Le Premier vice-président de l’Assemblée Nationale Jean-Symphorien Mapenzi, assisté de son collègue Mathurin Dimbelé Nakoé, a animé une conférence de presse le 12 avril 2019 à l’Hôtel Plazza de Bangui. Conférence laquelle, on notamment la présence de certains membres du gouvernement, des ambassadeurs et chefs de missions diplomatiques, de certains cadres et militants du Mouvement Cœurs Unis qui ont apprécié à leur juste valeur, la manière dont le président Mapenzi a donné des plus amples détails le contenu de l’Accord de paix signé. Dans ses éléments de réponses aux préoccupations des journalistes, celui-ci a fait comprendre aisément à tout le monde certaines zones d’incompréhension qui taraude les esprits des uns et des autres. Nous vous publions ici l’intégralité de son propos liminaires…
Mesdames et Messieurs ;
Distingués invités ;
C’est avec un réel plaisir que nous vous convions à cette conférence de presse consacrée à la présentation de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation en République Centrafricaine.
Nous voudrons avant tout vous remercier d’avoir répondu favorablement à notre invitation à travers votre présence.
L’objet de cette rencontre est de partager avec vous les informations contenues dans cet Accord en vue d’éclaire le peuple centrafricain, épris de paix.
Il s’agit donc d’un exercice à effet de permettre à nos compatriotes de s’informer sur ce que le Gouvernement a conclu avec les quatorze groupes armés sur la destinée de notre pays.
Mesdames et Messieurs,
Comme vous le savez tous, notre pays a connu des crises récurrentes qui ont compromis les efforts de développement et d’épanouissement des centrafricains. Cette situation s’est exacerbée avec celle de 2013.
L’unité nationale a été menacée, la cohésion sociale mise à rude épreuve, le projet et le repli sur soi ont fait naître le sentiment d’un disloqué.
L’armé nationale symbole de la souveraineté de notre pays a été ébranlé laissant ainsi le peuple centrafricain à son triste sort.
Sur le plan économique, nous avons assisté, médusés à la destruction du tissu économique, à la prédation et aux pillages des ressources minières et fauniques ainsi que nos actifs agro-pastoraux. Les idéaux du président Fondateur de la République Centrafricaine, Feu Barthelemy Boganda ont volé en éclat. La jeunesse, fer de lance du pays, a été déboussolée et a perdu tout espoir et confiance aux politiques qui n’arrivaient pas à lui offrir un avenir radieux.
Les groupes armés ont sanctuarisé une partie du territoire et soumis la paisible population à des souffrances indicibles. Mieux encore, notre pays a vécu une descente aux enfers. En dépit du retour à l’ordre constitutionnel et la brillante élection de son Excellence, Professeur Faustin-Archange TOUADERA comme Président de la République, Chef de l’Etat, le pays reste confronté à la persistance de la crise.
Mesdames et Messieurs,
Par sa volonté de main tendue, le Président de la République, Chef de l’Etat, a réussi à réunir le Gouvernement et les quatorze groupes armés en tenant à Khartoum en République du Soudan, du 24 janvier au 05 février 2019, un dialogue en vue d’obtenir un accord global consensuel de sortie définitive de crise.
Les parties prenantes, en reconnaissant que les souffrances du peuple centrafricain sont grandes et que tous doivent agir pour bâtir le bien commun au-delà des divergences politiques légitimes, et que toutes les filles et tous les fils de la République Centrafricaine doivent faire preuve d’un sens de patriotique élevé pour surmonter leurs différends afin de mettre fin à ces souffrances, se sont entendues et convenues sur un document dit « Accord politique pour la paix et la Réconciliation en République Centrafricaine ».
Mesdames et Messieurs,
Cet Accord politique pour la paix et la réconciliation en République Centrafricaine traite les quatre questions suivantes : la politique ; la justice et la réconciliation nationale ; la paix et la sécurité ; l’économie et le social.
Sur la composante politique
Cette composante regroupe toutes les questions relatives à la gouvernance politique notamment :
La mise en œuvre d’une politique inclusive à tous les niveaux en garantissant des niveaux élevés de capacité, compétence et intégrité ; la mise en place d’un mécanisme transparent de recrutement dans la fonction publique ; la reconstitution nécessaire de l’état civil dans le but de lutter contre le repli identitaire ; la mise en œuvre des Comités préfectoraux et techniques de sécurité ; la mise en place d’un plan national pour la prévention de l’incitation à la haine et à la violence ; une vaste campagne de sensibilisation sur la réconciliation nationale et la cohésion sociale afin de consacrer le vivre ensemble ; le respect de la Constitution et des Textes en vigueur ; le bannissement de la prise ou la conservation du pouvoir par la force ; l’organisation d’élection libre et transparente ; l’adoption d’un Code des collectivités locales afin d’élargir la base de participation aux affaires publiques de toutes les parties prenantes signataires de l’Accord ; la mise en œuvre de la décentralisation participative qui est un gage d’une Nation plurielle ; la redéfinition de la gouvernance politique pour introduire un cadre référentiel de redevabilité de la base au sommet ; le renforcement de l’ancrage démocratique en modernisant la vie et l’espace politique par la révision de la Loi sur les partis politiques afin de promouvoir les Droits de l’Homme et la culture de la paix ; la mobilisation des centrafricains autour d’une vaste réflexion sur la citoyenneté et les principes de laïcité et de la protection de la minorité ; la définition d’un statut pour les anciens présidents de la République.
Sur la composante justice et réconciliation nationale
Mesdames et Messieurs,
Les parties prenantes à l’Accord de paix ont librement admis : le principe de la lutte contre l’impunité afin de mettre en avant la justice ; la création des Comités locaux de paix afin de mettre en place une justice de vérité, la réhabilitation des victimes et la réconciliation nationale par un système de réparation consensuel ; l’identification des victimes, les biens publics et privés volés, les édifices religieux saccagés lors de la crise seront afin de constituer une base de données. Ainsi, les premières réparations symboliques seront entamées ; une commission vérité, justice, réparation et réconciliation sera instituée. Elle mettra en place un système de réparation, ceci afin de faire cesser définitivement les massacres dans notre pays.
Sur la composante paix et sécurité
Mesdames et Messieurs,
Le premier résultat attendu de l’Accord de paix est la cessation de toutes les violences et de toutes les exactions sur la population civile.
L’accord prévoit :
La création de l’Unité Spéciale Mixte de Sécurité composé des Forces de Défense et de Sécurité et des membres des anciens groupes armés. Elle est placée sous la supervision de l’Etat major et peut bénéficier de l’appui de la MINUSCA ;
La dissolution des groupes armés ;
La mise en place d’une commission chargée d’analyser les dossiers des réintégrations sociale dans la dignité, des réfugiés et des personnes déplacées ;
L’effectivité du DDRR en revisitant les organes de gestion et de la mise en œuvre ;
La sécurisation des couloirs de transhumance ;
Le recrutement sur la base équitables, inclusives et transparentes tout en garantissant la représentation de l’ensemble des composantes du pays.
Mesdames et messieurs,
DANS LE DOMAINE ECONOMIQUE
L’accent a été mis particulièrement sur l’accélération de la mise en œuvre du plan de relèvement et de la consolidation de la paix en République Centrafricaine afin d’offrir à chaque préfecture ainsi qu’aux arrondissements de Bangui des projets de développement.
Il s’agira de créer ou réhabiliter les marchés, les centres de santé, les points d’eau, les écoles…etc.
Il s’agira également d’organiser des FORA à Birao, BANGASSOU, BOUAR et MBAIKI en vue d’identifier des filières de productions génératrices d’emploi.
Mesdames et Messieurs,
L’Accord politique de paix et de réconciliation a prévu le règlement des litiges par la saisine des garants et facilitateurs. Il a prévu également les sanctions internationales en cas de violation. Voici le résumé, Mesdames et Messieurs, le contenu de l’Accord politique de paix et de réconciliation pour la République Centrafricaine. Cependant, nous devons nous poser quelques questions : devons-nous aller en guerre plutôt que faire la paix ? A-t-on trahi le pays à travers cet Accord ? A-t-on consenti l’amnistie à travers cet Accord ?
La réponse à ces questions est naturellement NON. Car, l’objectif visé par son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, à travers cet Accord, est véritablement de garantir la paix, faire prendre conscience à tous de la nécessité de régler la crise centrafricaine par le dialogue.
L’Accord politique de paix et de réconciliation, ne saurait contribuer à mettre fin à la crise centrafricaine sans que chacun n’y apporte sa contribution et fasse des sacrifices nécessaires pour soutenir véritablement les efforts du gouvernement. C’est pourquoi, nous devons tous nous réjouir en ce que l’Accord politique de paix et de réconciliation est pour notre pays :
Une véritable Charte de réconciliation ; Une volonté de laisser de côté la haine, la guerre et la négation de l’autre ; une entente pour la réhabilitation des victimes et la réparation des cœurs.
Mesdames et Messieurs,
Cet Accord est rendu possible grâce à la détermination de la Communauté internationale qui nous a appuyé et la volonté de tout le peuple centrafricain qui a décidé de mettre de côté la guerre. Nous profitons de cette occasion pour rendre un hommage mérité à son Excellence Monsieur le président de la République, Chef de l’Etat Professeur Faustin-Archange TOUADERA pour son engagement politique en faveur de la paix en Centrafrique.
A son Excellence Monsieur le Premier Ministre, Chef du gouvernement, Firmin Ngrébada, nous formulons nos vœux d’encouragement pour sa détermination patriotique sans laquelle cet Accord n’aurait été rendu possible
Mesdames et Messieurs,
Tel est le contenu de nos propos liminaires pour cette conférence de presse.