Un an après le déclenchement de l'opération Sangaris, et deux ans après celui de l'opération Barkhane, le ministre français de la Défense affiche ses objectifs : des transitions politiques réussies et davantage de coopération régionale en matière de sécurité.
C'est un arc de cercle, qui va d'Atar en Mauritanie à Bangui en Centrafrique, sur la courbe duquel sont disséminés quelque cinq mille soldats français répartis en deux opérations distinctes, dont on marque en cette fin d'année le double anniversaire : Sangaris (un an) et Barkhane (ex-Serval, bientôt deux ans). Sur le nom des fortins, des points d'appui, des massifs montagneux du far north malien, des oasis du Sahara nigérien et des gros villages de la savane centrafricaine, Jean-Yves Le Drian, 67 ans, qui ne connaissait presque rien à l'Afrique avant de devenir le ministre de la Défense de François Hollande, est désormais quasi infaillible.
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Nécessité faisant loi, ce breton chaleureux, socialiste millésimé 74 et franc-maçon tendance "no comment" quand la question lui est posée, a beaucoup et vite appris, à commencer par la psychologie des chefs d'État de la région, qu'il tutoie volontiers et dont il se fait le discret porte-parole auprès de l'Élysée quand ils s'estiment incompris, voire maltraités - ce qui, il faut le reconnaître, est un peu le cas en ce moment.
Ces partenaires indispensables de la France en Afrique, Le Drian devait les revoir pour la plupart à Dakar, les 15 et 16 décembre, en marge du forum sur la sécurité, dans l'organisation duquel il s'est beaucoup impliqué. Quelques heures après être allé accueillir, aux côtés de François Hollande, le dernier otage français libéré, Serge Lazarevic, Jean-Yves Le Drian a reçu J.A. dans son bureau de la rue Saint-Dominique, à Paris. Enrhumé ce matin-là, mais toujours droit dans ses bottes.
jeune afrique : Quels sont les objectifs du forum sur la paix et la sécurité en Afrique, que vous coorganisez à Dakar avec Macky Sall ?
JEAN-YVES LE DRIAN : C'est la concrétisation d'un engagement pris lors du sommet Afrique-France de l'Élysée, il y a un an. Ce sera l'occasion pour des acteurs différents de se rencontrer : des politiques, des autorités militaires, ainsi que des experts, des chercheurs, des responsables économiques et des ONG.
L'ambition est de créer une culture sécuritaire commune en Afrique. En vertu de ce principe, l'élaboration et l'animation du forum ont été confiées à un centre de recherche sénégalais, l'IPS, présidé par l'ancien ministre Cheikh Tidiane Gadio. Il était quand même surprenant qu'il n'y ait pas un lieu de réflexion sur ce que doit être la sécurité de ce continent alors qu'il est le théâtre d'interventions militaires significatives, de conflits violents et que les menaces sont persistantes.
Le but est donc d'en faire un rendez-vous régulier ?
L'impératif sécuritaire doit être considéré par les Africains comme une priorité. À moyen terme, l'objectif est de créer un continuum sécuritaire en Afrique.
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