Organiser des élections en République centrafricaine (RCA) d'ici août 2015 sera "un défi considérable" et il faudra une "détermination très forte" de tous les protagonistes de cette crise pour y parvenir, a souligné mardi un haut responsable de l'ONU.
"Le calendrier des élections reste extrêmement serré", a déclaré le patron des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, devant le Conseil de sécurité.
"Malgré des pas positifs", a-t-il noté en référence aux préparatifs du Forum de réconciliation de Bangui, "la conduite des élections avant août 2015 sera un défi considérable".
"Il faut progresser sur le processus politique (...), il faut une détermination très forte de tous les acteurs" et le "soutien accru" de la communauté internationale, a-t-il affirmé.
"Tout retard supplémentaire au-delà du mois d'août 2015 pourrait compromettre la transition elle-même", a encore estimé M. Ladsous. "J'exhorte les autorités centrafricaines à maintenir le cap et les partenaires régionaux et internationaux du pays à rester engagés de manière soutenue et coordonnée".
Il a notamment jugé "indispensable" que les autorités de transition à Bangui adoptent une loi électorale révisée ainsi qu'une méthode d'enregistrement des électeurs permettant aux milliers de déplacés et réfugiés, qui ont fui le chaos et la violence qui règne dans le pays depuis mars 2013, de participer au scrutin.
Il faudra aussi, a-t-il rappelé, une amélioration de la sécurité, qui repose sur les forces internationales présentes dans le pays dont les Français de l'opération Sangaris, les Européens de l'Eufor-RCA et les Casques bleus de la Minusca (Mission de l'ONU en RCA).
A ce propos, M. Ladsous a précisé que la Minusca, qui est censée compter 12.000 hommes à effectif plein, "va atteindre en décembre 80% du déploiement de ses troupes". En janvier, neuf des dix unités de police de la Mission seront déployées et la dixième arrivera peu après, selon lui.
La Minusca a aussi commencé à exercer les pouvoirs spéciaux que lui donnent les résolutions de l'ONU pour appréhender les fauteurs de troubles. Ainsi, depuis son déploiement en septembre, elle a arrêté 217 personnes qui ont été déférées aux autorités judiciaires locales.
M. Ladsous a en particulier mentionné l'arrestation, le 24 novembre près de Bouar, d'un dirigeant anti-balaka surnommé "Chocolat" ou "Choco", transféré à Bangui. Le 5 décembre à Bambari (centre), un dirigeant local anti-balaka surnommé "John l'Américain" a aussi été arrêté par la Minusca, déclenchant des incidents au cours desquels trois Casques bleus ont été blessés.
Les anti-balaka sont des milices d'auto-défense formées majoritairement de chrétiens qui s'opposent aux ex-membres de la Séléka, la coalition rebelle à dominante musulmane qui avait pris le pouvoir en mars 2013.