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Centrafrique : quand le ministre français de la défense rappelle au président de la république les valeurs de la démocratie républicaine.

Publié le samedi 13 juillet 2019  |  Corbeau News Centrafrique
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Après la stérile hégémonie militaire russe devenue palpable en Centrafrique, la diplomatie militaire française contre-attaque en vue de reprendre la main sur le territoire qui leur a été attribué lors de la conférence d’après guerre de Berlin. C’est dans cette optique que le ministre français de la défense a effectué une énième descente en Centrafrique.

Officiellement, cette mission multidimensionnelle à triple objectifs consiste d’une part à renforcer la situation sécuritaire après la signature de l’accord de paix de Khartoum, ensuite d’assister à la prise de commandement par la France de la Mission de Formation de l’Union Européenne en République centrafricaine (EUTM) et enfin de faire le point sur la démarche entamée par la France auprès du comité de sanctions de l’ONU pour assouplir l’embargo sur les armes en vue d’équiper nos forces de défense et de sécurité intérieure.

A cette fin, il est utile de rappeler que le mandat de l’EUTM a été prolongé jusqu’en septembre 2020. L’émissaire géo-stratégique du pouvoir français s’est longuement entretenu avec son homologue, le ministre centrafricain de la défense ainsi que le Président de la république, chef de l’Etat.

À l’occasion, le porte voix de la troublante politique française en Centrafrique a réussi à faire bégayer le pouvoir local sur les entorses à la démocratie, la violation des libertés fondamentales et surtout sur le silence complice du pouvoir sur les agitations criminelles de la milice présidentielle.

Au lendemain de la visite du ministre français et contre toute attente, le pouvoir centrafricain caractérisé par son amateurisme chronique et viral se réveille de son éternel sommeil pour renier et désavouer via un communiqué officiel sa propre milice qui ne recule devant rien et prêt à transformer un meeting en « théâtre d’opérations sanglantes ».



D’ailleurs le communiqué du mouvement présidentiel « le MCU » qui ne respecte aucune exigence de la rédaction administrative confirme le caractère expéditif né de la pression subie. Étonné par le réveil brutal du pouvoir et la prise de conscience tardive des valeurs qu’incarne la démocratie républicaine, le citoyen lambda s’interroge :



Le réengagement stratégique de la diplomatie militaire française ne frôle t-il pas le seuil de l’ingérence tant décriée ? La reprise du commandement militaire de l’EUTM à l’approche des prochaines échéances électorales ne constitue t-elle pas un moyen de pression ? En prenant le commandement militaire de l’EUTM, la France n’a t-elle pas encore un autre agenda caché pour surprendre le pouvoir centrafricain ? En d’autres termes, ce réengagement n’est-il pas un énième prétexte pour contrôler le pouvoir de Bangui ? En outre, faut-il encore ramener le ministre français de la défense à Bangui pour rappeler au Président de la république que le quartier KM5 fait partie intégrante de sa juridiction où il doit étendre son autorité ? Un petit tour de ce dernier à l’assemblée nationale n’est-il pas opportun pour rappeler au Président de l’assemblée nationale les basiques d’une gestion saine et transparente des finances publiques ?

Par ailleurs, quel est l’avenir de la cohabitation militaire franco-russe en Centrafrique ? Il y aura t-il une cohérence, une entente ou un télescopage entre les militaires centrafricains formés par l’Union Européenne et ceux formés par les russes ?

Les agissements militaires de ces deux concurrents en Centrafrique respectent-ils les normes de la communauté internationale ? N’oublions pas au passage qu’une sécurité ou une paix durable est corolaire d’une justice équitable pour réparer les préjudices subis, ainsi pourquoi ces deux pays qui disputent le leadership en Centrafrique n’investissent pas dans le domaine de la justice ? Nous estimons que ce pouvoir nonchalant n’avait pas besoin d’attendre la venue d’une quelconque personnalité étrangère pour se désolidariser ou pour désavouer les milices criminelles qui prétendent défendre leur cause.



Ce comportement ambigu qui appartient à une autre époque confirme la braderie de la souveraineté nationale au profit des intérêts égoïstes qui ne servent que les causes des tenants du pouvoir.

Ce pouvoir légitime devrait à l’avenir s’imprégner des valeurs de la démocratie républicaine pour répondre équitablement aux aspirations latentes de son peuple.



Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.



Paris le 12 juillet 2019.

Bernard SELEMBY DOUDOU.

Juriste, Administrateur des élections.
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