Enfin ! Un Iliouchine atterrit à l’aéroport de Bangui M’Poko ce mercredi 14 août, quelle surprise ! Cet avion-cargo en provenance de la Russie marque le premier arrivage de la deuxième livraison d’armes tant attendue et surtout tant annoncée par les russes eux mêmes depuis le mois de mai dernier. Et cette première noria a été suivie par une seconde dès le dimanche 18 août. La partie russe parait dorénavant encline à assurer les six (6) convois annoncés pour transporter l’intégralité de l’armement promis, depuis la vallée de la Volga jusqu’aux rives de l’Oubangui. Les Centrafricains auront donc attendu près de vingt (20) mois depuis la précédente livraison, qui remonte à janvier 2018. Et surtout, trois (3) mois d’attente se sont écoulés depuis l’annonce de cette livraison par les autorités locales russes jusqu’au déchargement des premières caisses sur le tarmac de l’aéroport de Bangui. Car cette échéance a sans cesse été décalée depuis le mois de mai.
Que s’est-il passé depuis la première annonce jusqu’au jour de la livraison ?
Cela laisse planer le doute sur les contreparties qui ont été négociées en coulisse. La position de l’ambassade Russe sur le sujet laisse perplexe : il y a eu des « problèmes logistiques et techniques qui ont retardé la livraison ».
Bien sûr, tout un chacun ne peut que se réjouir de l’arrivée de ces équipements qui contribueront à améliorer la capacité opérationnelle des FACA, en complément des armes fournies par les autres partenaires internationaux de la Centrafrique et en complément des formations dispensées par la mission européenne EUTM.
Mais ne danseraient-ils pas plus vite que la musique ? Car il reste toutefois à clarifier le contenu réel des caisses et la nature des équipements déchargés des avions. S’agira-t-il uniquement de matériel destiné aux FACA ? Le volume paraît considérable pour de seuls fusils d’assaut, ne prenons pas les fils et filles de Centrafrique pour des imbéciles …
De même, le Centrafricain n’est pas dupe et la lenteur de cette livraison ne peut le faire que s’interroger sur les contreparties qui ont été exigées par la Russie en échange de cette nouvelle livraison d’armes soi-disant “gratuite”. Veulent-ils encore des concessions d’exploration minière pour de l’or ou des diamants ? N’en n’ont ’ils pas déjà assez ? Que veulent-ils d’autres ?
Les observateurs avisés de la diplomatie centrafricaine auront noté que cette livraison arrive toutes justes trois (3) semaines après que la Centrafrique est devenue le 14ème Etat à révoquer la reconnaissance de la république autoproclamée du Kosovo. Peut-on s’interdire de faire un rapprochement entre cette annonce et le déblocage de la livraison d’armes ? La gratuité n’existe pas en Centrafrique et encore moins chez les fils de la Volga. Tout se paye. En plus des ressources naturelles qu’il convoite avidement, l’ours russe exigerait-il du lion de la Centrafrique qu’il s’engage à ses côtés sur le plan diplomatique en échange de son aide “gratuite” ?