Centrafrique - En lice, ils sont déjà plus d’une quarantaine de candidats à vouloir briguer un mandat à la magistrature suprême à la future présidentielle de 2015 qui s’annonce chaudement pour une élection libre, transparente et crédible dans un pays qui a vécu un drame humain sans précédent et dont la plaie est encore au cœur des centrafricains et la douleur très fraîche. Bien pléthorique la liste des candidats, on s’apprête à voir des jeux de cirque avec des acteurs de tout bord que je me permets de classer en trois catégories pour une élection présidentielle digne de ce nom attendue dans un pays où le nombre d’électeurs est bien étriqué.
La première catégorie est celle des véritables guerriers pour qui, résoudre une équation politique pour atteindre son objectif, l’unique solution est de prendre l’arme pour assouvir sa soif. Des antidémocrates bien entendu en face de nous dans la peau du loup. La seconde est le groupe des ministres rebelles selon les informations recueillies depuis un certain temps, qui n’ont jamais pris l’arme mais sont des spécialistes de coup bas qu’on a eu à recenser durant le régime Bozizé même au de-là, qui a connu de nombreuses péripéties jusqu’à la chute dudit régime. Ils ont contribué à la chute du président déchu le 24 mars 2013. Ceux-là étaient autour de plusieurs tables garnies. Ils reviennent solliciter les voix du peuple centrafricain puisque eux, ils sont connus pour leur boulimie. Ils ne sont jamais rassasiés. De surcroît connus pour la prédation et des détournements des deniers publics mais ne sont jamais punis parce que l’impunité est le mode de fonctionnement des régimes qui se sont succédés ces dernières années de crises et qu’il n’existe pas une Commission de la Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI) en Centrafrique comme ça se passe dans d’autres pays africains. Et la dernière catégorie, c’est-à-dire la troisième, est celle des nouveaux nés dans la politique qui ont des ambitions titanesques pour assainir le paysage politique centrafricain devenu trop sale et nauséabond comme du chiffon qu’il faut jeter à la poubelle et en acheter un autre pour usage, en faisant des réformes salutaires des institutions dégradées, insuffler un dynamisme au sein de la société centrafricaine débouchant à un véritable développement du pays. C’est peut-être dans cette catégorie de candidats que les centrafricains s’ils ont muri leur réflexion, après toute cette période d’enfer, iront aux urnes choisir leur nouveau président de la République en toute âme et conscience. Les temps sont révolus pour regarder les billets de banque pendant les campagnes électorales, en langue nationale le sango ( yongoro nguinza ), ni du sucre, ni du café, ni du sel ou soit du tee-shirt et on en passe. Si tous ces candidats ont la conscience nationale, l’esprit du patriotisme et de la solidarité prônée par Barthélémy BOGANDA le président fondateur de la République centrafricaine et de certains hommes d’Etat africains comme le président camerounais Paul BIYA et le Secrétaire Général sortant de l’OIF, ancien président sénégalais, Abdou DIOUF, lors du dernier sommet de la Francophonie, on ne se retrouverait pas devant une si longue brochette des candidats, très difficile même à porter pour en tirer le bon morceau.
Je me souviens de la tenue du Dialogue Politique Nationale, je précise bien Dialogue Politique Nationale tenu en 2003 et non le dernier Dialogue Politique Inclusif sous le règne de Bozizé. Un participant au sein de notre commission chargée de la problématique politique et de la bonne gouvernance avait proposé, pour la bonne marche de notre jeune démocratie, que les partis politiques centrafricains se regroupent en deux blocs à l’instar des Etats-Unis d’Amérique. C’est-à-dire, la famille politique des républicains et celle des démocrates, afin de rendre nos institutions fortes et dynamiques. Cette proposition a été balayée du revers de main en plénière en quelques fractions de secondes. Cela démontre aujourd’hui en quoi nous avons la palme d’or de l’individualisme et de la chefferie de l’autre époque où on est seul maître à bord et on règne. C’est un exemple type et propre au centrafricain qu’on a vu sur l’ancien président François Bozizé et qui l’a conduit à la dérive. Puisque nous sommes en démocratie, on ne peut que critiquer et laisser les choses couler toutes seules comme le fleuve de l’Oubangui et l’on verra où ça va chuter.
On voit, à travers cette longue liste, des bilans négatifs des régimes qui ont géré le pays pendant des années et laissé plusieurs mois d’arriérés des salaires sans payer les fonctionnaires et agents de l’Etat ainsi que ses pensionnaires, sur le plan socioéconomique, des bilans diaboliques réalisés par des régimes qui ont massacré l’économie du pays et versé abondamment le sang des centrafricains. Dans cette liste, il y a très peu des gens à qui on peut faire confiance. Le peuple centrafricain n’est pas dupe. Les centrafricains connaissent très bien les leaders politiques et encore mieux après cette crise qu’ils ont vécu. C’est à eux les adultes qui ont déjà participé à cet exercice électoral d’informer les jeunes qui viennent d’avoir l’âge d’aller voter et qui ils doivent voter, lesquels sont patriotes et ont la capacité de leur assurer d’ici demain une vie meilleure pour leur avenir. Également à eux, d’attirer l’attention de nos vieilles mamans et nos vieux papas qui ont souffert durant les crises et qui continuent en être victimes.
Quelle stratégie mettront-ils en place chacun et chacune d’entre eux pour conquérir les électeurs et les captiver pour qu’ils votent avec confiance pour le choix de leur candidat préféré, lequel ou laquelle ne va pas les décevoir à l’avenir? Et le plus important des problèmes se situe au niveau des programmes des candidats qu’on a vu pendant plusieurs échéances électorales passées, il n’y avait rien de réaliste qui convainc le peuple centrafricain. Après élections présidentielle et législatives, à chaque régime les mêmes problèmes reviennent et les dirigeants sont incapables de les résoudre pour satisfaire le peuple centrafricain. La salle de cinéma du palais de la Renaissance est devenue l’Arbre à palabre où le président court souvent pour faire appel à la trompette sur les ondes et réunir toutes les forces vives de la nation afin de débattre pour trouver des solutions aux problèmes qui minent la société comme si on ne se prépare pas en conséquence avant d’être aux commandes.
En effet, ce qui est important aujourd’hui c’est le programme de chaque candidat. Hormis les deux priorités du peuple citées ci-dessus, quelles sont les priorités des candidats en lice? Comment chacune ou chacun compte gérer le pays pour ne pas qu’il y ait des pleurs, la déception, l’émoi après cette fameuse transition ?
Nous estimons que pendant les futures campagnes électorales, le peuple centrafricain n’écoutera pas des insanités, des querelles fratricides et de réflexions népotistes que d’aucuns ont commencé sur les réseaux sociaux. Beaucoup d’armes circulent dans le pays et les détenteurs qui sont les éléments de séléka et d’antibalaka ne sont pas encore désarmés. Donc, il faut éviter des affrontements physiques. C’est à travers ces futures opérations électorales que le monde entier qui nous suit va nous juger si nous sommes restés un peu des hommes civilisés puisque les groupes armés qui sont les séléka et les antibalaka transformés en parti politique pour la cause sans être désarmés ont terni l’image du peuple centrafricain et de la République.
C’est de bonne guerre. Bonne chance à toutes et à tous !
Pierre INZA