Au coeur de conflits armés et de trafics, la production diamantifère de la RCA s'est effondrée. De l'Est, fief de l'ex-rébellion, à l'Ouest, sous l'influence des milices rivales, les déchirements du pays ont tari un pactole qui manque cruellement aux caisses d'un Etat en faillite.
La clairière de Kassa Mogounda, nichée à 23 kilomètres au nord de Bria "la scintillante", haut lieu du diamant centrafricain et fief de l'ex-rébellion Seleka, tient autant de la ruche à ciel ouvert que de l'archipel balayé par un cataclysme. D'épais troncs déracinés gisent au hasard des remblais de glaise et de terre, enjambant comme autant de passerelles un lacis de mares d'un gris laiteux.
Aux clameurs des "creuseurs" se mêlent le choc sourd des barres à mine, le clapotis des pelles à long manche fouaillant l'eau boueuse, le roulis des cailloux dansant sur de larges tamis, le ronflement d'une moto pompe et le crépitement des braseros des gargotes plantées sur les berges. Ouverte au coeur de l'été, cette mine grignote la forêt, de puits en tranchées.
A sa tête, un chef de chantier prénommé Gabin, flanqué de son adjoint, Mahamat. L'un chrétien, l'autre musulman. Le second a enseigné au premier, paysan tombé par hasard sur une prometteuse strate de gravier, l'art de la fouille. Les équipées barbares qui ravagent depuis mars 2013 l'ancien Oubangui-Chari auraient-elles ébranlé leur tandem? "Jamais!" assurent-ils en choeur.
Tant pis pour les maniaques du conflit confessionnel ; pas plus que l'argent n'a d'odeur, les gemmes n'ont de religion. A l'en croire, le gendarme de 2e classe Bertrand Tossoué a, quant à lui, foi dans la loi, si fictive soit-elle. Droit de prospection, patente, cahier d'artisan-minier, carte d'ouvrier : chef par intérim de l'Unité spéciale antifraude (Usaf) de Bria, il décline règles et tarifs. Las ! son équipe ne dispose d'aucun véhicule. "Pour visiter les sites, admet-il, on loue des motos..."
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