Les auteurs présumés du massacre de Paoua, qui avait coûté la vie à 46 civils le 21 mai, seront traduits devant la Cour pénale spéciale (CPS), créée pour juger les auteurs de violations graves des droits humains en Centrafrique, a annoncé mardi le procureur général de la cour d’appel de Bangui, Eric Didier Tambo.
Lundi, le parquet général de Bangui avait transmis le dossier à la CPS et déféré les trois suspects auprès du procureur de la CPS. «C’est un crime de masse qui relève de la compétence de cette cour», a indiqué à l’AFP le procureur général Tambo.
Le 21 mai, des éléments du groupe armé 3R (Retour, réclamation, réconciliation) avaient lancé une série d’attaques contre la ville de Paoua, située dans le nord du pays. 46 civils avaient été tués dans ces attaques, selon l’ONG Human Rights Watch (HRW). Après un ultimatum de la mission de l’ONU (Minusca) et du gouvernement centrafricain au leader du groupe 3R, Sidiki Abass (aussi connu sous le nom de Bi Sidi Souleymane), trois coupables présumés avaient été livrés par le groupe aux autorités judiciaires du pays.
A ce jour, ces trois suspects sont les seuls mis en cause dans l’affaire. Mais l’enquête de la CPS pourrait remonter jusqu’au leader des 3R, selon une source proche du dossier. Un rapport de HRW publié le 18 juillet avait en effet souligné la responsabilité de Sidiki Abass dans les attaques de Paoua.
Le chef des 3R avait été nommé «conseiller spécial militaire» auprès du premier ministre après la signature, le 6 février, d’un accord de paix entre le gouvernement et 14 groupes armés qui contrôlent une grande partie de la Centrafrique.
En juin, le ministre de la justice Flavien Mbata avait rappelé que l’accord de Khartoum «ne limite pas les compétences de la CPS». Jusqu’à cette annonce, aucune information n’avait filtré sur le contenu des dossiers instruits par la CPS, créée par décret en 2015, inaugurée en octobre 2018 et composée de juges nationaux et internationaux.
Huit mois après son inauguration, la CPS a instruit quatre dossiers. Trois autres font l’objet d’une enquête préliminaire. Au total, 27 plaintes ont été déposées. La Centrafrique est déchirée par de fortes violences depuis le renversement en 2013 du président François Bozizé. Les civils sont particulièrement vulnérables aux attaques des groupes armés, et près d’un quart des 4,5 millions d’habitants ont fui leur domicile.