Bangui. Comme tous les ans, à l’occasion de la journée internationale de la liberté de la presse, l’organisation non gouvernementale (ONG) Reporters sans frontière a publié le classement mondial de la liberté de la presse. Mauvaise surprise : le Centrafrique dégringole inéluctablement à la 145ème place en 2019.
« C’est quand les calebasses sont vides qu’elles font le plus de bruit », dit-on parfois. Tel semble être la situation de la presse au pays du Feu président Boganda, et il y a lieu de s’inquiéter car l’état de la presse est le gage d’une démocratie mature dans une République salubre. Tous les journalistes du pays connaissent bien les difficultés pour exercer dans de bonnes conditions leur mission d’information au service des compatriotes. Le journaliste intègre doit faire face au manque de moyes, de matériel moderne, à la difficulté de voyager en province, sans oublier les rumeurs, les « infox », qu’il faut inlassablement et sans répit démasquer. Sans risque d’exagération, on peut dire que le métier de journaliste centrafricain est un sacerdoce !
Pourtant, ces écueils ne sont pas nouveaux. On pourrait dire que le journaliste centrafricain y est habitué. Mais le pays a perdu, en un an, trentre-trois (33) places au classement mondial ! Le Centrafrique était classé 112ème en 2018. Comment expliquer un tel recul ? Quel malheur s’est abattue entre temps sur notre malheureuse Patrie, alors que le spectre maléfique des crises politico-militaires semblait s’éloigner ?
Une explication s’impose. On se souvient que trois (3) journalistes russes ont été assassinés, l’été dernier, alors qu’ils enquêtaient dans la région de Sibut sur leurs compatriotes mercenaires de la tristement célèbre société Wagner. Les autorités russes, par la voix de Valery Zakharov, le conseiller à la sécurité de la présidence, s’en tiennent mordicus à la piste crapuleuse. Mais depuis, l’enquête patine, malgré l’appui de la police des Nations Unies. Saura-t’on jamais la vérité ? Qui a vraiment tué ces journalistes ? Quel rôle a joué, dans cette sinistre affaire, l’obscure société Wagner et ses mercenaires ? Le mystère reste entier et seul l’avenir, proche ou lointain, nous révèlera les en-dessous du dossier…
En attendant, on tue des journalistes en Centrafrique… Et c’est ainsi que le pays bascule dans l’obscurité et dégringole au classement mondial de la liberté de la presse.