Depuis plusieurs mois, la capitale centrafricaine connait d’importantes pénuries d’eau. Cette pénurie d’eau est le lot du quotidien des banguissois et ils doivent prendre leur mal en patience.
Cette situation qui perdure dans la capitale semble être ignorée par ceux qui nous gouvernent. Il suffit aujourd’hui de faire un tour dans presque tous les quartiers de Bangui et au-delà de minuit, vous y verrez des femmes, enfants, hommes étalés sur des nattes attendant l’arrivée miraculeuse de l’eau courante de la Sodeca. Plusieurs ménages se promènent avec des bidons de quartier en quartier et parcours des fois plusieurs kilomètres à la conquête d’eau. Le décor est dramatique.
Aux environs de 22 heures à Kpetene St-jacques, Nephtali une petite fille de onze ans, venue aussi chercher de l’eau dort sur une natte avec ses sœurs dans l’attente de l’eau, toute épuisée car elle était là depuis 19 heures.
« Je suis là avec mes sœurs depuis 19 heures pour espérer avoir un peu d’eau pour la famille. Les parents nous envoient ici comme des éclaireurs et au cas où l’eau arrive, nous les alertons pour venir chercher de l’eau au risque d’être bousculé par les adultes », a témoigné Nephtali.
Pour se procurer de l’eau, il faut faire preuve de combativité pour en avoir un peu. Un homme avec sa voiture remplie de bidons jaunes et venu de Guitangola, outré par cette situation ne décolère plus face à cela, « C’est presque tous les jours que je m’emploie à faire cet exercice. Il faut quitter tôt la maison et faire preuve de combativité pour avoir un peu d’eau », s’est-il plaint, et pour lui c’est l’échec de la politique sociale du gouvernement, « l’eau, c’est la santé, la vie. Ne pas donner de l’eau à boire à son peuple est criminel. L’eau ! besoin de première nécessité, le gouvernement est incapable de nous la donner régulièrement. La vision et la volonté manquent à nos gouvernants. Leur priorité est ailleurs et ça se voit », a-t-il lâché.
A un autre point d’eau au niveau des 92 logements, des scènes de bousculade, de colère, d’incompréhensions et de colère sont fréquents car chacun veut être servi avant les autres.
Carole Sobou, une mère de foyer, ne cache plus son désespoir face à ce spectacle et ne désire qu’une chose que nos gouvernants fassent quelque chose, « Attendre des heures pour avoir un peu d’eau pour le ménage est un luxe que tout le monde ne peut pas se permettre et l’on passe parfois des journées entières décevant les points d’eau en espérant un éventuel ravitaillement. Je crois que le gouvernement a démissionné face à ce manque criard d’eau dans la capitale. Qu’il nous trouve une solution, on n’en peut plus », s’est-elle alarmée.
La pénurie d’eau potable est devenue un phénomène récurrent à Bangui ces derniers temps. Les femmes doivent se lever à 02 heures du matin pour aller à la quête d’eau dans un rayon de près de 2 à 4 km tous les jours. Le manque criard d’eau aujourd’hui dans la capitale centrafricaine a atteint le niveau d’une crise sociale.
Pour Anthelme Bambe, « un bidon de 20 litres plein d’eau est à 250 francs », « c’est insoutenable », selon lui. Malgré la présence d’une société étatique chargée de la distribution d’eau dans tout le pays (SODECA), la population centrafricaine est loin de voir son problème de « ravitaillement » en eau potable se résoudre.
Depuis plus de deux décennies, le Gouvernement est incapable de répondre aux besoins élémentaires du peuple centrafricain, seulement en eau potable. L’accès à l'eau et à des services d’assainissement est essentiel pour les droits humains et la dignité, ainsi que la survie des femmes et des hommes à travers le monde, en particulier les plus défavorisés. Aujourd’hui en Centrafrique, près de 5 millions de personnes vivent sans eau potable près de chez elles, passent d’innombrables heures à faire la queue vers des sources éloignées et à faire face aux conséquences sanitaires désastreuses de l’utilisation d’eau non-potable