Bangui - Ce jeudi 4 décembre 2014, l’ancien Premier ministre et président du parti Convention républicaine pour le progrès social (CRPS), Me Nicolas Tiangaye a animé une conférence de presse à sa résidence privée sise au quartier Fouh dans le 8ème arrondissement de Bangui. Si l’occasion a été dédiée à l’annonce de la rentrée politique du CRPS prévue pour le 13 décembre prochain, Me Tiangaye n’est pas passé pieds-joints sur l’actualité brûlante de l’heure en RCA, notamment les questions de sécurité, de dialogue et des élections. Il a en également profité pour répondre aux accusations « mensongères » portées contre lui d’avoir soutenu la rébellion de la Coalition Séléka à renverser le régime de François Bozizé.
« Cette conférence de presse se tient en prélude à la rentrée politique de la Convention républicaine pour le progrès social (CRPS) qui aura lieu le 13 décembre 2014. » a précisé Me Nicolas Tiangaye – un lieu bien indiqué pour le CRPS de porter « un regard objectif, mais aussi critique que la situation tragique et dramatique que traverse notre pays depuis bientôt deux ans, afin d’en tirer les leçons et les enseignements utiles à sortir définitivement notre pays de cette crise suicidaire. » a-t-il ajouté.
Me Tiangaye a consacré un bon moment pour répondre à ceux qui l’accusent d’être, avec Martin Ziguélé président du MLPC, des acteurs ayant soutenu la rébellion Séléka dans sa marche sur Bangui ponctuée par la prise de pouvoir le 24 mars 2013. « J’ai préféré garder le silence sur les accusations que j’ai qualifiées de mensongères contre Martin Ziguélé et Maitre Nicolas Tiangaye et qui sont distillées par-ci par-là. On nous dit que c’est nous qui avions amené la Séléka à Bangui. Il ne suffit pas seulement de le dire ; mais il faut le prouver [...] Parmi ces accusations, il y a même un avocat radié pour malversation financière qui est allé jusqu’à dire qu’il y a une photo de Tiangaye et Ziguélé, le 22 novembre 2012 à Ndjamena. Cette photo-là, personne ne l’a vue jusque-là. » a relevé Me Tiangaye avant d’ajouter « Ceux-là qui disent qu’on a soutenu une rébellion, ils ne savent ce que c’est, puisqu’il y a trois formes de soutien à une rébellion : la première forme, c’est de financer cette rébellion, que ces gens apportent la preuve que nous avons envoyé de l’argent à la Séléka ; la deuxième forme, c’est la fourniture d’armes, qu’ils prouvent que nous avons acheté des armes et qu’on a livrées à la Séléka ; la troisième forme de soutien, c’est recrutement des hommes, certains disent même que Ziguélé est allé recruter des Tchadiens et que moi, je suis allé recruter des Soudanais, qu’ils nous apportent les preuves. » a-t-il martelé.
Au fait, selon Tiangaye tous ces faux débats ne font que tourner autour du pot les centrafricains, car dit-il, « la vraie et seule question qui doit être posée aujourd’hui, c’est celle de la responsabilité des chefs politiques et militaires du pays. Bozizé était le président de la République qui a le devoir constitutionnel de défendre le peuple centrafricain, de défendre l’intégrité du territoire et tous les biens des personnes sur le territoire. Il était le chef suprême des armées et son fils Francis Bozizé est le ministre délégué à la défense. C’est à eux que le peuple centrafricain devrait poser la question, ‘’comment vous avez fait pour que notre armée puisse connaitre un débâcle militaire ? Comment vous avez fait de notre armée pour qu’en l’espace de quelques jours, une poignée de rebelles puisse prendre le pouvoir après avoir parcouru 600 kilomètres ?’’ Ce qui constitue un précédent dans l’histoire du monde. »
Paradoxe chez Tiangaye ! L’ancien Premier ministre n’arrive pas à comprendre que malgré le sacrifice consenti au temps fort du pouvoir de Djotodia où il a pris le courage d’incarner l’Etat et mener une bataille sans merci pour que les forces internationales soient aujourd’hui déployées en RCA, il soit pointé du doigt d’avoir soutenu la Séléka : « Ce qui m’étonne, ce n’est pas que les gens m’accusent ; mais de voir des gens y croire, comme si les gens n’ont pas vu, ni entendu. » s’est-il indigné.
Outre cet aspect d’accusation, Me Nicolas Tiangaye s’est prononcé sur l’insécurité persistante dans le pays où le politique et homme de droit a estimé que seule l’application des Résolutions de l’ONU pour lesquelles il s’était battu pour que soient désarmés de force toutes forces négatives actives dans le pays. En ce qui concerne les élections, Me Tiangaye est catégorique : « il ne peut y avoir des élections dans la situation actuelle. », faisant allusion à l’insécurité généralisée encore persistante dans le pays. Quant au Forum de Bangui, le président du CRPS s’est aligné derrière les leaders religieux, et d’autres forces vives de la Nation pour soutenir l’idée d’un dialogue préalable à la base. Puis, il a insisté sur le caractère inclusif, évoquant la participation des principaux protagonistes, notamment Bozizé et Djotodia.
Enfin, Me Nicolas Tiangaye a tenu à préciser l’Accord de Libreville ne l’empêche pas de se présenter candidat, car les critères d’inéligibilité pour les personnalités de la transition ne s’applique qu’aux personnalités en fonction. Or lui, il n’est plus Premier ministre. C’est dire qu’il faut s’attendre à une déclaration de candidature du Président du CRPS lors de la prochaine rentrée politique.
Bangui / Fred krock / ©Corbeau News Centrafrique