A l’issue d'une visite d’une semaine en République centrafricaine (RCA), la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, Ursula Mueller, a appelé mercredi à financer d’urgence la réponse humanitaire dans le pays, afin de répondre aux besoins de 2,9 millions de Centrafricains.
« J’ai été témoin du niveau de souffrance de la population affectée par cette crise particulièrement complexe. La situation humanitaire dans ce pays continue de se détériorer », a déploré Mme Mueller lors d’une conférence à Bangui, la capitale de la RCA.
« La plupart des personnes déplacées ont été contraintes de fuir à plusieurs reprises et ne peuvent pas rentrer chez elles en raison de l'insécurité persistante et du manque de services essentiels. Les pics de violence dans certaines régions du pays, qui avaient jusqu’à maintenant été épargnées par le conflit, créent de nouveaux déplacements et de nouveaux besoins humanitaires », a expliqué la Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence de l’ONU.
Le nombre de personnes ayant besoin d'assistance humanitaire et de protection est passé de 2,5 millions à 2,9 millions cette année, deux tiers de la population dépend de l'aide humanitaire pour survivre, plus de 70% de la population n'a pas accès à l'eau potable, et 1,8 million de Centrafricains souffrent d'insécurité alimentaire, a précisé Mme Mueller.
Au cours de sa mission, la responsable onusienne s'est rendue à Bria, dans l'est de la République centrafricaine, mais aussi à Alindao et Bangassou, dans le sud-est du pays.
Dans certaines régions, elle a noté une plus grande liberté de circulation de la population et un plus grand accès humanitaire, créant ainsi un nouvel espoir pour les civils.
« Les personnes que j'ai rencontrées ont appelé à un meilleur accès aux services essentiels tels que l'eau, la santé et l'éducation. En ce moment critique, les acteurs du développement doivent mettre en place davantage de programmes, mais les humanitaires doivent également continuer à fournir l’assistance indispensable à la survie des populations affectées », a dit Mme Mueller.
image1170x530cropped.jpgPhoto ONU/ Hervé Serefio | En République centrafricaine, un incident présumé de violence basée sur le genre est signalé toutes les 60 minutes.
Un incident présumé de violence basée sur le genre est signalé toutes les 60 minutes
Des dizaines de femmes touchées par la crise ont partagé avec Mme Mueller les nombreux défis et risques auxquels elles sont confrontées.
« Les témoignages des femmes et des filles touchées par la violence basée sur le genre m'ont consterné et bouleversé. Elles ont un besoin urgent de protection et les survivantes doivent absolument avoir accès à un soutien médical et psychosocial et juridique », a-t-elle déclaré.
En moyenne, un incident présumé de violence basée sur le genre est signalé toutes les 60 minutes en République centrafricaine et 92% des victimes sont des femmes et des filles.
La RCA est l’un des pays les plus dangereux au monde pour les humanitaires
Mme Mueller a également rencontré des acteurs humanitaires qui fournissent une assistance vitale à plus de 750.000 personnes chaque mois.
La RCA est l’un des pays les plus dangereux au monde pour les humanitaires et, jusqu'à présent, cette année, 3 travailleurs humanitaires ont été tués et 26 ont été blessés.
Elle a loué leur dévouement « dans ces conditions particulièrement difficiles » en ligne avec les principes humanitaire d’humanité, d'impartialité, de neutralité et d'indépendance, soulignant que leur seul objectif est d’aider la population affectée.
Au cours de sa visite, Mme Mueller a souligné l’importance cruciale de la protection des civils.
« J'appelle toutes les parties à respecter les obligations qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire et à cesser tout acte de violence à l'encontre des civils, mais aussi envers le personnel et les biens humanitaires. C’est un message que j’ai livré tout au long de ma mission, y compris lors de réunions avec des représentants de groupes armés », a déclaré la Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence. « Les victimes et les survivants, en particulier celles et ceux touchés par les violences sexuelles, doivent pouvoir bénéficier d’une justice équitable, et l'impunité doit cesser pour que cette société puisse se reconstruire ».