La République centrafricaine célèbre demain, dimanche, la Tabaski ou l’Aid-el-Kébir, une fête placée cette année sous le sceau de la cohésion sociale grâce au retour progressif de la paix noté dans ce pays, longtemps déchiré par les exactions des milices armées.
Img : Centrafrique : la Tabaski fêtée dimanche sur fond de cohésion sociale
Signe de cette cohabitation pacifique, Juliana, une chrétienne vivant à Bangui, a confié à APA qu’elle a été invitée par son ami musulman, Ibrahim, à aller passer la fête chez lui, en famille. Tout à la joie d’honorer cette invitation, Juliana confirme qu’elle se rendra bien, demain dimanche, au Km5, le quartier musulman de Bangui où habite son ami.
Ce faisant, souligne-t-elle dans un sourire, elle va honorer le copieux repas qui sera cuisiné avec la viande du mouton acheté par Ibrahim.
Pour Juliana comme pour beaucoup de Centrafricains conviés par leurs amis, connaissances et collègues musulmans à passer la Tabaski avec eux, il y a tout lieu de prier pour que perdure cette coexistence pacifique qui avait presque disparu à Bangui et partout ailleurs en Centrafrique.
Les violences perpétrées par les milices sur fond de rivalités ethnico-religieuses avaient instauré entre les Centrafricains une méfiance telle que, dans un passé récent, pareille convivialité était impensable.
Ainsi, la Tabaski de cette année promet d’être belle dans la mesure où, selon plusieurs voix autorisées, sept musulmans sur 10 ont déjà acheté un bélier ou vont le faire pour commémorer le geste d’Abraham. Les musulmans représentent 10 pour cent de la population centrafricaine, estimée à 4,659 millions d’habitants.
Au marché de Béa Rex, situé au quartier KM5, on trouve à 24h de la fête les derniers acheteurs s’employant à acquérir le mouton désiré.
Si Khalil Abdoulaziz a mis peu de temps pour se payer une belle bête, il en est allé autrement pour Hassan Nour, fonctionnaire de son état. Après avoir longuement marchandé un bélier pour 60.000 FCFA, il s’est heurté au refus du vendeur qui exigeait 10.000 FCFA de plus. En désespoir de cause, Hassan a appelé au téléphone sa femme pour qu’elle vienne le trouver au foirail avec le complément du prix du mouton.
Une fois le bélier acheté, le couple a affrété un taxi, avant de se diriger vers son domicile situé au quartier Lakouanga.
Pour Djamal, son souci n’est pas le prix de l’animal mais sa propreté. En examinant un à un les moutons que lui proposent à la criée les vendeurs, il explique qu’il lui faut un animal bien propre pour ne pas se salir les mains en l’égorgeant ou d'avoir a l’asperger constamment d’eau durant le dépeçage.
Selon le vendeur, Abdou, les exigences de certains acheteurs n’enlèvent en rien les bonnes affaires que lui et ses collègues sont en train de réaliser. « Les bêtes se vendent comme des petits pains et nous sommes obligés de faire recours aux éleveurs en province pour de nouvelles livraisons », déclare-t-il, le sourire aux lèvres.
Interrogé sur le pourquoi de la cherté de certaines bêtes, d’après quelques musulmans rencontrés, il a indexé le coût du transport des moutons, des provinces à Bangui, la capitale.
Au motif que le convoiement des bœufs est plus rentable, les transporteurs « surfacturent » leurs prix quand il s’agit de moutons, explique-t-il.