750 kilomètres en cinq jours, une vitesse moyenne de 15 kilomètres/heure pour six véhicules 4x4, avec à leur bord, les 26 membres du comité de suivi de l’Accord de paix de Bangassou (Sud-est) constitués en caravane de de la paix. Composée de représentants de la jeunesse, de femmes, de plateformes religieuses, d’opérateurs économiques, ainsi que de la société civile, ils ont été rejoints, de manière spontanée, par les populations locales tout le long de leur trajet. Arrivée le dimanche 21 avril dans la capitale centrafricaine, la caravane de la paix se propose de réouvrir les communications terrestres sur l’axe Bangassou-Bangui. En poste depuis le 24 octobre 2017, le sous-préfet de Bangassou, Président du comité de suivi de l’Accord de paix de Bangassou et initiateur de la caravane, revient sur les objectifs de la caravane de la paix.
La caravane de la paix est arrivée à Bangui, une semaine après avoir quitté Bangassou. Comment est né ce projet ?
Il faut remonter à la mission de paix conduite, l’an dernier, par le cardinal Dieudonne Nzapalainga et l’imam Omar Kobine (ndlr: membres de la plateforme religieuse), qui a débouché sur la signature de l’accord de paix de Bangassou du 9 Avril 2018. À la suite de cette signature, un comité de suivi de l’accord de paix a été mis en place, par consensus, par les signataires de l’accord. A l’époque de la mise en place du comité, la situation était bien différente et c’est grâce au travail de réconciliation qui a été mené que les populations déplacées sont en train de revenir par exemple. Mais il reste encore un problème épineux, celui de l’état des routes qui asphyxie la ville et empêche la mobilité des personnes. Il n’y a pas de ravitaillement en produits de première nécessite à cause des barrages érigés par les groups armes sur l’axe Bangui-Bangassou : c’est de ce postulat qu’est née l’idée de la caravane.
Comment s’est déroulé ce voyage de 750 kilomètres en cinq jours ?
Nous n’avons eu aucun problème sur le chemin ; plus que les barrages tenus par les groupes armes, c’est réellement l’état des routes qui est problématique. A la suite du communiqué de presse signé par Ali Darassa (ndlr: chef du groupe armé « Unité pour la paix en Centrafrique (UPC) », actuellement conseiller à la présidence), les barrages sont progressivement en train d’être levés. Nous avons même pris le temps de discuter avec les groupes armés et de les sensibiliser. Même si les barrages existent encore, personne ne nous a empêché de circuler. Quand nous sommes arrivés à Bokolobo (préfecture de la Ouaka), nous avons même été reçu par M. Darassa en personne. Nous en avons profité pour rencontrer les populations, comme notamment à Pombolo (Sud-est), où nous avons discuté de l’accord de paix et du rôle de chacun dans le retour au vivre-ensemble. Personne n’est sorti gagnant de la guerre, nous sommes tous devenus des victimes. Chacun doit, dès lors, tourner la page et regarder vers l’avenir en laissant les petites querelles inutiles de côté.
Maintenant que vous êtes arrivés à Bangui, avec quoi voulez-vous retourner à Bangassou?
La population sur place essaie de se prendre en charge ; si les véhicules peuvent à nouveau emprunter la route, cela permettra de rétablir à la fois le commerce des produits locaux (produits de la pêche, huile de karité. Etc.) vers la capitale ainsi que l’approvisionnement en aliments de base de la région. Sans route, pas d’échanges commerciaux possibles ; sans échanges commerciaux, pas de développement économique. Nous sommes donc venus à Bangui pour rencontrer les opérateurs économiques pour les inciter à venir à Bangassou et ainsi approvisionner à nouveau la ville. Le manqué de produits de première nécessite pousse les populations à traverser de l’autre côté pour aller acheter à des prix double de ceux en RCA. Nous voulons que les opérateurs viennent avec nous lors de la caravane retour pour matérialiser cette reprise des échanges économiques.