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Centrafrique : Joseph Kony, vieux démon de la République centrafricaine

Publié le mercredi 2 octobre 2019  |  letsunami.net
Joseph
© Autre presse par DR
Joseph Kony, chef de l`Armée de résistance du Seigneur (LRA)
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Trente ans après avoir fondé en Ouganda l’Armée de résistance du seigneur, une milice sanguinaire et mystique, son chef demeure insaisissable, naviguant avec ses troupes entre Centrafrique, Soudan du Sud et RDC.

«J’ai passé des années en brousse à guetter chaque signe, à écouter chaque bruit, à scruter chaque détail, chaque fait insolite. Je suis certain de m’être souvent approché de lui et je suis certain qu’il le sait. C’est bien simple, Joseph Kony est insaisissable. Personne ne l’a jamais trouvé parce qu’il applique une stratégie dont nous n’avons jamais cerné l’entière logique, une stratégie qui est toujours restée pour nous comme pour les autres un mystère», explique Moctar Tidjani, ancien préfet du Haut-Mbomou, région voisine du Soudan du Sud et de la république démocratique du Congo située au sud-est de la Centrafrique. L’homme, qui affiche une sérénité incontestable, a rédigé des centaines de pages, réunies dans un lourd dossier, sur la traque de l’un des chefs de guerre les plus recherchés au monde. Depuis plus de trente ans, Joseph Kony dirige d’une main de fer l’Armée de résistance du seigneur, l’une des plus anciennes guérillas d’Afrique. «Quand il doit changer d’endroit, ses combattants commettent d’abord des exactions un peu plus loin, entraînant les forces locales sur leur piste. Il se déplace ensuite discrètement, suivant un sentier parallèle, protégé par ses femmes et ses enfants, sorte de grande famille pitoyable que chacun laisse passer sans suspicion. Aucun d’entre eux n’est autorisé à fumer, boire de l’alcool ou même à se parfumer. Aucune trace, aucune odeur ne doit subsister de ces déplacements. Le vieux chef utilise aussi des bergers, des chasseurs, des pêcheurs pour se dissimuler, jouant sur la peur immense qu’il leur inspire», révèle Moctar Tidjani.

Il est tard cette nuit-là sous le ciel étoilé de Centrafrique, dans un village de brousse à l’extrême est du pays, à deux pas de la frontière avec le Soudan du Sud. Un territoire difficile d’accès, sans route, coupé du monde six mois de l’année à cause de la mousson. Une contrée maudite où la population a faim et où cohabitent des groupes rebelles du Soudan du Sud, des braconniers tchadiens, des commerçants mafieux de Khartoum et des combattants de l’Armée de résistance du seigneur. Si les villageois parviennent à entretenir des relations plus ou moins cordiales avec la plupart de ces groupes, les unités de l’ARS ne sont pas les bienvenues. L’ancien préfet estime que leurs effectifs s’élèvent à environ un millier de personnes, femmes et enfants compris, tous plus misérables les uns que les autres mais continuant malgré tout à semer l’effroi dans la brousse centrafricaine comme dans la forêt profonde du Congo ou au Soudan du Sud. «Une fuite en avant permanente et insaisissable», insiste-t-il.

Pouvoirs magiques

Au début pourtant, l’Armée de résistance du seigneur était une rébellion ougandaise, lancée à la fin des années 80, en pleine guerre civile. Mais après trente ans, elle se tient toujours debout et a largement débordé les frontières et les enjeux politiques de l’Ouganda. A l’époque, son fondateur, le charismatique Joseph Kony, recherché depuis par la Cour pénale internationale et par les Etats-Unis pour crimes contre l’humanité, entend mettre en place un régime fondamentaliste issu de la Bible et ses dix commandements. Celui auquel ses partisans prêtent des pouvoirs magiques se lance dans un combat perdu d’avance et s’enfonce rapidement dans une violence inouïe : assassinats, viols, rapts d’enfants, destruction de villages. En trois décennies, selon les Nations unies, ses combattants ont fait plus de 100 000 morts et kidnappé entre 60 000 et 80 000 enfants dont ils se sont servis comme chair à canon ou esclaves sexuels, les poussant parfois à liquider leur propre famille, arrachant lèvres, nez, oreilles de leurs prisonniers. « »Nous sommes une seule révolte, nous sommes une seule famille » a toujours été le mot d’ordre de Joseph Kony pour terroriser et embrigader les enfants», affirme Moctar Tidjani. Pourchassée sans merci par les forces ougandaises, l’ARS, loin d’être défaite, va trouver refuge, à la fin des années 90, dans les régions frontalières entre le Soudan, la république démocratique du Congo et la Centrafrique. D’autant que la junte militaire soudanaise lui apporte une aide précieuse, en représailles à l’appui de Kampala à la rébellion sud-soudanaise. L’ARS installe bases et replis logistiques, dont des caches d’armes, sur la frontière soudanaise, sous le regard bienveillant de Khartoum. «Poussé par la misère et les inégalités criantes dans le nord de l’Ouganda, mais surtout enfermé dans ses délires mystiques, Joseph Kony a ouvert un gouffre dont il n’est jamais ressorti et qu’il a étendu à toute la région, semant la peur et la mort bien au-delà de l’Ouganda», dit encore l’ancien fonctionnaire. La Centrafrique devient rapidement une base importante dans l’économie du groupe : trafics d’ivoire, d’or et de pierres précieuses.
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