Dans une interview exclusive accordée à Corbeau News Centrafrique (CNC), le Général des Forces armées centrafricaines , Xavier Sylvestre YANGONGO parle de sa vision pour sortir la République centrafricaine du gouffre.
Corbeau News-Centrafrique(CNC): Bonjour Mon Général!
Général Sylvestre Yangongo(GSY): Bonjour!
CNC: Pouvons-nous vous appeler Mon Général ou Monsieur le président?
GSY: … (Rire)… Il faudrait dire mon général car, présentement, je suis général. Et lorsque je serais président, appelez-moi président.
CNC: Beaucoup des Centrafricains vous connaissent que de nom mais pas professionnellement. Pouvez-vous vous présenter en quelques morts à nos lecteurs?
GSY: Je suis Sylvestre Yangongo, général de corps d’armée centrafricaine. Je suis le neveu de Barthélémy Boganda, le président fondateur de la République centrafricaine. Et je suis connu dans le pays pour avoir exercé longtemps d’abord dans l’armée centrafricaine. Puis j’ai été plusieurs fois ministre à la défense au gouvernement. De 1981 jusqu’au, j’étais ministre en charge de la défense au temps de l’ancien général André Kolingba. J’étais ministre des travaux publics, ministre garde des Sceaux, ministre de la santé publique, ministre des affaires sociales. Puis sous l’ancien président Ange Félix Patassé, j’étais ministre chargé de la défense nationale et conseiller à la présidence chargé de l’armée nationale. Sous l’ancien président François Bozizé, j’étais d’abord ministre conseiller à la jeunesse pionnière nationale, en suite ministre en charge de DDR. Ce qui m’a permis de désarmer les 12 000 combattants dans le Nord-ouest de la République centrafricaine. Et c’est à ce titre que je suis connu pour avoir parcouru toute la RCA. J’ai fait tout le tour du pays pour pouvoir équiper les différents Centres de santé. En ma qualité de militaire, j’ai été également sur le terrain.
CNC: Il y’a quelques semaines, vous avez déclaré que vous êtes candidat à la prochaine élection présidentielle. Alors, qu’est-ce qui vous a poussé à postuler pour la prochaine présidentielle de 2015?
GSY: Je crois que je suis parmi les premiers à être déclaré candidat à la présidentielle 2015 depuis le mois d’avril dernier. C’est à l’appel de mon peuple, de la jeunesse centrafricaine et surtout de cette population qui a beaucoup souffert. Et je suis inondé par des gens qui sont venus me voir pour me demander de poser ma candidature afin de gérer ce pays permettant de retrouver la paix. Voilà ce qui m’a amené à me présenter candidat aux élections présidentielles.
CNC: Seriez-vous candidat sous la bannière du parti politique?
GSY: Comme je l’ai déclaré tout au début et jusqu’aujourd’hui, je suis candidat indépendant.
CNC: Étant un Officier Général de Forces Armées Centrafricaines (FACA), serait-il possible d’être candidat à une élection politique étant un soldat de l’armée nationale?
GSY: Je me jouis de mes droits civiques. Vous savez, le devoir civique, c’est comme tout autre citoyen centrafricain. Quand vous avez rempli vos devoir de citoyen avec vos droits civiques, vous pouvez aller aux élections présidentielles comme législatives. Et donc j’ai rempli les conditions pour me présenter à l’élection présidentielle.
CNC: Avez-vous déjà un projet de société à proposer aux centrafricains?
GSY: Bien sûr! J’ai un projet de société à proposer au peuple centrafricain. Ce projet est largement diffusé sur mon site internet ( www.xsyang.com) et largement diffusé à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Il y a aussi de profession de fois sur les documents distribués.
CNC: Mon Général, étant un officier de notre armée, comment peut-on expliquer le silence total des officiers de notre armée pendant plusieurs mois voir années alors que la Séléka et les Anti-Balaka trainaient les centrafricains dans la boue?
GSY: C’est une question pertinente et intéressante. L’armée centrafricaine était la meilleure de la sous-région. Et la plupart de nos voisins prenaient l’exemple sur l’armée centrafricaine. A une certaine date, j’ai eu à dire à dire, lors de dialogue national, que lorsqu’une armée est politisée c’est qu’elle est fragilisée. Voilà cette armée qui a de bouclier d’une nation, c’est ce qu’on appelle outil militaire, mais malheureusement n’a pas jouer son rôle compte tenu de moyen. Notre armée n’était pas équipée. Nous avons des hommes bien formés. Certes, mais on fait la guerre avec le moyen, le matériel, donc avec l’armement, la munition, la nourriture et avec le médicament. Mais n’y a rien. Nous avons une armée d’au moins 10 000 militaires qui joue son rôle traditionnel de défense de territoire national. Mais là, les Séléka sont venus de l’extérieur, soutenus par l’extérieur, ont surpris nos militaires. Voilà pourquoi ils sont venus occuper le pays. Et aujourd’hui l’armée centrafricaine est en difficulté. Mais en cette période de transition que l’armée devrait se reconstituer au fur et à mesure pour qu’après la transition l’armée puisse être mise en place. Malheureusement personne ne s’en occupe. Et malheureusement les différentes résolutions de l’ONU sont mal interprétées. Quand on parle de l’embargo sur les armes, ça ne concerne pas l’armée nationale mais plutôt les groupes de rébellion. Une armée nationale ne peut pas mise sous l’embargo. Parce que l’armée nationale est l’outil de la souveraineté. Notre armée a été négligée. Les militaires sont là, ils observent mais ils n’ont pas d’outils pour travailler. Et voilà les bandits armés continuent donc à être les maîtres du terrain.
CNC: Lancien Président Ange Félix Patassé (Paix à son Ames) disait souvent quon ne gagne jamais une élection présidentielle sans se rendre dans les villages et villes des provinces. À quand comptez-vous sillonner les provinces?
GSY: Aujourd’hui nos comités de soutien sont déjà placés dans les 15 préfectures sur 16 de la République centrafricaine. Moi-même, je me rends sur le terrain. Ma coordination travaille également et je peux vous dire que nous avons des comités de soutien dans les pays limitrophes travaillent ardemment. Donc nous sommes aussi dans les villages, les communes, les préfectures et dans les villes. Nous avons aussi plus de 350 comités de soutien à Bangui. Ça veut dire qu’on ne dort pas, on travaille. Et quand on va aux élections, il faut travailler. De surcroît, beaucoup de compatriotes sont venus de différents coins du pays me voir pour travailler avec nous.
CNC: Avez-vous déjà une équipe de campagne ou de soutien?
GSY: Nous avons des équipes de soutien, nous avons aussi une coordination qui travaillent. Et même notre siège se trouve en face du lycée de Fatima, et quand il a eu l’évènement de Fatima, notre équipe s’est repliée dans mon villa où nous travaillons en ce moment.
CNC: Et si jamais vous êtes élu président l’année prochaine, quelle est votre priorité des priorités pour la Centrafrique?
GSY: Notre priorité des priorités sont d’abord les 5 verbes de Barthélémy Boganda. C’est nourrir, loger, vêtir, instruire, et soigner. Et à cela, j’ajoute la sécurité. Aujourd’hui les Centrafricains ont besoin d’être nourri. Parce qu’ils sont dans des sites partout dans le pays. Ils ont perdu leurs plantations et tout. Et donc il faut ré lancer l’économie du pays, n’est-ce pas. Ils construire des logements, des HLM pour les loger. Et l’État a droit de le faire, c’est son droit le plus absolu. Puis envoyer les enfants à l’école, à l’Université et que tout le monde ait l’accès aux soins médicaux. Nous avons un programme large.
CNC: Mon général, abordons les sujets qui font l’actualité au sein de la classe politique centrafricaine. Premièrement le dialogue national qui se serait tenu le mois de janvier 2015 à Bangui, qu’en pensez-vous?
GSY: J’ai eu la chance de participer aux dialogues dans ce pays. Le dialogue national, je suis l’un des acteurs, du côté de comité préparatoire et du côté sécuritaire. Les dialogues, c’est vrai. Je crois que dans un pays de droit et de la démocratie, il faut que les gens se retrouvent pour discuter et échanger. Mais il ne faut pas aller au dialogue pour qu’à la fin de ce dialogue là qu’on dise que non, il faut pardonner les gens. Je crois, c’est ce que les gens cherchent. Il faut amnistier les gens. Il y a eu beaucoup de mort dans ce pays. Combien de personnes sont massacrées? Alors qu’au cours du dernier dialogue on s’est pardonné.
CNC: Ces derniers temps, les groupes armés actifs en Centrafrique (Anti-Balaka et Seleka) ont transformé leurs mouvements armés en mouvement politique pour se présenter aux élections, quelle lecture en faites-vous?
GSY: On vient dans un pays, on tire sur tout le monde, on détruit tout, on pille la population, on ridiculise le peuple réduit en néant et demain on reviendra encore le commander. On commande les vivants et non les morts. Ceux qui ont tué des gens, il faut qu’ils répondent devant la justice. En RDC, les gens qui ont commis de crimes sont aujourd’hui devant la CPI. Mais pourquoi pas en Centrafrique? Ici on caresse les criminels, ils sont là ils se déplacent librement. De surcroît ceux qui ont détourné beaucoup d’argent, c’est encore un crime économique. Et ils vont encore aux élections pour narguer les Centrafricains.
CNC: Que direz-vous du code électoral qui a déjà pris un mauvais départ?
GSY: Effectivement, le code électoral a pris un mauvais départ c’est parce qu’ils ont mis la charrue avant le bœuf. C’est à partir de la constitution d’un pays qu’on doit élaborer le code électoral. L’on ne peut pas revoir le découpage électoral après la mise en place du code électoral. Je crois que, compte tenu de ce que nous avons vécu, les Centrafricains ont beaucoup souffert. Il faut donc prendre des dis positions pour qu’on aille aux élections apaisées pour que la vie reprenne.
CNC: Une dernière question, vous qui êtes un candidat indépendant à l’élection présidentielle du juin 2015, croirez-vous à la tenue effective des élections en cette date?
GSY: Nous sommes prêts pour aller aux élections. Mais il faudrait que les dispositions sécuritaires soient prises au préalable. D’aucun dit que c’est parce que nous avons les Nations unies les choses aillent sur la roulette. Même si on a 100 000 militaires mais ne mettra pas chaque militaire devant chaque bureau de vote. Il faudrait aussi que les dispositions administratives soient prises pour éviter le bourrage d’urne.
CNC: Mon Général, Merci d’accepter notre interview.
GSY: C’est à moi de vous remercier.
Propos recueillis par: Éric NGABA pour Corbeau News Centrafrique (CNC).