Humiliée lors du XVème sommet de la francophonie tenu à Dakar au Sénégal, la République centrafricaine qui n’est pas représentée doit poser maintenant les jalons de la sangöphonie. Puisque c’était un forum politique exclusif avec, comme toile de fond, ce que le candidat mauricien Jean Claude de L’Estrac appelle la trahison. Selon l’un des candidats déçus pour succéder au sénégalais Abdou DIOUF, la canadienne Michaëlle Jean serait imposée par la complicité des présidents François HOLLANDE et Macky SALL. Au lieu de respecter la Charte de l’Organisation, les deux pays qui sont souvent cités pour exemple de la démocratie en Europe et en Afrique ont donné le mauvais exemple en foulant aux pieds la règle de l’art. Selon le mauricien qui a accordé une interview à Jeune Afrique, « l’on ne peut pas prétendre promouvoir dans l’espace francophone et utiliser les méthodes despotiques à l’ancienne pour imposer un candidat suite à des tractations secrètes ». L’article 6 de la Charte de l’Organisation aurait dû être suivi à la lettre pour faire preuve de la transparence et de la crédibilité du sommet. Il va sans dire que le truquage électoral provient de la pression faite par le président français François HOLLANDE sur les présidents africains qui ont quitté le sommet sur la pointe des pieds. Il a été suivi honteusement par le président sénégalais Macky SALL pour que les présidents africains retirent la candidature de leurs candidats respectifs. Ce faisant, les africains ne voient pas de bon œil l’acte inadmissible posé par le président français qui n’a pas proposé un candidat à cette élection transformée en voie nominative du nouveau Secrétaire Général de la francophonie. Il en aurait d’autre donne si les chefs d’Etat et de gouvernement n’ont pas fléchi devant l’imposition complotée pour choisir la canadienne. L’exercice électoral que recommande la Charte de la francophonie est en perte de sens.
Etant dans tous ses états après avoir perdu la bataille pour le fauteuil de Secrétariat Général de la Francophonie qui devrait encore revenir en Afrique compte tenu des profils des quatre candidats africains et des stratégies à mettre en place pour redimensionner la francophonie, et surtout l’entente s’il y en avait eu sein des pays africains francophones, le candidat mauricien a en plus dénoncé avec toute sa vigueur l’incompétence inexpliquée et inexplicable des africains et leur faiblesse face à un tel engagement d’envergure.
En effet, les africains sont toujours traînés dans la boue par le spectre de la FranceAfrique qui fait ombrage au sommet de la francophonie. Avec un tel comportement si antidémocratique et non équilibré, comment peut-on envisager faire une francophonie moderne économiquement pour que les intérêts soient bien partagés ? C’est une erreur monumentale qui donne bien le courage aux africains trahis et humiliés de faire chemin à part, dans le Commonwealth ou autre organisation en emboîtant le pas rwandais qui s’est retiré de la francophonie.
En ce qui concerne la République centrafricaine exclue par quel gendarme donneur de leçon on ne sait lors de ce dernier sommet tenu dans le pays hôte, il est temps de mettre en place une plate-forme de la sangöphonie puisque le besoin s’impose pour la vulgarisation de la langue « Sangö » parlée sur toute l’étendue du territoire nationale par les centrafricains d’origine après cinquante-six années « d’indépendance ». Le pays vient de connaître une guerre fratricide intercommunautaire avec la présence des groupes rebelles venus du nord du pays composés des mercenaires tchadiens et soudanais qui l’ont mis dans le chaos.
La République centrafricaine est à sa ènième humiliation d’Etat. L’autre est celle révélée par l’ancien premier ministre centrafricain, Me Nicolas Tiangaye, titrée, « Accablantes révélations… », par corbeaunews.ca. « De tout ce qui s’est passé, j’en appelle à la dignité, au sens de l’honneur des Centrafricains. Il n’y a pas d’exemple dans le monde où un peuple n’a été aussi humilié. Il y a eu deux guerres mondiales, on n’a jamais ramassé les représentants de ces peuples pour les amener et leur imposer des choses comme cela s’est passé à N’Djamena où les membres du Conseil national de transition ont été ramassés, procéder à leur emballage et à leur colisage pour les amener à N’Djamena. ».
Le drame humain provoqué par les hommes politiques centrafricains et étrangers sur le territoire de ce beau pays d’Afrique centrale convoitée pour ses immenses richesses minières, fait de lui un pays isolé, mortellement plongé dans le chaos. Mis sous tutelle onusienne, pour la recherche de sa souveraineté et la restructuration d’un Etat de droit, seule sa culture, l’éducation d’une manière générale et l’enseignement de sa propre langue nationale « le sangö » à la jeunesse scolarisée et aux générations futures fera de lui un pays de très grande valeur linguistique et culturelle respecté sur le continent et dans le monde entier. Il est temps que les élites centrafricains se réveillent et se mettent en synergie pour un Centrafrique nouvel et dynamique ; berceau de la Renaissance africaine.
Pierre INZA