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Centrafrique-processus DDRR et de paix: le président Touadéra doit cesser d’être naïf

Publié le mardi 30 juillet 2019  |  le Tsunami.net
Cérémonie
© Autre presse par DR
Cérémonie de signature de l`accord de paix entre le gouvernement centrafricain et les groupes armés, le 6 février 2019 à Bangui.
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Je l’ai toujours dis, je le dis et je le redirai: les principaux groupes armés toujours actifs en Centrafrique ne sont pas sincères et ne le seront jamais d’ailleurs. Non seulement parce qu’ils connaissent la faiblesse des institutions et des autorités de la République centrafricaine depuis l’époque Patassé, mais aussi et surtout parce que les dirigeants de ces groupes armés ont pour profession le mercenariat hors de leurs pays, ce qui leur permet de faire vivre leurs familles et de donner du travail à leurs compatriotes. Que ça soit avec le FPRC de Nouredine Adam, le MPC de Mahamat Alkhatim, l’UPC d’Ali Darass Mahamat ou le mouvement 3R d’Abbas Sidiki, ces groupes armés regorgent beaucoup de mercenaires étrangers, venus pour la plupart des pays dont sont originaires leurs chefs.
LES MERCENAIRES ÉTRANGERS N’ONT JAMAIS CRÉÉ LA PAIX DANS LES PAYS QU’ILS PILLENT ET MASSACRENT
Ce n’est un secret pour personne que quoi qu’il ait grandit à Bangui, Nourredine Adam que l’on considère comme un rounga de Ndélé dans la préfecture centrafricaine du Bamingui-Bandoran, est de père tchadien, un Imam importé à l’époque à Bangui pour diriger la mosquée du quartier Ngou-ciment dans le 5e arrondissement de Bangui, construite par un musulman tchadien. C’est un fait historique incontestable.
Tout aussi vrai, est le fait que:
-Mahamat Alkhatim est un salamath de la préfecture d’Am-Timam au Sud du Tchad frontalier à Ndélé. Mercenaire professionnel, il aurait déjà servi deux fois comme rebelle en Centrafrique. D’abord, dans la Coordination des patriotes centrafricains (CPC), la rébellion du général François Bozizé déclarée en début 2002, qui avait recruté beaucoup de rebelles et mercenaires tchadiens et soudanais en appui à plusieurs petits rebelles et miliciens centrafricains et autres mutins déserteurs de l’armée et de la gendarmerie centrafricaines, qui sont venus à bout du régime MLPC/Patassé le 15 mars 2003. Après avoir pillé et emporté les véhicules de l’Etat et des projets en activité en Centrafrique, Mahamat Alkhatim serait vite reparti au Tchad où il a fructifié les biens mal acquis en Centrafrique.
Et puisqu’il n’y a jamais 1 sans 2, l’homme n’hésitera pas à revenir en Centrafrique à la demande de son compatriote Nourredine Adam, à l’époque le N°2 de la coalition Séléka, pour chasser Bozizé du pouvoir le 24 mars 2013 en empruntant le même chemin que Bozizé leur avait montré 10 ans plus tôt. Avec la déconfiture de l’armée centrafricaine et les possibilités d’affaires qui lui étaient offertes dans les années 2013-2014, Alkhatim a jugé mieux de prendre le contrôle de l’axe Kaga-Bandoro/Sido-Tchad en passant par Ouandago, Bogoma, Batangafo, Kabo et Sido-RCA. Trafic de pierres précieuses, d’armes de guerre et de bétails sont les principales activités du groupe armé MPC qui ont permis à Alkhatim de s’enrichir suffisamment sur le dos de la population centrafricaine, et ceci avec la complicité de certains contingents de la Minusca qui professent la même religion que lui et qui ont affiché de façon ostentatoire leur collusion avec cette organisation criminelle dénommée MPC;
-Ali Darass Mahamat est un mercenaire peulh du lointain Niger, qui a été repéré et recruté par le chef rebelle peulh tchadien Abdel Kader alias Baba-Laddé, un gendarme rentré en dissidence avec Ndjaména au point de créer une rébellion dénommée Front populaire pour le redressement (FPR) composée en majorité de bergers peuls (mbororos ouddhas et autres) dont-il s’est autoproclamé le défenseur. Après avoir fui la traque de Déby au Tchad en 2007, Baba-Laddé, expression peulh qui signifie « le roi de la brousse », a trouvé refuge en terre centrafricaine où il a installé deux bases respectivement aux villages Gondaba et Ouandago dans la commune de Nana-Outa, sous-préfecture de Kaga-Bandoro, chef-lieu de la préfecture de la Nana-Gribizi située à 342 km au centre-nord de la RCA. Ali Darass était le chef d’état-major militaire de la rébellion FPR de Baba-Laddé qui influençait même la commune d’élevage d’Ouro-Djafoun dans la sous-préfecture de Bambari remplie de peulhs. Ali Darass et son mentor Baba-Laddé étaient défaits par une traque militaire conjointe de l’armée tchadienne et centrafricaine en 2011. L’opération centrafricaine était menée à l’époque par le valeureux officier centrafricain Jean-Pierre Dollé-Waya qui avait reçu par la suite le grade de Général de Brigade à Kaga-Bandoro, c’est-à-dire sur le terrain, là où il avait réussi la mission que d’autres officiers avaient fui.
Sachant qu’il avait déjà affiché ses limites militaires à Kaga-Bandoro, Ali Darass ne pouvait repartir vivre là-bas lorsqu’il avait aidé la coalition Séléka de Michel Djotodia Am-Nondroko à renverser le président Bozizé le 24 mars 2013. Il a préféré s’installer à Bambari proche de deux communes d’élevage dirigées par des peulhs: Ouro-Djafoun, située à 50 km de Bambari sur l’axe Ippy-Bria, et la commune d’élevage de Ewou à Mobaye dans la préfecture de la Basse-Kotto, située à 614 km de Bangui, et donc à quelque 200 km de Bambari. Nommé Commandant de la Région militaire de Bambari par le président Djotodia en 2013, Ali Darass était en fait à la tête d’une vaste zone comprenant les préfectures de: la Ouaka, la Basse-Kotto, le Mbomou et le Haut Mbomou. Ali Darass en a profité pour s’adonner à plusieurs activités hyper-lucratives mais illicites, illégales voire criminelles, à savoir:
-exploitation et trafic des pierres précieuses (diamant et or);
-abattage illégal des espèces protégées et trafic des pointes d’ivoire et de la peau desdites espèces protégées;
-taxations illicites et perception des recettes des activités liées aux commerces: café exporté au Soudan, des produits vivriers et autres produits de première nécessité.
A la vérité, Ali Darass est le seul chef de groupe armé qui a réussi à mettre en place un système de prédation qui a remplacé les services publics des impôts, des douanes, du commerce, des transports, de l’agriculture et de l’élevage. Il bénéficie des taxes phytosanitaires, taxes routières et fluviales, taxes des marchés, taxes de parcages et de convoyages des bétails, etc. L’UPC est devenue un véritable Empire financier avec toutes ces activités économiques et commerciales qui lui procurent pas moins d’un (1) milliard de FCFA par an au détriment de l’Etat qui n’existe que de nom, selon plusieurs spécialistes. C’est avec ces sommes indûment perçues qu’Ali Darass renforce régulièrement ses capacités militaires et logistiques qui inquiètent même les forces onusiennes.
Des sources proches de l’UPC indiquent qu’Ali Darass est propriétaire de plusieurs immeubles et commerces au Niger, au Soudan, au Tchad, au Cameroun et au Mali, lesquels sont gérés par ses propres parents qu’il nourrit grâce à l’argent du sang qu’il multiplie en Centrafrique, avec la complicité de la communauté internationale, tant est vrai qu’un officier ouest-africain de la force onusienne en Centrafrique Minusca basée à Bambari est le beau-frère d’Ali Darass.
Devenu immensément riche en argent et superbement puissant en moyens militaires et en troupes, Ali Darass n’est pas prêt à désarmer ni à quitter la RCA. Raison d’ailleurs pour laquelle il apprend depuis 2 ans à bien chanter l’hymne national centrafricain « La Renaissance ». Question de dire: « J’y suis, j’y reste parce que je suis Centrafricain, je sais chanter l’hymne national centrafricain»;
-Bi-Soulémane alias Abbas Sidiki, un peulh camerounais qui a connu une enfance à Baoro dans la Nana-Mambéré et à Kouï dans l’Ouham-Pendé, déclare à qui veut l’entendre que ce sont ces frères peulhs des communes d’élevage de Niem-Yelowa dans la sous-préfecture de Bouar, et Gaudrot à Besson dans la sous-préfecture de Baboua, préfecture de la Nana-Mambéré frontalière au Cameroun, et de la commune d’élevage de Kouï dans la préfecture de l’Ouham-Pendé au nord-ouest de la RCA, qui lui avaient fait appel pour venir les aider à se protéger et à protéger leurs biens, surtout leurs bétails. Il s’est établi à De Gaulle, chef-lieu de l’unique commune de la sous-préfecture de Koui, à la tête d’un bataillon de mercenaires peulhs camerounais et centrafricains. Il est devenu incontournable et indéboulonnable au point où c’est ce mercenaire peulh étranger qui envoie des Centrafricains dans le gouvernement comme ministre et ministre délégué, et fait nommer d’autres à la Présidence de la République. Il a même envoyé des peulhs camerounais pour la formation des militaires centrafricains qui ont été enrôlés dans les FACA et sont actuellement payés par l’Etat centrafricain. On dit de lui qu’il est actuellement le plus riche de tous les peulhs vivant dans les régions Ouest et Nord-ouest de la RCA. Non seulement à cause des activités liées aux bétails (élevage, sécurisation, convoyages et commerces…) mais aussi à cause de l’exploitation et les trafics illicites de pierres précieuses (diamant et or) dont regorgent cette riche et vaste partie du pays.
LES MERCENAIRES ÉTRANGERS NE DÉSARMERONT PAS ET NE QUITTERONT PAS LA RCA DE LEUR PROPRE GRÉ
On le voit, ces mercenaires étrangers sont devenus des milliardaires à cause des groupes armés qu’ils dirigent en Centrafrique. Patrons d’entreprises criminelles, ils font vivre leurs familles et leurs compatriotes à cause de cela. Le plus naïf est celui qui croit qu’ils peuvent ou qu’ils vont bientôt abandonner leur métier de mercenaire et leur profession de chef de groupe armé à cause des postes de ministres conseillers à la Primature et du maigre salaire lié à cette fonction publique.
Ce serait faire preuve de crétinisme suicidaire que de croire que ces chefs de groupes armés vont renoncer à leur logique de prédation à cause des beaux yeux et des beaux nez d’un démocratiquement élu, fut-il de droit divin, ou des services que leur rend la communauté internationale en les aidant à voyager à l’étranger par avion (et non à pied comme ils ont l’habitude de le faire dans la brousse), de dormir et de manger dans les hôtels de 5 à 6 étoiles à l’extérieur, de serrer les mains des chefs d’Etat et des hautes personnalités étrangères avec leurs mains maculées de sang des Centrafricains, et de balbutier le français qu’ils n’ont jamais appris dans une bonne école…
Cela dit, le DDRR c’est-à-dire l’ensemble des opérations de désarmement, démobilisation, réinsertion et rapatriement des ex-combattants, n’est pas une affaire qui arrange les intérêts des groupes armés dont nous parlons. Car, l’heureux aboutissement du processus DDRR signifie pour ces chefs des groupes armés la fin de leur présence et de leur vie sucrée en Centrafrique, la fin des avantages matériels et financiers qu’ils tirent de leurs activités criminelles en Centrafrique, la fin de leur vie et leur complexe de « grand quelqu’un »… Car, un Ali Darass, Sidiki ou Alkhatim ne peuvent être ni sous-préfets, ni maires, ni conseillers municipaux, ni chefs de villages dans leur pays d’origine. Et d’ailleurs, de tels analphabètes ne peuvent être à la limite que des sentinelles ou des veilleurs dans des magasins privés ou à la mairie de leurs provinces d’origine. Or, en Centrafrique, ils sont des ministres conseillers du Premier ministre avec étonnement du monde entier. Ô ciel !
Au vu de ce qui précède, comment voulez-vous que la guerre et l’insécurité prennent fin dans ce pays lorsqu’on sait que ce sont les expatriés entrepreneurs de la politique de la terre brulée, du chaos et de l’insécurité permanente qui sont nommés à des hautes fonctions d’Etat, tandis que les intellectuels et cadres démocrates nationaux qui ont des niveaux de formation et des compétences de haut niveau et de haute qualité, sont réduits au silence et à leur plus simple expression, et même remis à la disposition de leurs parents pour emploi?
En vérité en vérité je vous le dis Alkhatim, Ali Darass et Abass Sidiki ne désarmeront pas et ne rentreront pas dans leurs pays d’origine de leur propre gré. Le DDRR est pour eux un suicide, et donc un attrape-nigaud. Se désarmer ou s’auto-désarmer, c’est se mettre eux-mêmes la corde au cou. Et tant qu’ils resteront en Centrafrique, ils seront toujours des seigneurs de guerre, c’est-à-dire des chefs de groupes armés à la tête d’une armée de mercenaires et de rebelles étrangers prêts à massacrer les Centrafricains dans l’espoir d’envahir et d’occuper cette terre qui appartient aux compatriotes de Boganda.
Les tueries récurrentes d’Alindao, Mobaye, Zangba, Paoua, Bocaranga, Ngaoundaye, Ippy, Batangafo, Obo, Bakouma, procèdent d’une stratégie et d’une logique dont la finalité est la suivante: maintenir la domination sur les populations centrafricaines et perpétuer l’exploitation des ressources naturelles de la République centrafricaine par des étrangers qui feront des veuves centrafricaines leurs épouses, et des orphelins centrafricains leurs esclaves, pour à la longue gouverner la RCA. Ce n’est donc ni l’accord du 06 février 2019, ni les Décrets de nomination (par ailleurs inconstitutionnels) des bourreaux du peuple et mercenaires étrangers à des hautes fonctions d’Etat, qui feront aboutir le processus DDRR.
Tant que ces chefs de groupes armés qui se prennent pour des nouveaux colonisateurs n’auront pas eu ou senti en face d’eux des Centrafricains patriotes et aguerris au métier d’armes pour leur faire mordre de la poussière et leur faire prendre la poudre d’escampette comme l’équipe Dollè-Waya l’a imposé à Baba-Laddé et Ali Darass en 2011 à Kaga-Bandoro, on aura beau organisé des élections à la sauvette pour tromper l’Occident impérialiste que la RCA est dans la démocratie alors qu’elle est toujours occupée par des forces étrangères à travers des bandits qui ont pour noms Ali Darass, Alkhatim et Sidiki de triste mémoire. Et il n’y aura jamais un pays uni et pacifié. Le compatriote Maurice Lenga de la CRPS nous aurait déjà prévenus: « Le DDRR est un leurre. Seul un revirement des rapports de force au profit de nos forces armées (FACA) permettrait de venir à bout des voyous et bandits de grand chemin. Il n’y a plus de choix. Les puissances occidentales au premier rang desquelles la France doivent nous aider militairement à vaincre les vélléités guerrières de ces mercenaires étrangers. Et je me demande: que font nos nombreux généraux? Que font les gendarmes, policiers, douaniers, préposés des eaux et forêts et les autres forces paramilitaires? Que faisons-nous de notre pays, chers compatriotes? Je demande à nos autorités de prendre du recul et de relever ceux des terroristes nommés à des emplois publics au sein de nos institutions».
Le président centrafricain doit cesser d’être naïf en croyant que les mercenaires étrangers avec qui il s’est permis de signer le fameux Accord de Bangui/Khartoum le 06 février 2019 sont des saints qui vont respecter leurs engagements et faire renaître l’espoir de vie en Centrafrique. Les observations du compatriote Valentin Nebanga vont dans ce sens: «De ces figures, qui est Centrafricain? Je n’en vois pas. Mais, comment croire qu’ils se rendent facilement de piller pour se réarmer et résister en suite»?
Le président Touadéra n’a cessé de dire que sa méthode est la bonne voire la meilleure, que l’accord de Khartoum/Bangui est le meilleur de l’histoire de la RCA parce qu’il n’a pas prévu l’impunité ni l’amnistie. Mais, qu’attend-t-il au nom de cet accord qu’il aime tant vanter pour demander au Procureur et à la Minusca de procéder à l’arrestation de Sidiki pour les crimes commis par son groupe armé dans les villages Lemouna, Koundjili et Bohong en mai 2019? La population centrafricaine est scandalisée et très fâchée que Sidiki ne soit toujours pas arrêté plus de 2 mois après les crimes de Paoua et Bocaranga, alors qu’un simple porte-parole de la société civile centrafricaine sans arme a été arrêté pour le simple fait d’avoir osé demander de l’eau pour la population qui en souffrait du manque. Entre la patriote centrafricain Paul-Crescent Beninga et le mercenaire peulh camerounais Abbas Sidiki, lequel devrait sentir la colère du chef de l’Etat et du parquet? Faut-il faire comme Sidiki, Ali Darass, Alkhatim et autres pour être libres et respectés par les autorités judiciaires et politiques du pays? Si oui, on serait alors dans le «merveilleux pays des paradoxes et des records négatifs», comme aimait à le dire Maître Zarambaud Assingambi de son vivant.
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