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Centrafrique : Succès du projet 3X6 d’Oxfam

Publié le samedi 6 avril 2019  |  RJDH Centrafrique
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BANGUI, Dix-neuf petits commerces employant près de 300 individus ont été créés en République Centrafricaine, suite à la réalisation d’un projet Oxfam financé par le gouvernement japonais à hauteur de 77 414 664 FCFA (132 605 dollars) et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) à hauteur de 41 800 000 FCFA (71 600 dollars).

Ce projet, dénommé « 3X6 » car se déroulant en trois phases de 6 mois, avait comme double objectif d’appuyer la relance économique du pays, tout en offrant des opportunités à ceux le plus à risque d’être recrutés par des groupes armés. Il s’est surtout focalisé sur la réintégration des jeunes sans emplois, des groupes vulnérables et des retournés.

Casquette en tête et vêtu d’un T-shirt blanc Oxfam, Samba Monges Bienvenu, assistant en communication et plaidoyer, présente les détails du projet : « La première phase, appelée « Inclusion »,a regroupé cinq cent jeunes bénéficiaires, qui ont été ciblés durant les Travaux de Haute Intensité des Mains d’Œuvres appelées ‘THIMO’. Puis dans un second temps, « l’Appropriation », les groupements se sont créés dans leur localité et secteur respectif. Enfin, la troisième phase était dévolue à l’accompagnement technique de ces groupements. Elle consiste à les appuyer en termes de formation, non seulement sur les différents domaines choisis, mais aussi sur la gestion de conflits, la culture de la paix, la cohésion sociale, et ainsi les aider à obtenir les différents documents juridiques. Elle vient de prendre fin en ce mois de mars 2019 ».

« Grâce à Oxfam, nous avons bravé le chômage », Solange Koudoufara, membre du groupement de couture ACJ5, bénéficiaire du projet Oxfam 3X6
A 9h30 précises, nous arrivons au quartier Ambassana dans le cinquième arrondissement de Bangui. Avec une équipe d’Oxfam forte de cinq personnes, nous venons à la rencontre du « Collectif des Jeunes du cinquième arrondissement (ACJ5).

Le président de l’association, Lorsengue Anges Olivier, présente son activité : « Nous travaillons dans le domaine de la couture mixte. Nous sommes au nombre de dix-sept, dont dix femmes et sept hommes ».

Il revient sur quelques difficultés rencontrées en ces termes : « Sur le terrain, notre principale difficulté est liée à la concurrence. Au quartier Ambassana, il y a beaucoup de couturiers et notre positionnement aussi ne nous permet pas d’avoir de clients tels que nous l’aurons souhaité. Le second problème est lié à l’insécurité qui plane dans le cinquième arrondissement. De temps en temps, nous sommes victimes de braquage et de vol au cours desquels nous perdons du matériel et parfois même les commandes de nos clients », regrette-t-il.

Assise sur une chaise en bois à l’opposé des visiteurs, Solange Koudoufara, une des membres du groupement, souligne les effets bénéfiques du projet et émet quelques vœux pour l’avenir : « Le projet 3X6 a permis à chacun d’entre nous de se prendre en charge et de subvenir aux besoins de sa famille. Grâce à Oxfam, nous avons bravé le chômage. Nous demandons à Oxfam et les bailleurs de continuer dans ce sens. Nous souhaitons aussi recevoir de leur part des séries de formation, non seulement dans le domaine de la couture, mais aussi dans d’autres domaines d’activités socioprofessionnelles», suggère-t-elle.

Nous quittons ensuite le cinquième arrondissement pour la commune de Begoua, à la sortie Nord de la capital, route de Boali. Dans cette partie du pays, le ciel est dégagé. Il n’y a pas assez d’arbres et la chaleur est intense. Le siège de l’association des « Jeunes Bâtisseurs de la Paix » est construit en briques cuites compartimentées, juxtaposé à l’école de Begoua. La première pièce sert de dortoir pour cinq cent poulets, tandis que la seconde est un grenier. On y trouve des sacs de maïs, d’arachides, de blé, d’ossements d’animaux transformés en poudre et des vitamines.

Gbangandibbo Jacob, président de l’association, raconte leur quotidien : « Nous élevons et vendons des poulets de chairs. Présentement, nous élevons 500 poussins qui totalisent déjà trois semaines. Pour grandir à la taille maximale il faut quarante-cinq jours. Sur le marché, le prix des poulets varie selon leur taille, mais le prix commun s’élève à 3500 FCFA. Nos difficultés sont relatives à l’alimentation de ces poussins. Un poussin qui ne mange pas pendant 4 heures succombe et cela constitue une grosse perte », raconte-t-il.

Père de quatre enfants, Jacob ne saurait comment décrire ses sentiments envers l’équipe d’Oxfam. « Les mots me manquent pour exprimer ce que je ressens. Le soutien de l’ONG Oxfam est intervenu à un moment fort de la crise. J’avais tout perdu et j’avais vraiment besoin d’aide pour me relancer. Grâce au financement du gouvernement japonais et du PNUD géré par Oxfam, j’ai trouvé un métier. C’est grâce à ce poulailler que je paye la scolarité de mes enfants et certaines dépenses de ma famille. Je ne suis pas le seul bénéficiaire, c’est toute la communauté qui en tire profit. Nous souhaitons le meilleur à cette ONG et surtout qu’elle ne nous oublie pas », a-t-il témoigné.

« Cette activité m’a permis de payer la scolarité de mes enfants et de prendre soin de ma famille. », Aimé Trésor Guenefio, membre du groupement de petit commerce E Londo, bénéficiaire du projet Oxfam 3X6


Après avoir échangé plusieurs poignées de mains très chaleureuses, , nous prenons la direction de Boeing Canal dans la commune de Bimbo 3. Le trajet est long, les secousses sont épuisantes, mais le grondement des avions dans le ciel indique que nous y sommes. Le siège du groupement « E Londo » (« Levons-nous » en français) est un hangar en raphia, au cœur d’un quartier cosmopolite. Aimé Trésor Guenefio, 26 ans, est un membre actif de l’association. Lui-aussi présente les activités de son groupement : « Nous faisons de la saponification, c’est-à-dire de la transformation de savons locaux. Chacun a choisi d’épargner 1000FCFA de son salaire et nous nous sommes constitués en groupement. C’est grâce aux aides d’Oxfam que nous avons lancé notre projet. . Aujourd’hui je suis très content car cette activité m’a permis de payer la scolarité de mes enfants et de prendre soin de ma famille. Nous souhaitons que les ONG puissent continuer dans ce sens pour que plus de jeunes puissent sortir de la misère», a lancé Aimé Trésor Guenefio.

Dans un pays qui subit encore les séquelles de la rébellion de 2013, l’approche 3×6 est un véritable succès. Considéré comme un levier du relèvement socioéconomique et apprécié par la communauté, ce modèle mérite d’être dupliqué sur l’ensemble du territoire centrafricain afin d’offrir des opportunités à d’autres jeunes désœuvrés. Mais ceci ne sera possible que grâce à d’autres ONG nationales ou internationales, et surtout via l’apport financier des bailleurs de fonds qui constitue l’élément fondamental. // Rolf Domia

Oxfam en Centrafrique:

Présente en Centrafrique depuis janvier 2014, l’ONG Oxfam est une confédération d’environ vingt organisations internationales intervenant dans plus de 90 pays dans le monde avec un double mandat (Humanitaire et le Développement). En RCA, elle intervient d’une part dans le domaine de l’eau, hygiène, l’assainissement et la protection, et d’autre part dans le programme gouvernance. Elle est également dotée d’un programme de plaidoyer.
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