pouvoir ?
Je pense qu’il faut changer de mentalité. Il faut placer les problèmes dans leur contexte. Aujourd’hui, nous sommes dans une dynamique de paix matérialisée par le récent Accord de paix et de la réconciliation nationale. Donc, dans ce cadre général, je pense qu’il faut changer la manière de voir les choses. On ne peut continuer de juger sur des préjugés. Aujourd’hui je suis optimiste et convaincu que nous sommes dans la bonne direction avec un peu de paix et de stabilité et ensemble, nous allons remettre petit-à-petit ce pays-là debout.
Nourredine Adam est recherché par la justice internationale, proposé Vice-Premier Ministre, est-ce que pour vous ça sonne bien ?
Vous savez ! J’ai lu depuis la fin des discussions d’Addis-Abeba tout ce qui se dit sur les réseaux sociaux. On ne peut jamais diriger un pays avec les rumeurs, si vous voulez me sonder pour avoir les premières informations sur la configuration du nouveau gouvernement, je vous dis que ce qui se dit n’est pas tout à fait vrai.
Donc vous n’aurez pas de vice-PM rebelle ?
Je ne suis pas tenu à répondre à cette question et je ne vois plus de rebelle, je ne vois que des Centrafricains qui vont se mettre ensemble pour travailler à la reconstruction de ce pays.