Le Secrétaire-général de l’ONU, António Guterres, a condamné avec fermeté les violences perpétrées dans des villages de l'ouest de la République centrafricaine qui ont fait des dizaines de morts.
Ces attaques ont été attribuées au 3R (Retour, Réclamation et Réhabilitation), groupe armé signataire de l'accord de paix signé le 6 février à Bangui par le gouvernement et 13 autres groupes armés, a précisé le porte-parole du Secrétaire général dans une déclaration à la presse publiée jeudi soir.
M. Guterres a présenté ses condoléances aux familles des victimes, ainsi qu’au peuple et au gouvernement de la République centrafricaine et un prompt rétablissement aux blessés.
« Le Secrétaire général appelle les autorités de la République centrafricaine à enquêter sur ces attaques et à traduire rapidement les responsables devant la justice et rappelle que les attaques contre les civils peuvent constituer des crimes de guerre », a dit son porte-parole.
« Le Secrétaire général rappelle que tous les signataires de l'accord de paix se sont engagés à respecter le droit international humanitaire et les droits de l'homme. Il exhorte ainsi tous les groupes armés signataires à cesser immédiatement et sans équivoque toutes violences, conformément aux engagements pris dans l'accord de paix », a-t-il ajouté.
Le chef de l’ONU a réitéré la détermination de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA) à protéger les civils et à soutenir la mise en œuvre de l'accord de paix.
Cet accord « constitue la seule voie viable vers un retour définitif de la paix en République centrafricaine », a-t-il insisté.
L'UNICEF s'inquiète pour les enfants
Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a également vivement dénoncé ces violences. « Au cours des six dernières années, les attaques répétées et la violence à l'encontre des civils ont laissé 2,9 millions de personnes, soit la moitié du pays, dans le besoin d'une assistance humanitaire », a déclaré la Directrice régionale de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale, Marie-Pierre Poirier, dans un communiqué de presse.
« Les conditions sur le terrain restent extrêmement dangereuses pour les enfants. Ils sont pris pour cible par des groupes armés, pris entre deux feux et recrutés pour les combats », a-t-elle ajouté.
L’UNICEF a appelé à nouveau toutes les parties au conflit à veiller à ce que les enfants soient préservés de la violence et à respecter l’accord de paix.
L’Experte indépendante sur la situation des droits de l’homme en République centrafricaine, Marie-Thérèse Keita Bocoum, a aussi condamné avec la plus grande fermeté les récentes attaques qui ont fait des dizaines de morts entre le 19 et 21 mai dans les villages de Koudjili, Ndondjom, Bohong,Lemouna et Koui (préfecture de l’Ouham-Pendé).
« Si des groupes armés revendiquent leur place dans le processus de paix, ils doivent immédiatement mettre fin à la violence. Ils doivent aussi se rappeler qu’ils peuvent être poursuivis pénalement soit pour leur implication directe dans la commission de ces actes odieux ou du fait de leur position de commandement par rapport à leurs subordonnés, ainsi que leur influence et leurs responsabilités en tant que supérieurs hiérarchiques », a-t-elle dit dans un communiqué de presse.
Selon l’experte, « l’urgence est aujourd’hui à la protection des populations et l’Etat a la responsabilité première dans ce domaine ». Elle a encouragé les autorités, avec l’appui de la Mission des Nations unies en République centrafricaine (MINUSCA), à renforcer les patrouilles conjointes dans les zones concernées afin de protéger les populations.
« De tels actes sont susceptibles de mettre en danger la réussite du processus de paix », a estimé Mme Bocoum. Elle a également souligné la responsabilité de tous les acteurs, en particulier les garants de l’accord de paix, de prendre les mesures qui s’imposent, y compris les sanctions prévues dans l’accord de paix et de peser de tout leur poids pour faire taire les armes et faire prévaloir la paix et la justice conformément aux demandes légitimes des Centrafricains.