Une trentaine de soldats russes va intégrer la Mission de stabilisation des Nations unies en République centrafricaine (Minusca), d’après une déclaration du ministère russe des Affaires étrangères, le 4 juin.
Le responsable Afrique au sein du ministère russe des Affaires étrangères, Andrei Kermasky, a expliqué que les trente militaires russes qui seront affectés à la Minusca seront « bientôt » envoyés à Bangui. Toutefois, la date prévue pour le déploiement n’a pas été communiquée.
La Russie s’était engagée, en avril dernier, auprès des Nations unies, pour envoyer ses hommes auprès de la Minusca. Le décret signé par Vladimir Poutine précisait que le contingent comprendrait des observateurs militaires, des officiers et des spécialistes des communications.
Depuis plusieurs mois, Moscou sollicite l’envoi de ses troupes au sein de la Minusca qu’il qualifie de trop passive vis-à-vis des groupes armés. Il y a lieu de rappeler aussi que la Russie a déjà envoyé de l’équipement militaire en République centrafricaine (RCA) et ses instructeurs qui forment les forces armées du pays.
L’envoi de soldats russes en Centrafrique a été rendu possible par le rapprochement entre Moscou et Bangui. D’ailleurs, la Russie forme des militaires centrafricains à Bérengo (sud-ouest), à 80 km de Bangui. L’année dernière, les deux pays ont paraphé un accord militaire.
La Minusca, forte de douze mille soldats, est déployée depuis 2014 en Centrafrique mais n'a pas su endiguer un nouveau cycle de violences depuis fin 2016 et reste souvent prise à partie.
La Russie, de son côté, a fait une entrée remarquée depuis un an dans ce pays. Elle a livré des armes aux Forces armées centrafricaines (Faca) et assure désormais la sécurité du président Faustin-Archange Touadéra. En juillet 2018, trois journalistes russes qui enquêtaient sur la présence de mercenaires russes en RCA ont été assassinés dans des circonstances troubles.
La Centrafrique, l’un des pays les plus pauvres du monde, est déchirée par la guerre depuis 2013. Près d'un quart de ses 4,5 millions d'habitants a dû fuir leur domicile et la moitié des Centrafricains a besoin d’une assistance humanitaire. L'Etat ne contrôle qu'une maigre partie du territoire national, tandis que des groupes armés s'affrontent dans les provinces pour le contrôle des ressources, notamment les diamants et l'or, mais aussi le bétail.
En parallèle, les Casques bleus de l’ONU ne parviennent pas à mettre fin au conflit qui oppose rebelles musulmans et chrétiens. Pourtant un espoir pour la paix se profile aujourd'hui avec l'émergence de deux processus de réconciliation: l’un sous l’égide de l’Union africaine, l’autre parrainé par Moscou.
Yvette Reine Nzaba